"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Un soir, Clotilde succombe au charme sombre de Louis. La nuit d'amour se transforme en une relation non consentie. Suspectée de l'avoir poussé sous une rame de métro, Clotilde est condamnée à 4 ans de prison. De cette seule nuit d'amour subie, naîtra en prison une petite fille. Ana, abandonnée sous X. Ana refusant avec colère l'adoption, allant de famille d'accueil en famille d'accueil, personnalité attirante et incompréhensible jusqu'au jour où, à 16 ans, elle s'enfuit de son foyer. C'est l'errance dans les rues de Paris, la découverte des violences de la nuit : le squat, la drogue, les risques de viol, l'alcoolisme, de la prostitution. Un texte où les émotions l'emportent, ou la question du consentement est posée. Un livre aussi sur le destin. Une vie peut changer en un instant.
C'est avec plaisir que j'ai découvert l'auteur par l'intermédiaire d'un concours que vous avez organisé sur Facebook et je vous en remercie. J'ai aimé le style, l'histoire triste mais aussi pleine d'espoir de ces deux femmes. Les personnages sont très attachants même s'ils ne vont pas toujours les bons choix ; ce qui arrive dans la vraie vie. Ce roman m'a donné envie de découvrir ce qu'elle a écrit auparavant.
Voilà encore une auteure qui en est à son 13ème roman et dont je n'avais jamais entendu parler; c'est grâce aux lecteurs/trices de ce site dont je lis les chroniques régulièrement que j'ai été attirée vers ce roman et ce fut un coup de cœur.
Dans une première partie, Clotilde, jeune étudiante discrète et réservée de 20 ans, se laisse séduire par un jeune homme qui la viole. Elle découvre qu'elle est enceinte. Lorsqu'elle le rencontre fortuitement dans le métro et qu'il essaye de la retenir, il chute sur les rails et meurt. Condamnée à 3 ans de prison, elle accouche sous X en prison d'une petite fille qu'elle prénomme Ana. La reconstruction sera longue et difficile; elle ne pourra jamais combler le vide laissé par Ana.
La deuxième partie est consacrée à Ana, la rebelle, qui, à 17 ans, fugue d'une famille d'accueil et part à Paris. Elle vit dans la rue et ne survit que grâce aux livres qu'elle chaparde, à l'écriture de courts poèmes et à l'amour de Sam, le chiot recueilli dans une poubelle. Elle garde la tête haute, ne sombre ni dans l'alcool, ni dans la drogue jusqu'à ce que son chien meure, écrasé par une voiture. C'est alors la descente aux enfers avec l'envie d'en finir.
Le destin de la mère et de la fille est-il séparé à jamais? Ana peut-elle retrouver l'envie de vivre?
Les thèmes abordés sont nombreux et d'actualité : le non-consentement, le viol, l'accouchement sous X, l'ASE (aide sociale à l'enfance) présentée positivement, la vie dans la rue; ce dernier thème est particulièrement bien décrit, sans voyeurismes, sans pathos, sans manichéisme et il fait mouche.
Ce roman m'a profondément émue, par le magnifique portrait de ces deux femmes attachantes, confrontées à la violence, à la solitude; l'injustice qui s'abat sur Clotilde donne envie de hurler d'autant qu'au lieu de se sentir victime, Clotilde se sent coupable: coupable d'avoir suivi son violeur dans un hôtel, coupable d'avoir suscité son désir, coupable d'avoir abandonné sa fille. Pourquoi faut-il que la plupart des femmes violées ressente ce sentiment qui les amènent à ne pas porter plainte, à se terrer, à devenir invisible?
Ce roman est un hommage à la littérature, aux livres. C'est ce qui relie les deux femmes à la vie, leur laisse espérer un avenir. Ils aideront Clotilde à survivre à la prison, à reprendre ses études. Ils seront des moments de paix et de lumière pour Ana. L'auteure pousse cet hommage jusqu'à donner à ses chapitres des noms d’œuvres très connues ("Stupeurs et tremblements", "L'écume des jours", "Bonjour Tristesse"....).
Je referme ce roman, émue et bouleversée; j'ai apprécié de le finir sur une note d'émotion et ne pas avoir à subir des pages de remerciements, une mode importée des États-Unis et qui m'agace, la plupart de temps.
Ce roman secoue.
Dès les premières pages, on est scotché et ce jusqu'à la dernière.
Le fond est violent mais la forme et l'écriture sont tout en douceur et délicatesse, tout en finesse et en psychologie.
On suit deux femmes, deux parcours :
Clotilde, dont l'innocence et la jeunesse seront gâchées par une relation non consentie et tout ce qui en découle : la stupéfaction, la remise en cause, la colère, la culpabilité, la grossesse....
