« Les choses ordinaires sont précieuses comme la peau,…on méprise d’autant plus les couleurs ordinaires qu’on sait bien qu’elles cachent autre chose, alors on les arrache, alors on les déchire et quand on se rend compte qu’elles sont la peau du monde, il est déjà trop tard, on est écorché vif....
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« Les choses ordinaires sont précieuses comme la peau,…on méprise d’autant plus les couleurs ordinaires qu’on sait bien qu’elles cachent autre chose, alors on les arrache, alors on les déchire et quand on se rend compte qu’elles sont la peau du monde, il est déjà trop tard, on est écorché vif. »
Ce passage de la page 261 donne assez bien l’atmosphère générale de ce roman.
Plaidoyer pour la cause animale ? Pas seulement, à mon avis, mais aussi, mais plutôt, réflexion sur la position de l’Homme par rapport à l’animal, voire responsabilité de cet Homme en tant que gestionnaire des biens terrestres, et plus exactement adéquation (ou non) de sa consommation et de ces biens.
Des personnages singuliers et singulièrement intéressants habitent ce roman et sont au cœur de situations plus ou moins tragiques ou burlesques qui nous prennent « aux tripes » ( !) Certaines descriptions particulièrement « gores » sont là, je crois, pour nous faire réagir face à l’inacceptable, cet inacceptable qui mène quand même la société de consommation dans laquelle nous nous perdons.
Je dois avouer que j’ai cru, jusqu’à la page 155, abandonner la lecture de ce roman que je trouvais dur, jusqu’à la limite de l’écœurement… et si j’avais cédé à ce premier sentiment, j’aurais manqué l’essentiel. Au milieu de cette fange « notre amitié venait de naître au–dessus de la tourbe du dimanche. »(p.165), l’auteure sait nous faire partager les beaux et grands sentiments des « acteurs » - bipèdes et quadrupèdes confondus- de cette « descente en enfer porcin » !
Ce roman que j’ai donc trouvé d’abord très dur, voire à la limite du supportable, est par ailleurs, fort bien documenté, plus que correctement écrit et en dit long du comportement de l’animal le plus élaboré (selon notre genèse judéo-chrétienne). Je le conseillerais à tout esprit curieux, attentif à son rôle de gestionnaire de la Terre ; je glisserais juste un petit bémol pour les âmes sensibles.