Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Un garni occupé par les miséreux, les alcooliques, les sans-papiers de la Russie tsariste. Voici le cadre de cette pièce de Gorki.
Et la vie se déroule entre jeu de cartes et discussions philosophiques. La mort et l'amour, l'incompréhension, le sens de la vie s'invitent autour de ce groupe hétérogène.
Voilà une chronique qui sera fort brève car il est difficile de parler de cette pièce sans en dire trop (d'ailleurs si vous le lisez dans cette édition, lisez la préface mais...à la fin).
Disons que ce livre offre une immersion dans la Russie des bas-fonds, mais surtout une réflexion sur la vérité.
Un mensonge n'est-il pas plus salutaire qu'une sombre vérité ? Doit-on apporter le réconfort à une personne mourante en lui promettant le paradis ou lui expliquer que la mort est la fin de tout ?
Dans cette atmosphère qui bien que sombre, regorge de nombreux traits d'humour, un personnage semble être le seul point lumineux de toute cette pièce, tentant d'apporter le réconfort aux autres personnages qui semblent s'enfoncer dans une inéluctable déchéance.
Voilà une pièce réussie qui m'a permis de découvrir Gorki avant de me plonger dans ses romans.
En février dernier, les Éditions des Syrtes ont publié ce titre de Alexis Pechkov, plus communément connu sous son nom de plume Maxime Gorki : il s'agit d'une édition, traduite par Zinovy Lvovsky, traducteur franco-russe déporté et décédé à Auschwitz, et révisée par Jean-Baptiste Godon, lauréat du Prix Russophonie 2007 pour la traduction d'Au diable vauvert de Evgueni Zamiatine. Certains passages n'avaient, en effet, jamais été traduits en français, en particulier les passages relatifs aux Allemands de Russie. La première traduction du Bourg d'Okourov date de 1938 et a été publiée sous le titre Tempête sur la ville. Cette première édition fut amputée de ces passages et placée sous la « liste Otto » qui recensait tous les ouvrages interdits en France par la propagande nazie. Cette nouvelle édition plus fidèle à l'oeuvre d'origine s'appuie ainsi sur la publication des Oeuvres Complètes de Maxime Gorki.
Maxime Gorki est connu pour avoir donné vie au réalisme socialisme russe. Exilé à deux reprises en Italie, la réputation de l'homme est marquée par son engagement social, qui empiète largement sur son engagement en littérature. Il s'est aventuré dans l'exploration et l'étude des moeurs des classes populaires de son pays. Ce qui explique son activisme auprès des Bolcheviques. le bourg d'Okourov n'est pas son oeuvre la plus connue, la plus épaisse, néanmoins, elle contient les thèmes chers à l'autodidacte russe : l'étude des moeurs sociales, les mécanismes de dominations des bourgeois sur les plus démunis, la liberté, sa valeur, son prix, son coût, l'autoritarisme et cet idéal d'un homme nouveau. Est passé au microscope Okourov, cette ville en forme de croix, divisée en deux : à Chikhane les beaux quartiers de la bourgeoisie, les commerçants qui prospèrent, fonctionnaires, membres du clergé, à Zaretchie les gens moins fortunés, qui survivent d'une façon ou d'une autre. À Okourov, on ne se mélange pas, évidemment.
Le charme de ce livre, c'est d'abord celui de découvrir toute cette micro-société dont chaque personnage porte une fonction, le poète, l'usurier, le-s commerçant-s, le poivrot de service, la fille de joie, ses clients, en total reflet avec les sociétés des villes de l'époque. Cela m'a fait penser à la façon dont Balzac explore ainsi ses personnages dans ses romans. Si le village est bien découpé en deux, la maison close, quant à elle, est en marge du faubourg, mais au centre du roman, le seul endroit qui attire bourgeois comme prolétaires. Gorki en fait l'élément central, le seul lien qui unit les deux parts d'Okourov. Aussi bien les bourgeois que les autres fréquentent les filles de la maison, Pacha, Rosa et Lodka. le seul point en commun entre les gens de Chikhane et Zaretchie, c'est celui de l'amour, la sexualité, mais aussi le réconfort qui rassemblent les uns et les autres dans cette même condition humaine dans les bras de ces filles. Scène centrale du roman par bien des côtés.