"Ce qui aurait pu être une joie, un éclat de vie, ne deviendrait qu'un épouvantable fardeau... Un ogre allait la dévorer de l'intérieur après que son créateur l'eût malmenée, blessée, humiliée."
Et Ana, fruit de cette violence, née sous X, et en refus permanent de l'amour et de l'accueil que pourront lui donner des familles adoptantes puis les foyers d'accueil, et en quête perpétuelle de son identité.
"Cette mère inexistant occupait de toute évidence la place immense que lui avait faite jour après jour les rêves brouillons d'une petite fille, la détresse d'une adolescente rebelle, et les mots ennuagés d'une jeune fille perdue, éperdue."
Ces deux destins sont déchirants.
Au gré des rencontres qu'elles font, elles se construisent, se déconstruisent, s'abiment, se donnent un peu de répit, font confiance puis rejettent...
En tant que lectrice, j'ai été happée par leur histoire, par cette écriture tellement belle, pour décrire tant de rudesse.
Les thèmes abordés dans ce roman sont nombreux et justement traités : le consentement, la quête d'identité, le déni, le pardon, l'amitié, la littérature, la reconstruction de soi...
J'ai été en apnée, me demandant à quel moment Ana trouverait enfin la sérénité.
Ce fut une lecture magnifique et délicate qui m'a beaucoup secouée, beaucoup émue.
C'est sombre mais lumineux à la fois.
C'est très réussi!
« Ana » est un livre touchant et très bien construit. Il commence par nous faire très profondément ressentir la détresse de la mère qui va se retrouver victime des circonstances et des actes d’autrui. Cette position qu’elle n’a pas choisie et qu’elle va devoir porter malgré elle va la faire mourir intérieurement. Une détresse que l’on retrouve par la suite chez sa fille, qui porte en elle l’absence de sa mère. Ce creux qui va occuper toute la place en elle et qui va la consumer pour mieux la détruire. Le lecteur va s’attacher successivement à ces deux héroïnes aux failles si difficile à combler malgré toutes leurs volontés d’aller de l’avant. Cathy Borie compose ici un roman tour à tour émouvant, attendrissant et bouleversant qui ne laissera aucun lecteur indifférent. Un livre qui sonne très juste pour un très beau moment de lecture.
Le sujet de la femme vivant dans la rue est un sujet douloureux assez peu abordé en littérature. Et pourtant, il y aurait de quoi écrire. Cathy Borie l'aborde avec beaucoup de délicatesse et de pudeur. Ana est une jeune femme née sous X, en perpétuelle recherche de cette mère inconnue qui l'a abandonnée. Elle va se heurter à la violence de la rue, traînant ses peurs et ses espoirs de squares en squats jusqu'à l'ultime détresse.
Un texte déchirant qui ouvre les yeux sur la solitude de ceux qui n'ont rien.
Ana, née sous X
Le nouveau roman de Cathy Borie raconte l'histoire d'une jeune fille enceinte après un viol qui va se retrouver incarcérée après le décès de l'agresseur et de sa fille Ana, qu’elle va abandonner à sa naissance.
L'histoire aurait pu être belle, elle va pourtant se transformer en cauchemar. Lorsque Clotilde rencontre Louis à la bibliothèque universitaire, elle le trouve beau et séduisant et il ne faut que quelques jours pour un premier rendez-vous. Une attirance réciproque qui va les mener dans une chambre d'hôtel dès leur seconde soirée ensemble et à... un viol. Malgré les non répétés de Clotilde, le jeune homme la prend sauvagement avant de s'endormir paisiblement.
Le traumatisme est tel qu'elle n'ose plus sortir. Fort heureusement son amie Sophie va lui permettre d'émerger à nouveau. Mais quand, sur le quai du métro, elle recroise Louis, elle ne peut supporter qu'il l'interpelle. D'autant qu'elle a appris qu'elle était enceinte. L'altercation va se terminer tragiquement, Louis étant happé par le métro et succombera à ses blessures.
Clotilde est hospitalisée puis conduite en maison d'arrêt. Dans l'attente de son jugement, elle prend la décision d'accoucher sous X et d'abandonner son enfant, une fille qu'elle ne verra que quelques minutes et qu'elle appellera Ana. De retour dans sa cellule, elle fait une tentative de suicide après avoir laissé un mot. «J'ai l'impression d'avoir raté des bifurcations sur mon chemin, commis des erreurs d’aiguillage, mais tout est tellement flou maintenant, la nuit des images se télescopent, Louis battant des bras et disparaissant dans un fracas diabolique, le bébé Ana aperçu tel un ange qui vole au-dessus de ma vie juste quelques instants, et ma mère, maman, je te rejoins, je fais comme toi, c'est toi qui m'as montré la voie, je comprends seulement aujourd'hui ton geste.» Avec l'aide du directeur qui la pousse à reprendre ses études et lui offre un travail à la bibliothèque, elle va reprendre goût à la vie et préparer sa sortie. Après deux années passées avec son père à Brive-la-Gaillarde, elle va retrouver Paris. Fin de la première partie.
