"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Quel livre ! Quelle enquête ! Menée avec finisse, subtilité et sensibilité. Si vous voulez découvrir l'histoire de la dictature argentine, et de ses disparitions, des bébés volés jusqu'aux jeunes gens arrachés à leur vie, lisez ce livre éblouissant !
Ginka, prostituée bulgare de 19 ans est morte assassinée de vingt-trois coups de couteaux dans un terrain glauque parisien.
Son assassin a été arrêté et condamné, mais, des années plus tard, Philippe Broussard, journaliste au Monde, décide de reconstituer sa vie.
Partant de Bulgarie où elle a passé sa jeunesse, il suivra son parcours, passant par l’Albanie, la Grèce, l’Italie, Paris….
Il est allé dans tous ses endroits pour mener son enquête.
Pour raconter son histoire, il s’adresse à sa fille qu’elle a abandonnée à la naissance et qui ne la connaît pas.
Si Ginka n’est pas d’emblée sympathique, elle est par contre l’image de ces pauvres filles entrainées malgré elles dans la prostitution et prisonnières de réseaux proxénétisme.
Et c’est ce qu’a voulu dénoncer l’auteur. L’abomination des vies de ces jeunes filles trop crédules qui ne peuvent plus ou très difficilement se soustraire à un engrenage abominable actionné par des hommes sans scrupules.
Il a été jusqu’au bout de ses recherches, sillonnant les routes pour redonner une existence à cette fille poignardée et morte plus ou moins anonyme.
Elle avait un nom, elle avait une famille, elle était un être humain.
Et Philippe Broussard lui a redonné sa dignité.
Une plongée envoûtante dans le Paris de la fin des années 50, sur les traces de Billie Holiday lors de ce qui fut la dernière escale française de l'artiste qui devait mourir quelques mois plus tard, définitivement usée par les excès. Journaliste à L'Express, Philippe Broussard mène l'enquête, désireux de lever le mystère autour de ces quelques jours desquels il ne reste que peu de traces. Son récit se lit comme un roman tant il parvient à recréer l'atmosphère d'une époque révolue autour d'un personnage à la vie dramatique.
Je ne connais pas particulièrement le répertoire de Billie Holiday et je n'étais pas encore née en 1958. Ce que je sais de cette époque, on me l'a raconté, je l'ai lu ou vu dans des films. Suffisamment pour que l'évocation du Paris des cabarets et des clubs de jazz ainsi que celle des vedettes de l'époque, musiciens, chanteurs ou comédiens me semble familière et que je prenne plaisir à suivre l'auteur dans sa quête. L'écriture fait le reste et rend l'ensemble passionnant.
En novembre 1958, Billie Holiday est déjà bien éprouvée. Sa vie n'est qu'une succession de violence depuis son viol à l'âge de onze ans. Le réconfort qu'elle trouve dans l'alcool et la drogue la fait lentement mais sûrement avancer vers la mort. Pourtant, la magie de sa voix et de sa présence continuent à opérer auprès des connaisseurs, prêts à lui pardonner ses excès, ses retards, son haleine chargée et sa position chancelante sur scène. Mais les mauvais jours sont de plus en plus fréquents. Le récital de Milan a été un échec cuisant, Billie était dans l'incapacité de chanter, paralysée par la taille de la salle. Son passage à l'Olympia est sur le point de subir le même sort, miraculeusement sauvé par l'artiste elle-même qui, après un début catastrophique finit par retrouver le fil. Son terrible besoin d'argent la conduit à accepter un engagement dans un petit club près des Champs Elysées, le Mars club. Là, dans un environnement qui lui convient mieux, un petit espace empli de chaleur et de bienveillance, elle donnera une dizaine de représentations magiques à destination de quelques privilégiés.
Pour reconstituer ce dernier séjour parisien, Philippe Broussard s'est heurté à l'effacement du temps qui passe, fait disparaître les archives des hôtels et remplace les clubs de jazz par des immeubles de bureaux. Heureusement, quelques rares témoins et autant de rencontres hors du temps lui ont fourni matière à faire revivre de façon très émouvante celle que l'on surnommait Lady Day.
Il rend ici un magnifique hommage à une femme et une artiste hors du commun, passée par tous les extrêmes et dotée d'un magnétisme que l'on ressent à toutes les pages. Un destin inextricablement lié à son époque, nourri de tous les drames de son passé mais incontestablement ancré dans le futur par la grâce de son talent.
Passionnant, nostalgique et inspiré, ce livre donne envie de partir explorer le répertoire de la dame (on peut d'ailleurs le faire sur la page de présentation du livre sur le site de l'éditeur qui met à disposition la playlist du livre que j'écoute en écrivant ces lignes). On y entend mieux les fêlures, et on les comprend
Mon commentaire pourrait commencer par : c’est l’histoire d’une enfant qui rêve de liberté…
Mais c’est une héroïne peu commune puisque dès 9 ans elle se bat avec les armes de la non-violence pour demander la liberté non pas pour elle mais pour son pays, un pays qu’elle n’a pourtant jamais connu libre.
Elle fait preuve d’une force morale hors du commun, d’une rigueur, d’un courage et d’une détermination qui forcent le respect et l’admiration.
Les souffrances de Ngawang Sangdrol nous touchent et nous vont droit au cœur, à son âge les enfants, nos enfants, pensent à aller à l’école ou à leur vie future, leurs sorties, leurs vacances, la petite n’attend rien de tout ça, elle a lié son sort à celui de son pays, et conditionné sa liberté à celle du Tibet. Sa lutte est exemplaire, non-violente, déterminée.
Le message est clair, le livre est sans concession, réaliste, bouleversant, sobre et semble aussi très juste.
Les auteurs ne veulent pas nous attendrir, ils nous font réagir, ouvrent notre conscience des choses, des événements, nous montrent sans mélodrame la réalité de la vie tibétaine.
J’ai été touchée par la lecture de ces pages. Tout d’abord elles m’ont fait réfléchir au problème du Tibet, bien sur chacun a plus ou moins entendu parler de l’annexion du Tibet par la chine, de l’exil du Dalaï Lama, des problèmes qui en résultent. J’avoue que je l’avais non pas un peu mais beaucoup oublié, emportée comme bien d’autres par la multitude d’événements qui se produisent chaque jour dans le monde et autour de nous et qui nous submergent.
J’ai lu cette enquête comme si elle était un appel au lecteur pour qu’il se réveille et cesse de vivre en égoïste, un peu « sonnée » de voir l’importance que l’on accorde aux choses, aux événements, si relative et si différente suivant le pays dans lequel on vient au monde !
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