"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Paul Couturiau dont j'avais découvert la plume en 2018 avec son roman "Ce feu qui me dévore" tisse dans ce nouveau roman, une histoire captivante qui se déploie entre les ombres du passé et la lumière d'un présent en quête de vérité. L’histoire, qui s’ouvre sur une atmosphère lourde de la fin de la Seconde Guerre mondiale à Metz, m'a plongée dans le fracas des événements tragiques qui ont marqué la ville où Josef Bürckel, haut fonctionnaire nazi, avait ordonné la destruction des archives et des trésors inestimables de la bibliothèque municipale.
Quelques décennies plus tard, en mai 2018, j'ai fait la connaissance de Michel Engberg, conservateur passionné au musée de la Cour d'or, celui-ci arrivant à la fin de sa carrière. Il est convaincu que les précieux documents n’ont pas été complètement perdus, malgré les événements tragiques de la guerre. Entouré d’une atmosphère de nostalgie, Michel incarne le gardien de mémoire, déterminé à découvrir la vérité derrière la légende des documents disparus.
Mais aussi de Gabriela Agnelli, jeune assistante pleine d’ambition, qui souhaite intégrer le Louvre, enthousiasmée à l’idée de participer à cette recherche. La rencontre entre Michel et Gabriela crée un duo captivant, me menant dans une enquête passionnante où chaque découverte met en lumière un peu plus l'importance de la mémoire et la préservation du patrimoine.
L’intrigue s’enrichit grâce à des retours en arrière qui m'ont également fait suivre une bibliothécaire courageuse pendant les années 1940-1945. Son récit personnel, qui apparaît au fil des pages, évoque la résistance silencieuse mais déterminée de ceux qui, dans un contexte de désespoir, cherchent à préserver ce qui peut l’être. Les pages de son journal, chargées d’émotion et de réflexions sur la peur, le devoir et la persévérance, apportent une profondeur indéniable à l’histoire.
Les chapitres alternent donc entre passé et présent et le mystère s'épaissit à chaque page. Les recherches menées par Michel et Gabriela sont parsemées d’indices et de fausses pistes, illustrant comment l’histoire peut révéler ses secrets lentement.
Avec un style fluide et une narration immersive, Paul Couturiau m'a plongée dans la découverte de la ville de Metz, dans une enquête où le frisson se mêle aux émotions et à la richesse d’une histoire oubliée.
Ce roman que j'ai beaucoup aimé est une ode à la mémoire collective, un appel à la préservation des traces du passé. À travers l’enquête de Michel et Gabriela, j'ai été invitée à réfléchir sur la fragilité des souvenirs et la nécessité de leur transmission.
L'incendie criminel de la maison familiale de Bernard, 18 ans, dans lequel sa mère trouve la mort et son père est très grièvement brûlé va bouleverser totalement sa vie d'homme. Très vite, il est considéré comme coupable; en effet, sa passion c'est écrire pour échapper à la triste réalité et il a décrit la mort de ses parents dans une de ses histoires. Après 30 ans d'éloignement dont 15 en prison, après être devenu un écrivain célèbre, il retrouve Metz et son amour de jeunesse, Alexandra et la vérité va se dévoiler.
A travers ce roman, l'auteur aborde le difficile sujet des enfants maltraités par leurs parents dont ils continuent à quémander l'amour, leur sentiment de culpabilité de ne pas être à la hauteur de leurs attentes. le processus est très bien décrit : enlever toute joie à l'enfant en lui interdisant de jouer avec d'autres enfants, en dénigrant tous ses efforts, en le dévalorisant sans cesse, en lui confisquant tous les jouets qu'il aime... Les conséquences sur l'enfant, dépeintes à hauteur de petit garçon, prennent aux tripes : repli sur soi, quête du moindre geste de tendresse, évasion dans l'imaginaire parfois peuplé de monstres, honte.
Le thème de l'écriture est central dans ce roman comme vecteur de vérité mais aussi comme refuge, comme compagne, comme exutoire, comme consolation.
Bref, un roman qui remue parce qu'au-delà de cette fiction, on sait que des enfants subissent ces maltraitances et que leur vie en est à jamais marquée, qu'ils seront à jamais dévorés par un feu intérieur.
Un roman pas désagréable.
Un écrivain quitte tout et part à Saigon pour retrouver une femme inconnue dont il a vu la photo sur un journal. Là, des intrigues se jouent, ça tourne au polar, sur fond de guerre d’Indochine.
On se laisse prendre au jeu. Dire qu’on s’en souviendra longtemps, ça c’est autre chose.
Grâce à beaucoup de ténacité et aussi un peu de chance – la découverte dans des cartons des papiers laissés par Séverine – Paul Couturiau nous offre une biographie romancée de la première femme dirigeant un journal, après avoir été sans doute aussi l’une des premières journalistes.
Séverine est née Caroline Rémy en 1855. Durant ses premières années elle voit son père, inspecteur des nourrices, se battre contre ce qui alors semblait une fatalité : le décès de nombreux nouveaux-nés, faute d’hygiène ou de soins. Un combat inégal, car souvent il se fait sans soutien de sa hiérarchie. Une expérience qui va marquer durablement la jeune fille et la pousser à s’engager pour les plus démunis, même si c’est la rencontre avec Jules Vallès qui va décider de son existence.
Lors d’un séjour à Bruxelles, elle croise l’homme dont elle admire les idées et le parcours. Il va l’encourager à travailler à ses côtés.
Mais ses parents ne l’entendent pas de cette oreille. Aussi courageuse qu’entêtée, elle décide alors de mettre fin à ses jours. Une tentative de suicide manquée, mais une liberté gagnée. Ses parents ne s’opposent plus à ce qu’elle soit journaliste, mieux son second mari, Adrien Guebhard, va mettre une partie de sa fortune dans la création du quotidien Le Cri du peuple.
Qu’il me soit ici permis de passer sur l’épisode pourtant très traumatisant de son premier mariage avec Antoine-Henri Montrobert et du désir de vengeance qui l’avait habitée alors pour en venir au vrai thème du livre, la passion dévorante de Séverine pour son métier. Un engagement qui se fera aux dépens de sa famille : « Caroline s’intéresserait à ses fils quand ceux-ci seraient en âge de raisonner. Adrien l’avait bien compris. Peut-être serait-il trop tard. Peut-être serait-ce leur tout de la tenir à distance. Il lui reviendrait, alors, de leur faire comprendre qu’elle les avait toujours aimés – à sa manière, comme ses parents l’avaient aimée à la leur. »
Les pages qui racontent les débuts du quotidien, la chasse aux informations et les rencontres avec les Zola, Richepin, Pissarro, Manet, Cézanne, celles qui décrivent les durs combats à mener aussi bien contre les autorités en tout genre que celles menées en interne pour faire admettre la ligne ouverte à tous les socialismes du journal sont passionnantes et débouchent sur ce qu’aujourd’hui on appellerait un scoop : le reportage que Séverine entreprend après l’incendie du théâtre de l’Opéra-Comique et qui conduira à un procès retentissant.
On retrouve ici l’esprit de La Part des flammes de Gaëlle Nohant et cet engagement total qui finit par user et détruire. Sans oublier les préjugés liés à son sexe et qui font qu’ « une femme doit toujours en faire plus pour être reconnue à sa valeur. »
Quelle vie ! Quelle épopée ! Quel combat !
https://collectiondelivres.wordpress.com/2015/12/09/je-meurs-de-ce-qui-vous-fait-vivre/
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