"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Dans une écriture directe et en seulement 115 pages, Valère Staraselski nous invite à un devoir de mémoire envers le sort des juifs en Pologne (essentiellement sous le régime nazi mais aussi sous le régime communiste).
Une bande de jeune français, avec toute l'insouciance de leur âge, se retrouve confrontée à l'horreur du nazisme à travers le récit d'un
vieil homme. Cette horreur qu'il ne connaissait que par les livres et par le prisme du cinéma, leur apparaît soudain dans sa réalité. Ce n'est plus une histoire, ce n'est plus un film de Spielberg, c'est la vie de cet homme.
Durant cette lecture, j'ai trouvé la première partie un peu légère et inconséquente mais avec un peu de recul, je pense que cette apparente frivolité est une vraie volonté de l'auteur afin de contrebalancer avec la profondeur de la seconde partie du livre.
Un récit poignant.
Les journées de Marijke sont bien remplies : Madame Van de Velde, sa patronne, la sollicite sans cesse pour laver, nettoyer, astiquer, dépoussiérer la belle maison où Marijke est servante. La fillette de 11 ans n'a guère le temps de rêver ! Jusqu'à ce qu'une étrange graine qu'elle a plantée se transforme en arbre. Dès qu'elle peut disposer d'un instant de liberté, Marijke escalade les branches pour découvrir ce qui se passe au-delà des murs du jardin. C'est ainsi qu'elle voit le passage des saisons, les travaux des hommes et les jeux des enfants. Dans ce monde auquel elle n'appartient pas encore, elle aperçoit Gerlof qui lui promet de faire son portrait et lui offre un ruban bleu et une perle en gage d'amour éternel. Mais l'arbre se fane et passe le temps...
Toute en délicatesse, l'histoire convoque subtilement l'image de la "Jeune Fille à la perle" de Vermeer et offre un superbe voyage à l'intérieur des tableaux de l'école flamande. Les mots de Valère Staraselski épousent comme des enluminures les superbes illustrations d'Anne Buguet. Chaque page s'ouvre sur une merveille de couleurs chatoyantes, de formes douces, de textures soyeuses, de décors saisissants. L'oeil s'attarde sur les détails délicieux, reconnaît les indices subtilement disséminés qui incitent à redécouvrir les oeuvres dont ils sont extraits. Ici les mules et le chien des "époux Arnolfini", là l'arbre hivernal et les corbeaux du "Paysage d'hiver avec patineurs", plus loin c'est la composition de la "Femme lisant une lettre" qui est rappelée. Ce jeu de références picturales aiguise le regard et agit comme une véritable rencontre avec les personnages qui figurent sur les toiles des musées.
Récit et illustrations se complètent, se répondent et s'enrichissent mutuellement sans jamais enfermer la lecture dans une interprétation univoque. L'album devient ainsi la magnifique métaphore du pouvoir de l'art, de la nature et de l'amour qui ouvrent les portes de la connaissance pour faire naître au monde. A l'élégance et à la richesse des images répondent celles de l'écriture, si souple, si fluide, qu'elle sait suggérer les contrastes entre l'insouciance de l'au-delà du mur et la stricte obéissance à l'intérieur de la maison.
"La jeune fille au ruban" est un album de grâce et d'harmonie que je ne me lasse pas de lire, de feuilleter en y retrouvant à chaque fois le même émerveillement. L'imaginaire est sans cesse sollicité et s'appuie sur un réseau fertile de références complices vers d'autres oeuvres. Un album d'une richesse inépuisable qui me fait ardemment souhaiter que soit aussi publiée "La rose de Mantoue", fruit d'une nouvelle collaboration entre Anne Buguet et Valère Staraselski.
Valère Staraselski est décidément un auteur qui compte et comptera !
Il nous rappelle ici l'un des terribles moments, peu connu, de notre histoire et captive par un langage d'une extrême sensibilité en bouleversant et provoquant compassion et retour en soi pour une réflexion profonde.
Ce roman est émouvant, captivant. Valère Staraselski a l'art de conter. Il dit "Ecrire, c'est célébrer la vie". Le lire c'est se cultiver. Le Parlement des cigognes est à lire et à offrir.
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