Car la primo-romancière a du souffle. Dans une seconde partie, elle va retracer le parcours d'Ana, sa vie d'orpheline, ses difficultés à se construire, ses multiples galères, mais aussi ses espoirs et ses rêves, dont celui de retrouver sa mère avec laquelle elle partage, sans le savoir, l'amour de la littérature.
Il n'est du reste pas très difficile d'affirmer que cet amour est aussi partagé par Cathy Borie elle-même qui, outre le résumé et les citations des ouvrages que découvrent ses protagonistes a eu la belle idée de sonner à chacun de ses chapitres un titre de livre, formant ainsi une sorte de guide de lecture (voir ci-dessous).
La troisième partie, vous l'aurez compris, sera celle des retrouvailles, mais je vous laisse au plaisir de découvrir par vous-même cet épisode d'intense émotion. En revanche, il me semble intéressant de souligner le parcours éditorial de Cathy Borie et de son manuscrit, car il apporte de l'eau au moulin à ceux qui comme moi entendent défendre le travail des éditeurs. Une première version de son livre est en effet parue en autoédition chez Librinova en avril 2020. Cette nouvelle édition corrigée et parée d'une nouvelle couverture bénéficie du soutien de L'Echelle du Temps, le nom trouvé par Tohubohu et RD pour leurs ouvrages désormais co-édités.
https://urlz.fr/ipSh
Ce roman témoigne de tant de choses....
Comment ne pas être touché et anéanti de la situation de Clotilde? Une simple rencontre à la bibliothèque universitaire va transformer sa vie en cauchemar avant une très lente reconstruction.
Ce récit montre bien la problématique ancestrale et malheureusement terriblement actuelle des victimes de viol : leur solitude face à ce qu'elles ont subi, la peur d'être accusées de l'avoir provoqué, le sentiment de ne pas avoir le droit de le dénoncer...
On constate une nouvelle fois ici les ravages de ces non-dits qui vont engendrer par un cruel jeu de dominos un acte irréversible.
Clotilde va sombrer en apprenant qu'elle est enceinte et un geste malencontreux va la pousser en prison et à l'abandon de son enfant.
Puis, changement de perspective : nous faisons la connaissance d'Ana, la fille de Clotilde.et nous la voyons évoluer dans les méandres des foyers sociaux et des familles d'accueil, jusqu'à la rue.
Encore une fois, l'auteure évoque la théorie de l'effet papillon et déroule le fil des conséquences des choix et des décisions, subis ou non.
Malgré tout, se dessine une conclusion salutaire, qui, si elle ne s'avère pas obligatoirement positive, sera une avancée dans ce destin mère/fille.
Au-delà de la noirceur des thèmes abordés (viol, prison, abandon, enfance ballotée, précarité), Cathy Borie tient à pointer l'importance des rencontres et des mains tendues, même dans les périodes les plus sombres de l'existence.
Cette petite lueur d'espoir qui peut être offerte à chacun, même quand tout semble figé et insurmontable.
Tout commence par une banale rencontre dans une bibliothèque universitaire. le jeu de la séduction, le désir partagé, deux corps qui se trouvent. Clotilde qui dit non. Sans écouter ses protestations, Louis continue de se frayer un passage dans son corps qui est redevenu étroit. Incapable de nommer ce qu'elle vient de subir, Clotilde est comme un animal pris dans un collet. Louis sur le quai, Clotilde le repousse violemment, il perd l'équilibre au moment où le métro arrive dans la station. Être enceinte en prison c'est une chance, on vous soigne mieux que les autres détenus. La seule solution pour ne pas garder le bébé quand il est trop tard pour une IVG, accoucher sous X. Elle lui donne le prénom d'Ana c'est le seul héritage qu'elle lui transmettra.
Ce roman est un véritable coup de coeur, Cathie Borie nous offre un récit violent, mais sans jamais sombrer dans le sordide. Avec sa plume délicate et tout en finesse, elle nous brosse le portrait puissant de deux jeunes femmes qui sont à la dérive. Dans ce livre, tout est écrit avec justesse, sans aucune fausse note, la culpabilité après le viol, l'univers carcéral, les foyers, les familles d'accueil, la galère d'une jeune fille dans la rue. La couverture est très douce et elle correspond bien au récit. J'ai bien aimé l'originalité des titres de chapitres, ce sont les noms de romans célèbres, et ils évoquent parfaitement le contenu qui va suivre. La dernière partie est très émouvante et la fin laisse libre cours à l'imagination du lecteur.
Je remercie Cathy Borie, les éditions de l'Échelle et Babelio de m'avoir permis cette belle rencontre
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