"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Voici un livre que je ne conseillerais pas à ceux dont la PAL déborde. Non que je ne l'ai pas aimé, mais il est de ceux que, à peine la dernière page lue et le livre refermé, je ne pensais qu'à ré-ouvrir pour mieux comprendre certains passages et les aborder avec toute la connaissance acquise au fur et à mesure de la lecture.
Aapa vit au États-Unis, mais elle vient de Norvège, pas vraiment norvégienne mais kvène, communauté de Laponie, tout au Nord du pays. Cela fait vingt ans qu'elle n'est pas revenue. Elle arrivera à temps pour revoir sa grand-mère, avant la mort de celle-ci, même si ce n'est pas l'annonce de son hospitalisation qui est à l'origine de sa venue. Elle va se trouver confrontée aux souvenirs du drame qui a marqué sa jeunesse et tout le village.
En parallèle avec le récit du retour d'Aapa, sont relatés des extraits d'un journal de bord. Une femme, sur un navire de recherche scientifique, dans l'océan glacial Arctique . On ne sait pas qui elle est, ni à quelle époque a lieu cette expédition ...
Un livre un peu étrange, à l'écriture particulière, qui ne se laisse pas apprivoiser facilement. Je me suis posée beaucoup de questions, je n'étais pas sure de tout comprendre, et même si beaucoup de choses s'éclairent à la fin de la lecture, tout n'est pas clairement explicité, mais suffisamment à mon avis. J'ai aimé cette approche un peu déroutante de l'histoire d'Aapa, Cette femme que son retour dans le village de son enfance va profondément remuer, au point de la rendre parfois injuste, parfois méchante, mais toujours touchante. Elle ne sait pas ce qu'elle va découvrir,elle sait que ce voyage dans le passé comporte des risques. Est-il toujours souhaitable de savoir ?
Il y est question d'industrie pétrolière, il y est question de baleines, il y est question de réchauffement climatique. Ce livre nous parle de tout cela, mais il est surtout découverte de personnages et de lieux magnifiques, dune communauté que je ne connaissais pas La mer y tient une place importante, elle joue le premier rôle dans cette communauté kvène , jadis chasseurs de baleines.
J'ai aimé suivre le cheminement d'Aapa, cheminement vers la vérité, la vérité sur le décès de sa mère, mais aussi sa reconnaissance de l'existence du réchauffement climatique et des conséquences tragiques de celui-ci.
Je remercie Babelio et les éditions du Seuil pour l'envoi de cet ouvrage à la couverture magnifique.
Voilà un roman singulier découvert grâce aux Editions du Seuil et à une Masse critique privilégiée de Babelio. Je les remercie vivement pour ce voyage inattendu.
Dans les années 80, la narratrice, Aapa, vit aux Etats-Unis mais revient en Laponie, vingt ans après avoir quitté son village natal, sa grand-mère et Edda, la meilleure amie de sa mère. Son retour doit lui permettre de prendre des contacts afin de réaliser un documentaire sur la compagnie pétrolière où elle occupe un poste de scénariste. En 1959, la mère d'Aapa, biologiste reconnue, est morte en mer alors qu'elle était chargée d'observer les baleines dont le comportement devenait anormal. Les circonstances de cet accident sont livrées par fragments et restent opaques tant Aapa répugne à évoquer ce traumatisme. Malgré sa résistance, la jeune femme est forcée de renouer avec le passé et de le revisiter grâce aux témoignages de ceux qui ont vécu les évènements. En contrepoint, un Journal de bord raconte les observations et recherches menées sur un navire qui sillonne l'Océan glacial arctique.
Mon dépaysement a été total, autant par les paysages, les mentalités et modes de vie de ce coin du Finnmark que par l'écriture, la construction narrative et l'évolution des personnages. Complètement désorientée au début, je me suis laissée happée par la souffrance suintante d'Aapa et par son caractère pratiquement "antihéroïque". Loin de susciter l'identification, la narratrice provoque une antipathie spontanée par ses réactions et par son refus catégorique d'aborder l'accident qui a coûté la vie à sa mère. Elle se veut étrangère aux personnes qui l'ont côtoyée, aimée et les repousse farouchement. Et comme c'est à travers le filtre de son regard et de son vécu tragique qu'elle nous raconte, par bribes, son histoire et ses rencontres, nous sommes amenés à adhérer à son point de vue et à partager ses sentiments de rejet. Étrange mais passionnante sensation pour la lectrice que je suis !
A travers ces personnages et leurs histoires, c'est toute l'évolution d'un pays qui se dévoile. L'omniprésence de la mer, les forages pétroliers et leurs conséquences sur les baleines, et, par conséquent, sur les modes de vie et la culture des habitants sont au coeur de la quête d'Aapa, déchirée entre deux mondes, deux entités contradictoires - la préservation de l'océan et les intérêts des compagnies pétrolières - et plusieurs époques.
