"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Un roman choisi parce que son auteur est bosniaque et que je vais donc pouvoir cocher une nouvelle nationalité dans le challenge Globe trotter ...
Mais une belle découverte !
Le narrateur,jeune émigré en surpoids, vient d'obtenir un certificat d'aptitude et un emploi-jeunes (oui, à 35 ans) dans une bibliothèque strasbourgeoise.
Mais son rêve, ce qui l'anime c'est de devenir un écrivain français.
On le suit dans ses tentatives d'écriture, dans ses beuveries, ses amours tristes, les salons du livre où personne ne se presse à sa table de dédicaces.
Une belle description de la condition d'émigré, de l'exil, des errances ...
Un bel hommage à la littérature française.
Un ouvrage un peu décousu mais qui se lit d'une traite !
Il y a quelque chose d’assez schizophrène à lire « Le livre des départs » dans une période où l’on ne peut en prendre aucun et d’assez philosophique à s’entendre parler d’exil lorsque c’est dans son propre village que l’on est condamné à se couper des siens. Mais, lorsque c’est Velibor Colic qui évoque le sien, avec toute la force de cet humour qui prouve, s’il en était encore besoin, que ce grand homme de l’Est a fait sienne la langue de sa terre d’accueil, on se dit que cette incongruité en vaut bien une autre, et même qu’elle ne pouvait pas mieux tomber ! Dans cette suite à son « Manuel d’exil », on s’attache aux pas de ce géant aux semelles de vent, de ce Bosniaque errant qui a fait de la langue française son nouveau pays, son chez-lui, au point d’en devenir l’ambassadeur, d’en décrocher le Prix, d’en imprégner les bibliothèques…On le suit, sourire aux lèvres, un sourire ému souvent, dans les méandres de ses réflexions, dans les vapeurs de ses ivresses, dans le cheminement de ses pas de moins en moins perdus dans le hall des gares et des aéroports du monde, et au détour des pages et des mots, on croit entendre rouler et rebondir son bel accent d’homme de là-bas qui offre une dimension nouvelle à la langue d’ici.
http://leslivresdejoelle.blogspot.com/2020/02/le-livre-des-departs-de-velibor-colic.html
" La France n'est pas ma patrie. Mais, régulièrement, elle est mon pays."
Vélibor Colic est un écrivain poète bosniaque réfugié en France depuis 1992. Je l'ai découvert avec son précédent livre "Manuel d'exil" où il racontait son arrivée à Rennes à 28 ans ne connaissant que trois mots de français : Jean, Paul, Sartre. Poète reconnu dans son pays, il avait fui son pays en guerre. Avec " Le livre des départs", deuxième volet de sa trilogie sur exil, il nous livre de nouvelles leçons pour réussir son exil.
Il nous raconte à travers sa propre errance, l'errance des migrants, il se dit "rempli d'un vide, d'un froid métaphysique qui l'habite depuis les premiers jours de son exil". Il raconte avec humour sa découverte de la nourriture française, des fromages dont l'odeur lui évoquait la présence d'un cadavre. Il raconte les différents petits métiers qu'il a exercés pour survivre tout en ambitionnant de devenir français et de devenir un écrivain qui écrit en français, la langue de son exil. Il évoque également son errance auprès de femmes qui prennent beaucoup de place dans ce livre... " Je suis un migrant, un chien mille fois blessé qui sait explorer une ville. Je sors et je fais des cercles autour de mon immeuble. Je renifle les bars et les restaurants " et son chemin vers l'écriture de "Manuel d'exil".
" L'exil est une balance aussi. Mesurer le poids métaphysique de nos gains et de nos pertes."
Avec ce roman d'inspiration autobiographique écrit de 2016 à 2019 j'ai eu plaisir à retrouver l'incomparable humour de Velibor Colic, ce livre comporte quelques passages savoureux notamment quand il se lance dans des listes un peu folles. Mais ce texte n'est pas que léger et fantaisiste, il s'en dégage une profonde solitude, une certaine désespérance. Dans ce livre il est beaucoup question d'alcool ("son airbag entre lui et le monde réel") et des femmes, symboles de son errance. J'ai aimé sa réflexion sur la visibilité de l'étranger, sur le pouvoir de la littérature. J'ai aimé la façon dont il rend le migrant terriblement humain et j'ai été émue par le passage sur son retour au pays et par sa culpabilité de survivant. Contrairement à son précédent livre il s'autorise à nous livrer quelques touches sur son passé en Bosnie avec l'histoire de son frère et le souvenir de ses camarades morts qui le poursuit. Un auteur désabusé dont j'apprécie l'autodérision. Un récit qui m'a plus d'une fois serré le cœur.
"J’ai vingt-huit ans et j’arrive à Rennes avec pour tout bagage trois mots de français – Jean, Paul et Sartre." Ainsi commence le récit du narrateur, qui, après avoir déserté l’armée bosniaque et traversé l’Europe, se retrouve dans un foyer de demandeurs d’asile à Rennes à la fin de l’été 1992, sans argent, sans amis, sans parler le français.Dans un récit fragmentaire, avec humour féroce et ironie pudique, le narrateur écrivain raconte ses premières longues semaines à Rennes, puis l’invitation au Parlement des écrivains de Strasbourg, entre souvenirs du pays quitté et de la guerre qui gronde au loin, entre stratégies pour contenir la faim qui tiraille, entre douleurs de l’exil, entre premiers apprentissages de la langue française (à répéter inlassablement "Où est la poste ? "), entre rêve d’un suicide…
Autobiographie d’une humanité vacillante, entre désespoir et élégance, tout le récit est marqué par les références à la littérature qui sauve (de Tintin à Camus) et par l’écriture dans la langue d’adoption qui reconstruit ("Il me faut apprendre le plus rapidement possible le français. Ainsi ma douleur restera à jamais dans ma langue maternelle."). Le parcours d’un exilé, qui erre hors de sa terre natale, hors de sa langue natale, qui cherche à renaître, au point de reprendre le chemin vers l’Est pour mieux revenir…
Entre saynètes et portraits saisis sur le vif, entre désir et sensualité, c’est aussi le regard d’un exilé sur notre Europe, dans une langue poétique, voire lyrique, où l’humour et la tendresse affleurent pour sous-tendre l’indicible et la douleur, où l’ironie, présente dès le sous-titre, est nécessaire et même salvatrice. Roman hybride et mosaïque, ce Manuel d’exil allie voyage d’un exilé et scènes fictives, destin individuel et mémoire collective, où l’on rit plutôt que d’en pleurer. Une superbe réussite !
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