"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Inspirée par l’exercice qu’une professeure d’histoire de l’art propose à ses étudiants (observer un tableau pendant trois heures), Ruth Ozeki a décidé de s’asseoir face à un miroir et d’étudier son propre visage pendant trois heures.
Cette expérience intime et contemplative, sans narcissisme ni complaisance, fait remonter des souvenirs à la surface, liés à son identité multiple. Car Ruth Ozeki est née aux USA d’un père américain, chrétien conservateur, et d’une mère japonaise, bouddhiste zen, dix ans après la fin de la deuxième guerre mondiale et l’humiliation du Japon. Depuis l’enfance, son visage reflète ce mélange des origines, ce qui lui a valu des réactions diverses, de l’innocente curiosité au racisme.
Avec beaucoup d’humanité et de sérénité, et une pointe d’humour, Ruth Ozeki s’interroge dans ce très beau texte méditatif sur le regard, la transmission, l’humanité et le temps qui passe.
Une expérience qui amène Ruth Ozeki à moins d’exigence, et davantage de bienveillance, envers elle-même. Une expérience à tenter par chacun.e?
« Mon visage est à la fois moi et pas moi. Il me plaît. Il y a beaucoup de monde dedans. Mes parents, mes grands-parents, et toute la chaîne des générations qui se sont succédé au fil du temps depuis mes premiers ancêtres – tout ce processus d’itération est là, dans mon visage, comme aussi toutes les personnes qui ont un jour posé le regard sur moi. L’ombre et la lumière sont là également, les joies, les angoisses, les peines, la vanité, les rires. Le soleil, la pluie, le vent, les coups de manche à balai et les grilles en fer forgé qui ont marqué mon visage de rides, de cicatrices, de plis – tout est là. »
En partenariat avec les Editions Belfond via Netgalley.
#RuthOzeki #NetGalleyFrance
Le Temps d’un visage est une méditation en pleine conscience dont le point d’ancrage est le visage du méditant. C’est à cet exercice que se consacre l’autrice du roman « Le Fardeau tranquille des choses ». Pour qui a apprécié la lecture de ce roman, et j’en suis, cette édition est l’occasion de faire connaissance avec Ruth Ozeki, puisque l’évocation de chaque élément de ce visage examiné dans un miroir est aussi l’occasion, en s’appuyant sur les ressemblances , de revenir sur l’histoire de la famille issue d’une union entre un américain originaire du Yorkshire anglais et une japonaise.
Il est sans aucun doute préférable d’avoir découvert l’univers littéraire de Ruth Ozeki pour apprécier le texte, comme souvent les romans marquants donnent encore d’en savoir plus sur l’auteur.
Malgré tout les notions historiques qui sont évoquées en regard de l’histoire personnelle ne sont pas dénuées d’intérêt .
Une lecture plaisante et riche d’informations sur l’histoire vraie de cette autrice que j’apprécie beaucoup.
128 pages Belfond 11 avril 2024
#RuthOzeki #NetGalleyFrance
Gros coup de coeur pour ce roman américain, qui réunit tout ce qui me séduit en littérature !
La parole est donnée à ceux qui se taisent : les objets qui nous entourant, le livre que nous tenons sont conviés à livrer leurs pensées les plus intimes. Personnages à part entière, ils soutiennent le discours parfois délirant de Benny, cet ado qui ne parvient à masquer son mal-être et subit ainsi les humiliations de ses pairs, qui agissent en se conformant au comportement animal qui bien souvent consiste à éliminer les plus faibles de la cohorte.
Et pourtant, on l’adore ce personnage, qui a, à quatorze ans, déjà vécu de sombres drames, et qui lutte pour ne pas se laisser envahir par ces voix chorales issues de tous les objets qui l’entourent, de ses peluches à ses chaussures !
Quant à Annabelle, sa mère, bien éprouvée elle aussi par la perte de son mari et rattrapée par la précarité induite par la politique de notre système, que d’empathie elle suscite et combien on souhaiterait que la vie lui sourie à nouveau !
La poésie improvisée s’invite au cours des pages mais une place originale est aussi réservée à des extraits de la bible du rangement de Marie Kondo, devenue nonne bouddhiste. Pourra-t-elle venir en aide à Annabelle, noyée au coeur d’une accumulation monstrueuse, au point d’être menacée d’expulsion ?
Le roman est aussi un hommage rendu à la littérature et aux pouvoirs des mots, ainsi qu’aux lieux qui les abritent dans le calme feutré ambiant qui les caractérise, ces temples du savoir que sont les bibliothèques.
Bien d‘autres facettes de notre façon de vivre et de consommer sont abordées tout au long de ce roman foisonnant : la consommation, les limites de la psychiatrie, le racisme …
Les quelques 600 pages défilent à toute vitesse, pour un grand bonheur de lecture. C’est une découverte de cette autrice que je ne connaissais pas. A suivre de près !
Merci à Netgalley et aux éditions Belfond.
592 pages Belfond 6 avril 2023
Traduction (Anglais) : Sarah Tardy
#RuthOzeki #NetGalleyFrance
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