Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Un village tout près de la frontière suisse, année 1942 - une famille heureuse, dirait-on aujourd'hui : le père est cordonnier, la mère institutrice, quatre enfants dont l'aînée n'a que douze ans. Une jolie maison, un bonheur simple donc envié. Douze ans seulement quand, au matin du 15 août 42, le couple s'éloigne. Ils sont en route pour l'alpage, 2500 mètres de dénivelé, ils sont ensemble pour cette course en montagne, la première pour Louise, une épreuve difficile qu'elle a demandée, exigée malgré les mises en garde de Joseph.
Un de ces textes inoubliables, d'une tendresse extrême et d'une justesse de ton à la hauteur de l'émotion qu'ils diffusent.
Une histoire vraie, un fait divers du Valaisan, racontée dans un beau roman porté par une plume ample et généreuse. Une histoire triste mais une belle histoire.
L'auteur, le livre (208 pages, avril 2024) :
Alexandre Duyck est un reporter et journaliste français qui pour son roman, Avec toi je ne crains rien, s'est inspiré d'un fait divers suisse, dans le canton du Valais : la disparition en montagne du couple Dumoulin en 1942, dont les corps ne seront retrouvés qu'en 2017.
Le canevas :
C'est donc une histoire vraie que nous raconte Alexandre Duyck. Celle d'un couple disparu en montagne : Francine et Marcelin Dumoulin dans la vraie vie, Louise et Joseph Héritier dans le livre.
Un couple suisse de montagnards valaisans partis à l'alpage surveiller quelques vaches. Ils partent pour deux jours laissant leurs quatre enfants au bons soins de leur fille aînée et d'une voisine.
Ce matin du 15 août 1942, ils partent un peu tard et Louise ralentit le pas de son colosse de mari (d'habitude il monte seul, elle a insisté pour l'accompagner).
Une bonne montée (2.500 mètres tout de même) avec la traversée du glacier des Diablerets à près de 3.000 mètres, avant de redescendre sur l'alpage.
Ils partent un peu tard et le mauvais temps va se lever trop vite. L'orage et la neige les prendront au milieu de la dangereuse traversée du glacier.
On ne les reverra jamais. Les secours ne retrouveront personne là-haut.
Le doute même s'installera au fil des mois et des années : auraient-ils choisi de laisser sur place les dettes et les enfants d'une vie trop rude pour partir aux Amériques ou ailleurs ?
À l'été 2017 (ah vive le réchauffement climatique !) le glacier des Diablerets rend les corps momifiés par le gel. Des quatre enfants, il ne reste alors plus que les deux filles, deux petites vieilles qui ont maintenant dépassé les quatre-vingts ans et qui peuvent, enfin, faire le deuil de leurs parents. Des parents dont les corps ont la moitié de leur âge.
Les personnages :
On aime le portrait très fouillé que l'auteur dresse de cette famille de montagnards sur près de trois générations. Un tableau avec les femmes debout au premier plan.
La grand-mère Ernestine, celle qu'on appelle l'américaine, celle qui a quitté une vie trop dure pour partir en Californie vers une vie peut-être encore plus dure, au début du siècle, à l'époque des chercheurs d'or.
Elle reviendra dans la vallée avec dans ses bagages quelques dollars et une fille, Louise.
La mère Louise, que le père Joseph est venu chercher jusque dans son village.
Joseph aurait pu être bûcheron, il fut cordonnier. Louise, instruite par sa mère Ernestine, sera l'institutrice du village, la seule à savoir la langue, à parler sans fautes et sans patois.
Et les enfants, Marguerite l'aînée, à qui Louise transmet le flambeau de l'instruction, puis Suzanne et enfin les deux jumeaux André et Jean.
En 1942, voici quatre orphelins, séparés brutalement et placés dans des familles comme valets dans les fermes ou servantes dans les maisons. Adieu l'instruction et les projets d'avenir.
♥ On aime :
➔ On aime le portrait panoramique de cette famille sur près d'un siècle et trois générations avec les femmes campées au premier plan. Une histoire "rurale" de montagnards à la vie rude.
➔ On aime la prose ample et généreuse d'Alexandre Duyck. de la belle langue, à l'ancienne, aux mots choisis et aux tournures classiques. Une véritable logorrhée qui coule comme un torrent de montagne, un flot continu de mots, un flow musical de phrases, qui pourra peut-être dérouter quelques lecteurs. Mais le bouquin est court et se dévore très vite.
Les Héritier. Famille modèle de ce petit village Suisse. Joseph, cordonnier et propriétaire de vaches qu’il monte voir seul chaque été. Louise, institutrice, intelligente, au caractère bien ferme. Parents aimants de 4 enfants. Le soleil brille pour les Héritier.
Jusqu’à ce 15 août 1942. Louise décide d’accompagner Joseph à l’alpage. Le trajet est dangereux. Il faut traverser le glacier des Diablerets en cette période des orages. Joseph ne peut rien refuser à sa femme. Ils ne reviendront jamais. Faisant de leurs enfants des orphelins.
Quelle émotion ! Alexandre Duyck, grand reporter, a rencontré l’aînée des enfants Héritier. Une vieille dame qui, à 90 ans, pleure lorsqu’elle dit Papa et Maman. Si leurs corps ont été retrouvés en 2018, le glacier a gardé ses secrets. Secrets que l’auteur comble avec délicatesse et justesse.
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