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Anaïs est une jeune femme à la dérive. Certains la disent éteinte. D'autres sans ambition. Les plus cléments la décrivent comme quelqu'un de triste. Quand elle perd successivement son emploi et l'homme qu'elle aimait, elle décide d'en finir et de partir à Limoges, dont on lui a vanté la grisaille. Au fil de ses errances, d'hôtel de luxe en petit appartement loué par une vieille Italienne qui a certes perdu la vue mais pas le goût de la vie, Anaïs va découvrir non pas l'art de panser ses blessures, mais de vivre avec ces fêlures qui font de nous des êtres imparfaits et pourtant si uniques.
Le premier chapitre est très beau, sur la puissance du tatouage, et le moment magique tatoueur / tatoué. Ensuite, on craint pendant quelques chapitres de tomber dans le roman à l'eau de rose, mais que neni ...
Ce roman est bien écrit, bien construit, il nous emmène peu à peu dans le coeur de la dépression d'Anaïs. Les causes pas seulement, mais à la fois l'inutilité et l'extrême importance de l'entourage, les incompréhensions et l'amour lorsqu'il est vraiment profond. Je n'y croyais pas mais j'ai vraiment beaucoup aimé. Ecrit avec beaucoup de grâce et d'humour.
Vendeuse dans un « magasin de casseroles » depuis trois ans, en couple avec Alex, jeune cadre dynamique depuis un peu moins longtemps, Anaïs est une jeune femme effacée, terne, sans ambition, qui se laisse porter par la vie, qui se sent mal dans sa peau sans réellement oser se l’avouer.
A quelques mois d’intervalle, elle est virée de son boulot et larguée par son mec. Double coup de massue pour Anaïs, dont les blessures enfouies se rouvrent soudain, badigeonnées au sel de la perte d’auto-estime et de confiance en elle (dont le niveau n’était déjà pas bien haut).
Dépressive, perdue, se croyant seule au monde, elle décide de partir à Limoges, la « ville où l’on va pour mourir », une ville sans perspectives d’avenir tellement elle est grise, laide, morte. Avant d’en finir, Anaïs décide de dépenser ses économies, et loue un petit appartement à Madame Conti, une vieille dame italienne, veuve et aveugle, mais qui entend bien profiter de la vie jusqu’au bout. A force de se côtoyer, celle-ci parviendra-t-elle à ramener celle-là à la vie ? Et d’autres mains se tendent aussi vers Anaïs, sans doute maladroites, mais généreuses. Celle de Camille, sa grande sœur parfaite, et celle d’Hémon, sorte de neveu de cœur de Madame Conti. Mais le défi est de taille, tant Anaïs creuse son sillon de douleur, se renferme et se ferme aux autres par crainte de les faire souffrir, ou parce qu’elle est convaincue que personne ne pourra la comprendre.
Premier roman de Pauline Harmange, « Aux endroits brisés » est un texte sensible et assez fort, qui nous fait ressentir la souffrance d’Anaïs sans s’enfoncer dans le pathos. Les personnages féminins ont de la consistance, ceux des hommes un peu moins, mais l’ensemble est plutôt réussi. Malgré un thème de départ plutôt sombre, on chemine avec Anaïs, lentement, un pied devant l’autre, vers un peu plus de sérénité, en dépit des brisures. Après tout : heureux les fêlés, car ils laissent passer la lumière.
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