Si la Russie est un pays immense, aux frontières presque irréelles, le bourg d'Okourov est un véritable microcosme qui se suffit à lui-même, porteur de frontières invisibles mais réelles qui semblent maintenir ses habitants à l'intérieur du bourg. Cette opposition de deux-mondes, outre la dimension financière, me semble opposer une vision traditionaliste de la Russie, avec son église à coupoles multicolores, et une vision plus moderne, avec son église d'une blancheur plus simple. Gorki livre une vision de la Russie divisée en deux catégories : ceux qui vivent confortablement, le reste qui est exploité, qui dépérit ou qui s'alcoolise. Gorki a restitué cette guerre des classes, ou le plus fort a asservi les plus pauvres. le contraste entre les deux mondes est saisissant : tandis que du côté de Chikhane, les rues fleurent bon le luxe, chez leurs voisins, c'est un retour au Moyen-âge, les familles y sont frappées par l'impôt, amassé par l'inspecteur. Les habitants du faubourg évoluent à la limite de l'anarchie, dans une zone de non-droit que moujiks des forêts environnantes et bourgeois des beaux quartiers évitent soigneusement.
Il y a Tiounov, le borgne, le philosophe, le sage, et il y a le poète Dima, l'un et l'autre comme porte-parole de l'auteur : le premier qui déclame, le second qui écrit les vérités, peut-être celles que porte Gorki, le premier une vision large et nationale, une vision qui englobe la russe et le peuple. le second s'exprime par le biais de ses vers, décrivant la vie à Zaretchie et ses habitants, qui bien souvent déplaisent. La sagesse de l'un compense la franchise de l'autre. On découvre la parole politique qui annonce l'avènement du bolchevisme à travers Tiounov. Alors que Tiounov le borgne, l'idéologue, passé par Moscou et la prison, le plus expérimenté de tous, vient professer la parole du russe travailleur, celui qui construit, utile à la société, cette idée de l'homme pur, sage, loin de ce que représente le bourgeois, qui en parasite profite d'une société qu'il n'a pas construite et dont il ne fait que profiter.
L'imaginaire Okourov, ses drames, ses conflits, est un aperçu de cette Russie scindée divisée en deux et dont les deux parties, bourg contre faubourg, se méprisent : La révolution bolchevique est déjà là, ne serait-ce que dans les esprits qui s'échauffent de cette classe de russe qui meurt de faim et d'ennui, avec des relents xénophobes envers cette communauté allemande, dont les sonorités des noms résonnent comme une fausse note qui agresse l'oreille. L'expression qu'utilise Tiounov à plusieurs reprises d' »homme prédestiné » m'a particulièrement marquée : si l'on en croit sa biographie en russe, Gorki aurait été marquée par l'idée du rêve Nitzschéen d'homme nouveau, qui surpasserait en force et en intelligence, dans un premier temps. Cette conception d'un homme nouveau aurait évolué avec le temps et il s'incarnerait en la personne d'un homme simple, tourné vers la vie, tourné vers la protestation sociale. Voilà qui ressemble beaucoup à Tiounov. Sans oublier Dima, dont l'image du poète, le rêveur mal dégrossi, qui a le malheur d'énoncer leurs quatre vérités aux interlocuteurs, est bien malmenée : portée à dérision par l'auteur, il fournit de savoureux passages, qui donnent à ce roman un pléochroïsme intéressant, où l'humour et le sarcasme côtoient drame et tragédie.
Je ne connaissais pas Gorki, j'ai pris le parti de débuter avec un roman court, rapide et agréable à lire, mais qui annonce la révolution de 1917 alors même que son auteur est en exil après une première tentative avortée de révolution lors de sa rédaction. C'est une première approche appréciée que je compte bien approfondir.
J'ai vibré. Il y a longtemps.
Dans l'atmosphère étouffante d'un asile de nuit, des êtres rejetés par la société tsariste essaient malgré tout d'exister. Mais pour eux le bonheur semble rester hors d'atteinte. Seul un vieil idéaliste essaie de transmettre un message de pensée positive et d'espoir.
J'ai un peu de mal à lire du théâtre, mais cette peinture de la société russe vue d'en bas est terriblement bien rendue.
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