"La mémoire des mers" offre un voyage, tant géographique qu'existentiel et donne une résonance saisissante aux questions environnementales, sans laisser de côté la puissance de la fiction et du romanesque et sans jamais être didactique. A la fin du roman, le Journal de bord prend une dimension narrative insoupçonnée et offre ainsi un nouveau point de vue, plus apaisé, sur toute l'intrigue.
J'ai vraiment beaucoup apprécié les multiples facettes de ce roman étonnant.
Avec La mémoire des mers, l’autrice finlandaise, Petra Rautiainen nous emmène dans les contrées nordiques pour une enquête intime dans laquelle la mer occupe une place centrale.
Aapa, une jeune femme de quarante ans, travaille pour le compte d’une compagnie pétrolière, la Sté G. Oil à Miami, et plus spécialement dans la production de films publicitaires.
Aussi, lors du début de la conception d’un documentaire pétrolier, quand la direction a opté pour l’histoire du pétrole norvégien et a proposé comme témoin à interviewer Henrik Larsson, l’un des premiers foreurs du pays, l’un des plus doués, celui qui a trouvé le premier gisement près de Stavanger, Aava y voit là une chance de promotion. Étant du coin, elle connaît cet homme respecté partout et ne voit aucune raison qu’il n’accepte pas de coopérer.
Et donc presque vingt ans après avoir quitté les membres de la communauté kvène, une minorité en Norvège, Aava revient au Finnmark dans son village natal en 1980.
Mais, ce retour va être perturbé par une découverte essentielle sur un évènement qui l’a traumatisée quand elle était enfant, la mort de sa mère, une biologiste de renom, dans la collision d’un navire avec une baleine et dont le souvenir est encore très présent chez tous les habitants de la région.
En parallèle est dévoilé un journal de voyage en décalé tenu à bord d’un brise-glace transformé en vaste laboratoire de recherche, navigant dans les eaux norvégiennes avec pour objectif l’océan Glacial arctique.
La mémoire des mers de Petra Rautiainen est un retour aux sources à plusieurs niveaux. Il l’est pour Aapa, la mer en kvène, qui revient dans son ancienne maison, dans ce lieu où la mer est partout, où elle est vitale.
Retour aux sources aussi dans son esprit, qui, progressivement, va s’ouvrir pour démêler cet enchevêtrement d’informations plus ou moins vraies et enfin faire jaillir la lumière.
Cela a été aussi pour moi la découverte de ces populations minoritaires avec ce dialecte finnois qu’est le kvène, parlé uniquement dans le nord de la Norvège ou encore cette branche religieuse des laestadiens de Finlande encore présente.
Un univers particulier où la vie est rude et sobre, d’où sans doute l’explication de ces personnages avares de paroles et à la psychologie un peu difficile à cerner...
Mais avant tout, ce qui m’a le plus captivée, ce sont les réflexions sur le réchauffement climatique qui privera les eaux marines de leur oxygène entraînant donc la disparition de nombreuses espèces animales au cours des cent prochaines années, mais aussi les recherches montrant que les baleines souffrent des forages pétroliers à grande échelle. Petra Rautiainen sait parfaitement insérer dans son roman ces enjeux climatiques au cœur de l’océan arctique.
Mais n’y a-t-il pas lieu d’être découragé de savoir que déjà en 1930 les professeurs Alister Hardy et Cyril Lucas alertaient sur la quantité de plastique ramassé dans les mers qui augmentait au fil des ans, bien avant leur progression fulgurante, ou encore que, dès 1959, Edward Teller, un des développeurs de la bombe H, avait mis en garde les dirigeants du secteur pétrolier contre l’augmentation des niveaux de dioxyde de carbone et alertait de la probabilité d’un réchauffement climatique et d’une élévation du niveau de la mer d’ici la fin du XXe siècle…
La mémoire des mers de Petra Rautiainen, traduit du finnois par Sébastien Cagnoli, à la couverture superbe, se révèle comme un bel hymne à la mer, et à la nature en général, dans toute sa beauté et sa complexité et un roman profondément humaniste et écologiste.
Je remercie les éditions du Seuil et Babelio pour cet envoi.
Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2024/03/petra-rautiainen-la-memoire-des-mers.html
Un premier roman prometteur.
J'avoue que la couverture assez clinquante et dans l'air du temps ne m'a pas donné envie d'y jeter un oeil. Mais le résumé m'a convaincu.
Une période historique maintes fois racontée mais à travers le prisme des peuples natifs finlandais. Assez original.
*
Deux trames temporelles très rapprochées permettent de s'immerger totalement dans le récit.
Des enjeux politiques et économiques sur cette portion de terre aux confins du monde intéressent beaucoup de monde, notamment les allemands. La barbarie ,la violence est ici corrélée avec la neige, le froid polaire....et les secrets.
C'est rude, brutal mais aussi émouvant dans cette amitié fortuite entre une fille nomade et une femme désespérée.
J'ai toujours voulu connaitre un peu cette culture sami. Et j'ai été gâtée par ce récit ethnographique.
Un ethno-polar réussi !
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