"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
À LA LIGNE - Feuillets d’usine, raconte l’histoire de Joseph, un jeune ouvrier intérimaire qui, après avoir tout quitté par amour, se retrouve employé dans les usines de poisson en Bretagne. Là, il fait face à la dureté des gestes mécaniques, du froid glacial, de l’odeur, des charges lourdes, du vacarme incessant et de la fatigue qui pèse autant sur le corps que sur l’esprit. En dehors de cette réalité, Joseph trouve son équilibre auprès de sa femme, dans la lecture et lors de promenades sur la plage avec son chien. Ces instants l’aident à surmonter le quotidien de son travail et à puiser la force nécessaire pour continuer d’avancer.
« On ne quitte pas l’usine sans regarder le ciel. »
L’histoire raconte l’expérience de Joseph Ponthus, lorsqu’il était intérimaire dans l’agroalimentaire. Le récit aborde les coulisses du monde des conserveries de poissons et des abattoirs, mais aussi les rêves qui se heurtent à la réalité de l’usine. Ce roman graphique met en lumière des conditions de travail éprouvantes, la répétitivité des tâches, les répercussions physiques et mentales sur les hommes. L’histoire explore également des thématiques profondes comme le courage, l’espoir et la charge émotionnelle.
« À l’usine, l’attaque est directe, c’est comme s’il n’y avait pas de transition avec le monde de la nuit. Tu re-rentres dans un rêve. Ou un cauchemar. »
Le style graphique, entièrement en noir et blanc, repose sur un trait précis et subtil. Au fil des pages, la tension s’intensifie jusqu’à l’univers encore plus sombre des abattoirs.
Ce récit, à la fois puissant et poignant, s’accompagne d’un graphisme d’une grande beauté.
Julien Martinière adapte au scénario comme au dessin le roman de Joseph Ponthus.
Ce récit autobiographique nous amène en Bretagne dans les pas de Joseph, un jeune trentenaire, travaillant par défaut dans une conserverie.
Ce témoignage, nous invite à découvrir le travail en usine de l'intérieur, éclaire le lecteur sur la dureté du métier et ses conditions difficiles.
Mais Ponthus ne s'arrête pas là, et en profite pour faire passer des messages. En effet, il pousse à la réflexion sur des sujets comme la précarité et le capitalisme notamment en proposant quelques interludes poétiques, musicales ou encore littéraires salutaires.
Ce genre de témoignage, pour le moins atypique, m'aura permis de passer un bon moment tout en m'épanchant sur un sujet que je ne connaissais pas du tout.
Graphiquement, c'est pour moi le gros point fort de cette adaptation. Ces planches en noir et blanc accompagnées d'un coup de crayon fin et réaliste sont belles et expressives.
En bref, une adaptation aussi belle que forte, sur le dur quotidien du travail en usine.
"La servitude est volontaire, presque heureuse. L'usine m'a eu, je n'en parle plus qu'en disant Mon usine."
Il y a l'usine, ou plutôt les usines, qui se succèdent les unes aux autres, celle de crevettes, celle de poissons, et même l'abattoir.
Le travail est précaire, quelques jours, quelques semaines au plus. Les horaires décalés, les conditions difficiles, les tâches s'enchaînent sans fin. Alors on se rattache à ce qu'on peut, chaparder quelques crevettes, retrouver son chien en rentrant chez soi, les promenades en bord de mer.
C'est du Zola moderne, entre aliénation par le travail et poésie. C'est du témoignage concret, réel, venant de ceux qui ont les doigts dans la glace, les pieds dans le sang et la tête ailleurs, rêvant déjà de la prochaine pause et de la débauche.
Je n'ai pas lu le roman de Joseph Ponthus, qui est pourtant depuis bien trop longtemps dans ma liste d'envies, je ne peux donc pas vous dire si c'est une bonne adaptation, mais personnellement, j'ai vibré aux rythmes des cadences infernales.
Évidemment, c'est politique, évidemment, ça touche en plein cœur, évidemment, c'est à lire absolument.
Il est des livres qui marquent et qui font date. « A la ligne : feuillets d’usine » de Joseph Ponthus publié en 2019 en fait partie.
On pourrait penser qu’il faisait écho à d’autres ouvrages sur le monde du travail comme « l’Etabli » de Robert Linhardt qui avait lui aussi marqué son époque.
Mais l’écrit de Ponthus était beaucoup plus que cela en étant traversé par l’humanisme de l’auteur, la poésie salvatrice dans des vies dures, la sociologie des relations au travail, l’économie et les contraintes du « travailleur libre mais contraint » avec des boulots difficiles comme il peut y en avoir notamment dans l’industrie agroalimentaire dans le monde de la pêche et des abattoirs avec des conditions de travail extrêmes (froid, sang, …) et des cadences souvent insoutenables, l’amour qui peut conduire à accepter ces « boulots alimentaires » avec la précarité marquée du travailleur intérimaire, juste pour avoir de quoi vivre matériellement, …
« A la ligne », c’était l’illustration de l’incapacité à faire des dissertations après une longue et dure journée (nuit) de travail, du besoin d’écrire juste quelques lignes. C’était aussi une façon de décrire le monde du travail et des « lignes de production » avec leurs cadences et objectifs.
J’avais trouvé ce livre tellement puissant et singulier que je l’ai offert à plus de 60 personnes (amis et collègues de travail) et que je continue … c’est dire !
C’est dire aussi que j’étais un peu sur mes gardes à la lecture de l’adaptation en BD par Julien Martinière. Avec le choix des dessins pointillistes en noir et blanc et une assez grande fidélité au texte original, Martinière produit un travail sur le monde du travail avec des illustrations assez percutantes notamment des abattoirs et des conditionnements des crustacés. Cette mise en images est à saluer comme une contribution complémentaire au livre de Ponthus. Il ne faut donc pas hésiter à lire le A la ligne de Matinière.
Il ne peut néanmoins préserver la spécificité de l’écriture (et notamment du texte enchainant les lignes et captivant le lecteur au point de ne pas pouvoir lâcher le livre) et le lien que Ponthus parvient à créer avec le lecteur.
Et donc : il faut aussi relire Ponthus !
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