"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Pour ou contre le progrès ? Cheval ou tracteur ?
Des questions en apparence simples... des réponses et conséquences complexes. Car si le remembrement a été associé au progrès, on ne peut le résumer à cela. La relation de l'homme à la terre est ancienne, vitale, intime...
Pensées sous le régime de Vichy, poursuivies sous Charles De Gaulle à marche forcée, la réorganisation et la redistribution des parcelles de terre ont fortement impacté l'organisation et la géographie des territoires, la biodiversité mais aussi le lien social, les rapports entre les habitants. Les conséquences sont encore perceptibles de nos jours... Les animosités entre les villageois ayant soutenu ou combattu le remembrement ont laissé des traces. Des volets fermés. Des descendants encore marqués.
À travers une enquête fournie et vivante, Inès Léraud livre une histoire oubliée, mise de côté, méconnue, celle du saccage du capital terre. Elle en aborde les différents aspects, donne la parole aux différentes parties. Temoignages, extraits de documents officiels, ou de journaux télé, lettres, agrémentent les pages illustrée par Pierre Van Hove. On y rencontre sous son trait des territoires profondément modifiés, des visages marqués. le rythme que le dessinateur propose est dynamique et parvient à trouver un équilibre face à la somme d'informations transmises.
La prise de conscience des pouvoirs publics et de certains pro-remembrement a eu lieu à certains égards mais de manière bien trop tardive. On se met à espérer le retour prochain des petits chemins, des talus, des haies.
Une bd documentaire instructive qui prend tout son sens alors que la colère agricole se fait entendre de plus en plus fort et que les réponses à y apporter par les acteurs du secteur peuvent être de courants contraires encore une fois.
Merci aux editions Delcourt pour cette lecture et à #NetGalley
C'est le plus grand social qu'a connu la France. Après la guerre, l'état a confisqué et redistribué les terres, agrandit les surfaces cultivables, impulsé la mécanisation et l'utilisation des engrais chimiques, renvoyé la main d'oeuvre, transformé les villages. Avec un objectif: augmenter le rendement. Tout ça sous l'impulsion du régime de Vichy et du modèle allemand, avec la propagande de la télévision pubique et l'aide des forces d'ordre pour rosser les récalcitrants. On appelle ça le remembrement.
Après "Algues vertes, l'histoire interdite" (Delcourt 2019), c'est une nouvelle enquête que nous propose la journaliste indépendante Inès Léraud. Elle s'appuie à nouveau sur des recherches précises, des rencontres et des interviews, une documentation riche, 4 ans de travail, pour parler d'un phénomène social et politique peu traité, et de ses conséquences.Das ravages humains, psychologiques et envrionnementaux. Et dans une semaine secouée par les manifestations des agriculteurs, cette bande dessinées est riche en infos et en éclaircissements.
Comme pour Algues vertes, on retrouve Pierre Van Hove au dessin et Matilda aux couleurs. Son dessin semi-réaliste convient parfaitement. Il illustre le recueil des témoignages, réalise le portrait des témoins, représente les paysages mais ce qui compte avant tout, c'est l'écrit. Il s'autorise parfois des mises en scènes marquantes pour illustrer notamment la disaprition des exploitations et des salariés agricoles entre 1946 et 1962. L'album est accompagné d'un dossier d'archives dense et passionnant, et même des storyboards de planches finalement laissées de côté.
Remembrement. Pour être honnête, ce mot ne m'évoquait pas grand-chose. Et pourtant, il a changé la France. Voilà pourquoi cette bande dessinée est, comme l'était Algues vertes, d'utilité publique.
Cette BD revient sur un fait important qui est pourtant minimisé par les pouvoirs politiques. Les algues vertes (en Bretagne) sont mortelles pour les êtres humains mais personne ne s'en soucie, à part quelques lanceurs d'alertes et des chercheurs. On retrace ici la genèse des faits et les victimes (connues). Un bon travail fait conjointement entre recherche et vulgarisation journalistique.
La teneur de l’enquête est aussi écoeurante que le vert par lequel elle est représentée dans ce roman graphique ! Inès Léraud retrace l'historique des marées d’algues vertes, polluantes et tueuses arrivées dans la foulée de l’agriculture moderne, engrais et pesticides !
Les graphismes ne sont pas d’une grande finesse, l’accent est mis sur la couleur qui détermine l’ambiance méphitique !
Il est beaucoup de choses que, loin de la Bretagne, nous n’avons jamais su, même s'il fut difficile de cacher les morts d’homme et la chape de plomb posé sur le problème a permis que sa gravité ne soit plus vraiment d’actualité !
L’intégralité du contenu de l’enquête est scandaleuse et donne envie de se révolter mais j’ai trouvé la seconde partie par trop manichéenne, même si les coupables sont réellement les accusés, sans contrebalancer avec le constat de ce qui a été fait et de ce qui est envisagé.
C’est une BD à lire et faire lire, le problème reste entier et s’il persiste à être méconnu, les choses ne pourront que s’aggraver avec le changement climatique et la non-régulation du tourisme à grande échelle !
#Alguesverteslhistoireinterdite #NetGalleyFrance
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