"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Chronique de la page 80
Les explorateurs de la rentrée littéraire
La rentrée littéraire des explorateurs est pleine de surprises ! Comme ce roman de 1947, d’un auteur ayant été lauréat du prix Goncourt en …1921 ! Réédité cette année, il fait donc partie des parutions de la rentrée 2021 !
C’est un décor morose, Bordeaux sous la grisaille, qui inspire au narrateur déjà très mélancolique des confidences saturniennes. Il quitte la France et sa bien aimée pour rejoindre Dakar. Mais au delà du chagrin d’amour, l’homme a une étrange façon d’éviter les relations avec son entourage, anticipant les potentielles risques d’éveiller chez ses interlocuteurs des propos ou attitudes racistes, liés à la couleur de sa peau.
A la page 80, malgré un certain nombre d’expressions datées, envie de poursuivre la lecture.
Les explos 2021
La mort dans l’âme, Jean Veneuse quitte la France à bord d’un paquebot, à destination de l’Afrique, où il est affecté par l’administration qui l’emploie. Nous sommes en 1920 . Il a laissé à Paris une femme dont il est amoureux, sans lui avoir déclaré sa flamme. Il faut dire que l’homme se montre réticent à lier connaissance avec son entourage, anticipant d’éventuels réactions racistes : son origine antillaise et les préjugés qui pèsent sur les étrangers l’ont rendu très prudents.
Au cours du voyage, il retrouve un ancien camarade de jeunesse. Ce dernier lui présente une jeune femme qui tentera de le séduire, en vain, son coeur est pris par sa belle .
Une partie du récit est consacré aux escales du voyage, se limitant cependant à quelques anecdotes et une énumération des endroits abordés ou aperçus au loin, et à moins d’avoir connu ces rivages coloniaux, c’est assez peu évocateur.
Les liens avec sa bien aimée sont épistolaires et les lettres échangées, reproduites dans le roman, sont des aveux d’amour partagé, un amour fou, qui évoque une passion adolescente torride et romantique !
On en saura par contre assez peu sur le rôle qui lui est attribué auprès de la population locale, et sur les relations qui se tissent à cette occasion, et c‘est dommage car son statut d’africain d’origine, en référence à ses lointains ancêtres, et son rôle d’administrateur créent une ambiguïté qu’il aurait été interessant d’analyser.
L’écriture est désuète. Qui sait encore aujourd’hui ce que sont des alpargates ? Datées aussi certaines expressions utilisées dans les dialogues et les termes désormais politiquement incorrects de nègre ou négrillon.
L’auteur a surement été un écrivain de talent, on en veut pour preuve les descriptions superbes de coucher de soleil. Il nous confie aussi son mal-être, ses difficultés de vivre sa différence et ses craintes permanentes de ne pas être à sa place.
Malgré tout, je n’ai pas été totalement séduite par le roman, en raison de son ancienneté. Ce roman a en effet été publié pour la première fois de 1947, d’un auteur ayant été lauréat du prix Goncourt en …1921 pour Batouala ! Réédité cette année, il fait donc partie des parutions de la rentrée 2021 !
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