"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Xavier Müller n'est pas seulement écrivain, il est aussi docteur en sciences. Il s'est ici intéressé au thème de l'intelligence animale pour nous proposer ce thriller "hors normes".
Imaginez un monde où les animaux prennent leur revanche sur les êtres humains, un monde où les animaux décuplent leurs talents naturels, un monde où les poulpes géants peuvent du jour au lendemain dominer le monde à la faveur du dérèglement climatique et de la montée des eaux ?
Vous n'aimeriez pas beaucoup ça, j'en suis certaine, car cela ne jouerait pas en notre faveur.
On ne connaît que seulement environ 24% des fonds marins et moins de 5% ont été véritablement explorés, or, bientôt, l'homme sera assez fou pour y creuser à la recherche de minerais précieux (après avoir ravagé la terre, voilà un nouvel espace de jeu pour homo sapiens…) mais, ces modifications des grands fonds pourraient aussi nous impacter plus qu'il ne le faudrait encore.
Dans ce thriller, les céphalopodes utilisent leurs capacités d'adaptation innées - ils sont en effet bien plus adaptés aux changements que nous ne le sommes - et leur intelligence pour résoudre des problèmes complexes : l'homme serait en somme un de ces problèmes à résoudre… puisqu'il détruit son habitat (en même temps que le sien, ce qui est, on en convient, pure folie…).
Ce scénario ferait un très bon film catastrophe, à moins qu'il fasse déjà partie de notre réalité, qui sait…
Kraken
En plein discours lors d’une conférence internationale sur l’intelligence animale, le professeur Pepperberg de l’université du Michigan s’éffondre, pris de convulsions et tombe dans le coma… Il s’apprêtait à révéler de récentes découvertes sur un étrange phénomène : l’augmentation de l’intelligence animale, à un niveau jamais observé. Des preuves affluent de partout dans le monde provoquant d’innombrables questionnements. Dans les Caraïbes, près du fameux triangle des Bermudes, ce sont des pieuvres géantes qui font leur apparition. Pourquoi ces animaux des abysses sont-ils attirés par la surface ? Sont-ils hostiles ? Dangereux ? Que signifient les signaux lumineux qu’ils émettent ? Spécialiste du langage animal, la biologiste Margot Klein est sollicitée par les plus hautes instances pour tenter d’apporter des réponses. Alors que le climat semble totalement déréglé provoquant des inondations jamais vues dans des villes côtières ou bordées par des fleuves (pas de la science fiction, hélas), les pieuvres géantes douées de mimétisme les envahissent…
Après la trilogie Erectus que j’avais beaucoup aimé, je n’ai pu résister à l’attrait de ce nouveau roman signé Xavier Müller et je remercie NetGalley et l’éditeur, XO, de m’avoir permis de le découvrir.
Xavier Müller est un scientifique et ses connaissances alliées à une écriture très cinématographique font de ce roman un vrai page-turner, passionnant à plus d’un titre, notamment car il interroge la place que nous laissons aux animaux dans notre monde actuel. En choisissant un animal peu glamour voire franchement repoussant (qui aime les pieuvres ?!) il n’a clairement pas choisi la voie de la facilité ! Toutefois, les pieuvres disposent de 9 cerveaux (un cerveau central, et un pour chaque tentacule !) : il est facile d’imaginer ce que cela pourrait donner s’ils étaient boostés par une sur-intelligence (dont on découvrira l’origine à la fin du roman). Autre question posée par ce thriller, celle de l’écologie et des dérives de la science mercantilisée.
J’ai passé un très bon moment en compagnie de Margot et des pieuvres, même si je mets un petit bémol sur la fin qui ne m’a pas du tout convaincue.
Un virus s’échappe accidentellement d’un laboratoire sud africain clandestin. Une fois qu’un être vivant est infesté, il régresse de plusieurs millions d’années. Une plante redevient ce qu’elle était à l’aube des temps, un animal retrouve des caractéristiques préhistoriques, et l’homme redevient un homo erectus. L’OMS, alertée, va vite se retrouver devant une pandémie incontrôlable, qui pose rapidement des questions éthiques cruciales : les personnes infectées, redevenant des hommes primitifs, sont-ils toujours des hommes ? Conservent-ils les mêmes droits ? La cohabitation avec cette nouvelle/ancienne branche de l’Humanité est-elle seulement possible ?
Le roman de Xavier Muller, « Erectus », est le premier tome d’une trilogie. Sur le papier, les thrillers traitant de pandémie sont généralement hyper angoissants et celui-ci ne déroge pas à la règle. Les mécanismes d’une pandémie, sa capacité (ou non) à s’étendre en dépit de toutes les mesures de précautions envisageables, le poids des réseaux sociaux dans la pandémie parallèle (celle des « fake news »), les conséquences d’une maladie très transmissibles (confinement, pénurie des biens de consommation…), tout le monde peut aujourd’hui se sentir concerné par le sujet du roman de Xavier Muller. Et la maladie évoquée ici n’a rien à voir avec une grippe ! Les végétaux mutent, les animaux redeviennent sauvages, quant aux humains, ils perdent toute capacité de communication, oublient tout de leur vie d’avant et retrouvent des instincts grégaires (tel le cannibalisme). Et je dois reconnaitre que la première partie, très axée sur l’épidémiologie et ses à côtés, fonctionne très bien. On débute l’intrigue en Afrique du Sud avant de voir la maladie s’étendre, et la science semble démunie, toujours à la traine. Bref, tout cela est très angoissant. Dans sa seconde moitié, le livre s’oriente plus vers des questions éthiques quand au statut des Erectus. Même si c’est bien vu, en dépit de quelques personnages caricaturaux (le délégué russe de l’ONU), l’intérêt du livre faiblit un peu. Le personnage central, une paléontologue française prénommée Anna, traverse tout le roman. Je dois avouer que ses aventures sentimentales, ses problèmes conjugaux puis sa quête (tout à fait louable et très personnelle) pour sauver les Erectus m’ont moins passionné que le fond du roman. Ce n’est pas à mes yeux les aventures de cette jeune française, idéaliste, forcément très belle et très courageuse, foncièrement du côté du Bien qui sont les principaux atouts de « Erectus », c’est charmant mais très attendu. Non, ce qui fonctionne à plein c’est le reste : la pandémie et la petite étude sociologique qui va avec. Quant à savoir si un tel virus est susceptible d’exister, je n’en sais rien, l’auteur nous assure que oui en postface, j’espère qu’il se trompe. La fin peut aussi légèrement décevoir, la « solution » trouvée au problème des Erectus étant plus belle que crédible. Quant à la pirouette de fin, qu’on a vu venir de loin, elle a le mérite d’être cohérente avec le fond du roman : dans la grande aventure de l’Evolution, même dans les pires périodes sur Terre, la vie a toujours trouvé des interstices où se glisser pour ne pas disparaitre.
Lucas s’est installé à Tahiti, il doit sortir de sa retraite, car une nouvelle menace guète l’espèce humaine. Cette fois, le coupable n’est pas un virus, mais une météorite repêchée du fin fond des océans par futurabio responsable de la première pandémie (lire Erectus).
Et si au final tout avait démarré à cause de celle-ci ?
Une histoire à 100 à l’heure afin de sauver l’humanité entière, entre passé et présent nos héros ne vont avoir aucun repos !
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