"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Ugo Bienvenu passe au scanner nos sociétés "modernes" : technologiques, déshumanisées, aux grandes solitudes affectives ; en imaginant de possibles sociétés distopiques où les robots peuvent d'ailleurs avoir des comportements plus humanisés que certains bipèdes hominidés ...
... avec "Préférence Système" c'était ce robot porteur de foetus qui élève en secret une (sa) fille en lui transférant / transmettant, dans sa mémoire d'humaine, des poésies et oeuvres de références (notamment de films, et plus particulièrement de "2001 odyssé de l'espace"), sauvées par son père humain des nettoyages de fichiers pour libérer des espaces mémoires dans les datacenters.
... avec Total c'est le robbot qui s'est engagé dans une recherche sur la problématique du néant (dont l'aboutissement donnera des idées à Kirt Dorell pour se faire encore plus d'argent) ...
"Total" est cru (dans les relations amoureuses et sexuelles notamment), cynique et percutant (avec une utilisation parfaite du verbatim capitaliste), entier sans réelles limites (n'est-il pas singulier ce psy qui devient fou lorsqu'il n'a plus de patient à écouter et qui ne supporte plus les vêtements : cette phobie se traduisant par le choix de vivre nu) et revisitant des classiques (la recherche de la création de la partenaire idéale éperdument amoureuse de la première personne qu'elle verra à son éveil).
Total n'est pas totalement désepéré. Si Kirt Dorell vit (plus ou moins mal) par (et de) ses obsessions d'accumulateur capitaliste, notre psy nous ramène vers un paradis perdu des origines (nature, nudité et amour).
Hugo est vraiment Bienvenu dans l'univers du roman graphique ; d'autant que la forme alimente de façon subtile, efficace et maitrisée ces univers si loins / si proches.
Kirt Dorell est un homme d'affaires comme on les imagine dans les pires films sur la finance. Cynique, doué, toujours un coup d'avance et surtout c'est un homme qui a du pouvoir. Il ne sait pas rester sans rien faire. Ce qui l'intéresse, c'est aller plus loin et pousser SON concept du "Fair Trade" (qui est bien différent de l'approche du commerce équitable que l'on connaît) pour GAGNER encore plus. Il dévore, la vie, le monde, son ex-femme, sa nouvelle compagne et entraîne avec lui son psy qui est accro à ses confessions. Kirt c'est un gagnant et quand il tombe, c'est pour revenir ou redevenir plus fort après....
Après "Sukkwan island", je continue avec la dernière création d'Ugo Bienvenu qui, à l'origine, a été publiée en deux parties dans sa maison d'édition "Réalistes" . La première partie s'appelait "Premium +" , la seconde "Développement durable" et l'ensemble est une critique de l'économie et de ceux qui la font. Mais à travers ce titre "Premium +" il se moque aussi des astuces marketing visant à nous faire croire que nous sommes nous les acheteurs, les gagnants... Ces deux parties sont donc regroupées et éditées chez Denoël Graphic avec un format plus grand et une couverture en "OR" ... Alors je pose la question, Ugo : cette version n'est-elle pas quelque part une version "Prémium +" de tes deux ouvrages ? Hormis cette question que je pose le sourire aux lèvres comme Kirt sur la couverture, je suis totalement FAN de l'objet, de son contenu, de son approche, de son graphisme et de l'auteur.
Alors oui c'est immoral, oui Kirt est détestable, mais c'est tellement bon. Ugo Bienvenu est un touche à tout (Animation, BD...) boulimique de la création qui ne sait pas rester sans rien faire et c'est une aubaine pour nous lecteurs. J'ai pris un énorme plaisir à détester/aimer cet homme alors n'hésitez pas c'est une grande réussite, même si l'ouvrage est petit par sa taille.
Sukkwan Island, une île isolée, un père à la dérive propose à son enfant de treize ans de venir passer une année entière, dans une cabane spartiate, sous prétexte d'un rapprochement père fils. Très vite, la solitude, l'isolement et les conditions de vie difficiles rendent la cohabitation particulièrement compliquée pour le jeune garçon comme pour son père qui dysfonctionne de plus en plus...
Sukkwan Island est à l'origine un roman court de David Vann publié dans un recueil de nouvelles. En France Gallmeister a publié ce texte indépendamment. Il a eu un succès immédiat avec plus de 220 000 exemplaires vendus. Il a même reçu le prix Médicis étranger en 2010. Ugo Bienvenu l'a adapté en 2014 alors qu'il n'avait que 25 ans. Vingt-cinq ans, mais quelle maturité, quel talent, pour une histoire aussi forte, aussi dure et aussi intense. Dès le début du récit, on ressent la tension et elle s'intensifie page après page. Le magnifique dessin en noir et blanc participe grandement à cette impression pesante et inquiétante.
Quelle claque !!! Quelle force !!! Quelle tension !!! Cet ouvrage a été réédité en octobre 2011 avec une nouvelle couverture et il méritait bien d'être remis sur le devant de la scène. Si vous aimez les thrillers psychologiques et les huis clos, foncez il est fait pour pour vous sans aucun doute. N'attendez pas qu'il soit trop tard..
Depuis la lecture de « Préférence système », j’avais très envie de retrouver Ugo Bienvenu … Le voici de retour avec ce livre, tout petit format, 376 pages à la belle couv dorée et énigmatique.
Kirt Dorell en est le personnage central, l’homme le plus riche du monde déjà mis en scène par l’auteur dans 2 histoires éditées chez « Réalistes » sa maison d’édition, est un peu la caricature d’un monde qui nous échappe, d’un système effrayant et attirant en même temps…
Dans ce petit livre, avec le plus souvent 2 cases par page, on retrouve l’univers d’Ugo Bienvenu : des robots, du sexe, des personnages humains complexes poussés à l’extrême, d’autres carrément étranges comme ce psy qui consulte nu… Le tout dans un dessin vintage qui nous place dans un futur proche dérangeant et inquiétant.
Ce conte de science-fiction est bien sûr un prétexte pour nous faire réfléchir sur notre condition d’humain, sur nos valeurs mouvantes, sur notre part d’humanité malgré tout… Kirt a tout mais il ne va pas bien, il consulte un psy, il ne sait pas qui aimer, il ne cherche qu’à amasser toujours plus d’argent, bricole un robot Picsou mais reste à la merci d’un coup bas, d’une traitrise… Tout peut s’effondrer.
Au final, sans l’émotion de « Préférence système », j’ai pris plaisir à retrouver l’univers d’Ugo Bienvenu. Un univers qui questionne, qui gratte là où il faut et ça fait du bien !
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !