Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Parlons un peu BD avec ce très bon album qui nous amène côté western, mais très loin de la légèreté et du folklore d'un Lucky Luke.
Le vieux Pastorius Grant est un chasseur de prime en bout de course. Malade, désabusé et solitaire comme il se doit, il continue tout de même à traquer les hors-la-loi. Il vient de capturer Big Hand dans une réserve Comanche avec sur ses traces deux frères mexicains qui voudraient bien lui subtiliser son prisonnier. C'est alors qu'il croise une fillette aveugle accompagnée de son cochon lui demandant de venger son père.
Un western taiseux et psychologique où il est question de vengeance et de rédemption mis en lumière par une palette de couleurs vives. On se croirait parfois dans certains tableaux d'André Derain, entre fauvisme et cubisme. C'est surprenant et pourtant l'alliance improbable de l'histoire et du parti pris graphique est totalement réussie.
Les personnages bien campés, l'intrigue qui surprend au dernier moment, la beauté des planches, tout concourt à un grand plaisir de lecture.
« Personne n'est là pour nous punir. Sinon nous-mêmes. C'est de croire qui nous tue, gamine. »
"S'il m'arrive malheur, va voir Pastorius Grant".Les dernières paroles d'un père à une gamine aveugle. Et alors que le vieux et souffreteux Grant courait après Big Hand en pleine réserve indienne, espérant une prime de cinq mille dollars convoitée également par les mexicains Porti et Tavez, le voilà tenté par une dernière mission. obtenir vengeance pour cette gamine.
J'avais quitté Marion Mousse sur un polar réaliste (GoST 111, fauve polar 2021, Glénat) et je le retrouve dans un western mélancolique autour d'un chasseur de primes au crépuscule de sa vie. Au milieu des montagnes chargées de secrets d'une réserve indienne, il est temps de régler les comptes pour un Pastorius Grant aigri et mourant.
Ce récit surprenant et touchant se démarque par des intentions graphiques chargées de sens. Le choix des couleurs directes impressionne. Les planches dans les tons ocre posent le décor western attendu mais les personnages sortent de l'ordinaire. Un vieux cow-boy, ancien sergent, au bord de l'abîme, une gamine aveugle accompagnée d'un cochon... Marion Mousse apporte des éléments détonants et captivants.
Western philosophique, "Pastorius Grant" est un album souvent contemplatif mais jamais ennuyeux. Il passe aisément de séquences d'action à des moments de réflexion presque oniriques. Une belle surprise se cache derrière cette couv splendide !
Si le nom de Bela Lugosi vous parle, vous devriez penser rapidement à Dracula, rôle qu'il interpréta dans les années 30, d'abord au théâtre puis au cinéma. Si ce nom ne vous parle pas, alors cette bande dessinée est une première étape pour découvrir cet acteur dont le visage, la voix et la silhouette ont marqué les heures du 7ème art.
La bande dessinée est un récit en noir et blanc proche de la réalité de cet homme, tant dans sa biographie que dans sa manière de réécrire sa propre histoire. Bela Lugosi est venu de Hongrie pour jouer, sur les planches ou devant cet étrange appareil qu'est la caméra dans cette Europe des années 20. Il est passé par Vienne, Berlin avant d'arriver aux Etats-Unis où il effraie et séduit. La bande dessinée travaille sur ces deux impressions. La fascination et la peur. Bela Lugosi a été rattrapé par son rôle phare, Dracula qu'il interprétait dans le film de Tod Browning en 1931. Il a profité de cette célébrité tout en étant écrasé par elle.
Volage, flambeur, c'est surtout un homme fatigué que découvre Danny Sheffield, fan absolu de l'acteur. Danny a rendez-vous avec son idole dont il connait la vie par cœur. Nous sommes dans les années cinquante, le comédien n'a plus travaillé depuis quelques temps. Déshydraté, épuisé par une vie très remuante, le comédien raconte sa vie, ses débuts, ses amours contrariées à son admirateur. Mais très vite, il s'endort. Arrive alors une femme, Lilian. Dans la cuisine, loin de l'artiste assoupi, elle raconte au jeune fougueux, Danny Sheffield, la réalité de Bela Lugosi. Elle raconte ses déceptions, ses espoirs, sa passion pour les femmes, sa mauvaise gestion financière. Dans un noir et blanc, élégant, dans la droite lignée des films qui ont rendu célèbre Bela, la narration retrace l'histoire de cet homme, d'un cinéma réunissant Dracula, Frankenstein ou autres monstres. Les dessins manient cet homme qui a joué de son apparence et pointe les failles d'un acteur qui est habité par son métier. Il est passionné, charismatique, provocateur, séducteur et mystérieux, entretenant malignement sa légende. Parfois, il chute, se trompe et rebondit avec une pirouette. Cette aisance est magnifiée dans les débuts de carrière et ses chutes, ses échecs sont teintés d'une certaine cruauté, révélant les fêlures d'un artiste. C'est un récit passionnant et envoûtant, autant que ne l'était Bela Lugosi dans ses films.
La Première Guerre mondiale s'enlise dans les tranchées et la baronne de Pomfrougnac a décidé d'honorer le soldat Carapat, à la suite d'un pseudo-concours organisé par « les marraines de France » (il va sans dire que le triomphe et la gloire doivent rejaillir sur la baronne) Ce soldat inconnu a été choisi par une voyante excentrique, Madame Zaza, et c'est cette dernière qui est chargée d'aller, sur le front, lui donner sa décoration. Pour cela, elle sera accompagnée de Louise, la dame de compagnie de la baronne, du lieutenant Trouffon, et du colosse au coeur tendre Shrapnel. Cet équipage hétéroclite et haut en couleur se lance dans un voyage picaresque vers le front et les personnages font des rencontres insolites, troupe de cirque, ferme collective avec un agriculteur philosophe lisant le « manifeste du parti communiste »… et on se rapproche peu à peu du théâtre des événements, les tranchées.
Le propos est clairement antimilitariste, le langage, très cru, permet une dénonciation de l'absurdité et de l'horreur de la guerre. le coup de crayon, épais, avec des personnages « taillés à la serpe », les couleurs tirant sur le rouge ou le sombre, tout cela contribue à nous plonger dans un univers brutal, grotesque parfois, où pourtant, la tendresse, le courage et l'humanité se font jour. Tous les personnages ne sortiront pas indemnes de l'aventure, mais tous évoluent, à l'image de Louise, qui d'effacée qu'elle était devant sa maîtresse la baronne, se métamorphose en une porte-parole de la paix et de la fraternité.
On ne peut s'empêcher de penser à « Voyage au bout de la nuit » en lisant cette bande-dessinée. Je songe même à utiliser une ou deux planches avec mes élèves pour évoquer les différents moyens de dénoncer la guerre. Je ne mets que 4 étoiles au lieu de 5 car j'ai un peu moins accroché aux dessins qu'au scénario, dont j'ai apprécié la grande originalité pour traiter un sujet que l'on pense toujours bien connaître.
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