Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Bruxelles, 1990...Qui est donc cet homme qui rentre chez lui avec une mallette pleine d'argent et une arme dans la poche ? Il se sent suivi, il dit avoir une cible dans le dos... Quelqu'un dont la mort est le business sait forcément de quoi il parle...
Retour en 1934 pour faire connaissance avec Gerry, un jeune garçon qui perd sa mère et sa maman adoptive à 3 ans d'intervalle... Il part vivre chez son oncle et sa tante, il lit Jules Verne et commence à se passionner pour les canons.et a un rêve: s'en servir pour envoyer le courrier !
Philippe Girard s'inspire de l'histoire vraie de Gerald Vincent Bull pour conter la vie d'un homme qui fut dépassé par ses qualités d'ingénieur en balistique. Des canons, des obus... pour différents pays, différents conflits, il se retrouve vite au centre d'enjeux qui le dépassent, jusqu'à devenir un homme à abattre.
Une histoire tragique, atténuée par le style graphique de l'auteur: plutôt naïf, enfantin, coloré. Il parvient à ne jamais rendre Gerry tout à fait détestable. On ne perd jamais de vue l'enfant qu'il a été, Jules Verne venant lui-même lui rappeler de ne pas renoncer à ses rêves,
Assez déroutant par sa forme, Supercanon est un album très intéressant qui vient éclairer les problématiques d'armement après la guerre froide. C'est aussi le parcours d'un scientifique surdoué, homme-enfant, qui confronte son rêve à la dure réalité de la nature humaine.
Cet album est inspiré de la vraie vie de Gerald Bull, l'un de ceux qui ont révolutionné la balistique moderne, tout en n'ayant à l'esprit que de réaliser ses rêves et notamment celui de faire parvenir le courrier très rapidement. Tout cela bien avant l'Arpanet qui inspirera l'Internet.
Alors grand naïf idéaliste ? Sordide marchand d'armes ? Que penser du Dr Gerry ? Lui-même hésite lorsque, dans ses rêves, il est interpellé par Jules Verne en personne : "Produire des instruments de mort... Était-ce bien là ton rêve ? [...] Quand j'ai écrit De la terre à la lune, je voulais inspirer des rêveurs, pas des meurtriers. Au lieu d'être un humaniste qui œuvre pour le bien commun, tu es un destructeur hypocrite." (p.72/73)
Philippe Girard s'applique à décrire et dessiner un homme bon et ambigu, qui, toute sa vie, ne voudra qu'aider et qui, pour ce faire, n'hésitera pas à se compromettre avec tous les gouvernements autoritaires du globe. Il y a sans doute une part de naïveté chez lui, mais je ne peux me départir d'un sentiment de duperie, d'hypocrisie, comme lorsqu'il répond à sa femme qui commence à émettre des doutes : "Voyons, chérie, je suis un scientifique ! On ne blâme pas l'inventeur du moteur à essence chaque fois qu'il y a un accident de la route !" (p100)
Un album très coloré, assez classique dans le trait et la construction, qui sonde l'homme dont il parle, qui met en avant ses ambiguïtés, ses contradictions. C'est bien fait, Philippe Girard sonde son héros profondément, lui fait rencontrer en rêves son héros Jules Verne et en réalité, des gens moins recommandables. Il évoque assez fortement également la guerre froide et les différents conflits dans lesquels, les pays fabricants d'armes font du commerce, sans état d'âme, juste pour le profit. Tous les services secrets sont sur le dos du Dr Gerry, soit pour l'amener à collaborer soit pour bloquer ses activités.
La bande dessinée est bien documentée et sa lecture est édifiante, instructive et très aisée d'accès. Philippe Girard, québeccois, raconte le parcours d'un compatriote, comme il l'avait déjà fait avec son Leonard Cohen sur un fil, même si cette fois-ci, son Dr Gerry est fictif, très largement inspiré de Gerald Bull.
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