"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
À la fin des années 1960, un ingénieur fonde une ville sur un territoire prétendument vierge. Il a rêvé cette ville intensément, il veut qu'elle change la vie, respecte la nature, invente le futur et fasse advenir tout un monde nouveau. Il la baptise Sophia-Antipolis.Seulement rien ne vieillit plus vite que le futur.Seulement aucun territoire n'est jamais vide de passé.Seulement les rêves, à devenir réels, prennent des tours inattendus.En s'attachant à six personnages fictifs ou réels, en remontant les liens d'amour, de filiation et d'amitié noués autour de Sophia-Antipolis, ce «roman topographique» incarne les histoires irréconciliables d'une cité qui se voulait idéale.
«Des bâtiments naissent et la forêt recule. Les hautes forêts de Sophia-Antipolis, où les feuillages scellaient le ciel, où les sentiers glissaient dans le silence figé d'un autre monde, où on ne voyait, derrière les arbres, que d'autres arbres et d'autres arbres encore, ces forêts s'amenuisent, deviennent interstices, remblais, talus. Des bâtiments naissent et Sophia-Antipolis marche sur ce qu'elle voulait préserver.»
Tout commence par une femme.
Celle-ci s’appelle Sofia.
Issue de la noblesse juive de Kiev à l’époque où Kiev est russe, elle émigre à Berlin lors de la chute du Tsar puis à Paris en 1922 où elle suit des études de littérature. Elle part à Nice ensuite, traverse la méditerranée encore pour finalement revenir à Paris où elle fonde le service de littérature slave à la bibliothèque nationale.
Lors d’une conférence elle rencontre Pierre, un jeune étudiant de l’école Polytechnique. Elle lui raconte sa vie, ses errances surtout. Pierre est touché par l’histoire de cette femme expatriée . Ils se revoient et, malgré leur différence d’âge, tombent amoureux.
C’est à ce moment que l’idée germe dans la tête de Pierre Laffitte : comme Romulus qui a fondé Rome, il souhaite construire une ville, une ville réparatrice, une ville de la sagesse, « une ville du futur contre les atrocités du passé, un ville antidote », une ville qui se nommerait Sophia « quelque chose ». Sophia comme sa femme, comme la sagesse.
En 1960 Pierre signe une tribune dans Le Monde, intitulée « Le Quartier latin des champs » dans laquelle il expose les raisons pour lesquelles une ville dédiée à la sagesse doit être construite près de Paris.
C’est en 1969 que Sophia-Antipolis voit le jour non pas près de Paris mais sur le plateau de la Valbonne, seul espace vierge et non habité susceptible d’accueillir la technopole.
Réellement non habité ? Ce territoire palimpseste abrite pourtant le camp de La Bouillide où vivent des familles de harkis, ces Algériens servant l’armée française lors de la guerre d’Algérie et relégués aux tâches forestières du plateau pour empêcher les incendies. La technopole étant en pleine expansion, ces familles sont finalement priées de quitter la Bouillide pour les HLM de Garbejaïre en 1992.
Une plume poétique pour cette épopée urbanistique, sur l’œuvre d’un homme dont l’utopie est devenue réalité. Mais une réalité remplie de contradictions et d’incertitudes.
Un roman qui n’est pas dépourvu d’émotions et qui réhabilite la mémoire des Harkis qui lèguent une histoire à cette ville sans âme.
J’ai acheté ce roman dont je n’avais jamais entendu parler car j’étais attirée par le titre. J’avoue qu’au tout début de cette lecture, je pensais qu’il s’agissait d’une fiction, je n’avais jamais entendu parler de cette technopole considérée comme la Silicon Valley française.
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