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Les Bas-Fonds, conçus en même temps que Les Petits Bourgeois, est considéré comme le chef-d'oeuvre dramatique de Gorki. Stanislavski, le premier, en avait assuré la mise en scène. Dans Ma vie dans l'art, il s'étend longuement sur les problèmes que la pièce lui avait posés.
« Vivement intéressés par les récits de Gorki, nous eûmes envie d'observer nous-mêmes cette humanité déchue. Une expédition fut organisée au marché de Khitrovo qui était l'empire des clochards.
Nous pûmes visiter librement ces grands dortoirs où, sur d'innombrables bat-flanc, gisaient immobiles, tels des cadavres, des hommes et des femmes rompus de fatigue. L'un de ces asiles de nuit abritait "l'université" des clochards : c'étaient ceux qui savaient lire et écrire et que l'on chargeait souvent de copier les rôles de nos acteurs. Nous fûmes reçus comme de vieux amis : ne nous connaissaient-ils pas en tant qu'acteurs ? Ne copiaient-ils pas nos rôles ? Nous posâmes sur la table la collation que nous avions apportée (de la vodka et du saucisson), et la fête commença.
En apprenant que nous étions venus étudier leur vie pour la représenter dans une pièce de Gorki, les clochards furent touchés aux larmes.
- Quel bonheur pour nous ! s'écria l'un.
- Mais qu'y a-t-il d'intéressant dans notre vie ? Pourquoi nous montrer sur la scène ? s'étonnait un autre. »
Un garni occupé par les miséreux, les alcooliques, les sans-papiers de la Russie tsariste. Voici le cadre de cette pièce de Gorki.
Et la vie se déroule entre jeu de cartes et discussions philosophiques. La mort et l'amour, l'incompréhension, le sens de la vie s'invitent autour de ce groupe hétérogène.
Voilà une chronique qui sera fort brève car il est difficile de parler de cette pièce sans en dire trop (d'ailleurs si vous le lisez dans cette édition, lisez la préface mais...à la fin).
Disons que ce livre offre une immersion dans la Russie des bas-fonds, mais surtout une réflexion sur la vérité.
Un mensonge n'est-il pas plus salutaire qu'une sombre vérité ? Doit-on apporter le réconfort à une personne mourante en lui promettant le paradis ou lui expliquer que la mort est la fin de tout ?
Dans cette atmosphère qui bien que sombre, regorge de nombreux traits d'humour, un personnage semble être le seul point lumineux de toute cette pièce, tentant d'apporter le réconfort aux autres personnages qui semblent s'enfoncer dans une inéluctable déchéance.
Voilà une pièce réussie qui m'a permis de découvrir Gorki avant de me plonger dans ses romans.
Dans l'atmosphère étouffante d'un asile de nuit, des êtres rejetés par la société tsariste essaient malgré tout d'exister. Mais pour eux le bonheur semble rester hors d'atteinte. Seul un vieil idéaliste essaie de transmettre un message de pensée positive et d'espoir.
J'ai un peu de mal à lire du théâtre, mais cette peinture de la société russe vue d'en bas est terriblement bien rendue.
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