Cinq romans du moment, qui décortiquent brillamment notre rapport au corps
Cinq romans du moment, qui décortiquent brillamment notre rapport au corps
Un premier roman qui parle de la difficulté à apprivoiser son corps et à se libérer de celui de la mère.
Un roman librement inspiré de la vie de l’autrice.
Un texte à la fois drôle et amer qui parle d’une certaine classe sociale, de l’acceptation du corps par une petite fille, et de la folie d’une mère qui conduira à laisser l’éducation de Boulette à une « grosse dame ».
Une écriture franche et brute qui fait de ce roman d’apprentissage un texte peu ordinaire.
Le lecteur suivra le chemin de cette fille élevée en famille d’accueil, qui parle d’elle avec une certaine auto-dérision pour dédramatiser les situations.
C’est un très court roman qui reflète une certaine littérature française, moderne émergente.
Un roman complétement inattendu qui va bien au-delà des problèmes de boulimie d’une jeune fille, qui cache 1000 trésors derrière ses pages et qui mérite une seconde lecture pour ne pas passer à côté de subtils détails.
Une mauvaise fée s’est penchée sur son berceau : Boulette cumule les fardeaux. Celui de son corps, amas de graisse qu’elle alimente à grand renfort de junk food. Celui d’une mère envahie par les démons de la folie. C’est donc chez la Grosse Dame à qui elle est confiée que boulette tente de saisir les subtilités de la vie.
Dans une langue fleurie et imagée, Joëlle Varenne nous offre un roman d’apprentissage plein de verve et de trouvailles, qui confère au glauque des allures d’humour. Qui font avaler la pilule, sans manquer d’en tirer des leçons de vie. Harcèlement, tyrannie des regards, coups de sort, la vie de Boulette pourrait être un enfer mais une intelligence des sentiments la guide au milieu de ce marasme social.
Une jolie découverte que ce premier roman, qui prend le parti des laissés pour compte.
144 pages Grasset 7 février 2024
Ecrire un livre sur la grosso phobie est une très bonne idée. Les trois personnages principaux, Boulette, sa mère biologique et sa mère en famille d’accueil sont atteintes de cette maladie et enflent régulièrement.
Mais quel bestiaire avec des personnages comme un mari alcoolique, une famille schizophrène, un oncle pédophile, une camarade prédatrice et une paillasserie ambiante pour nous faire plonger dans un univers impitoyable.
« Boulette » de Joëlle Varenne est un puits de tristesse sans lumière ni espérance et ne laisse que des existences sans trop de sens.
Dommage
Dans ce court roman, Joëlle Varenne dresse le portrait d’une femme qui choisit de fuir pour conjurer ses peurs. Jusqu’au jour où elle décide enfin d’affronter ses démons.
C'est la fin de l'été à Zadar. La fin des vacances et la fin d'un amour. Pour la narratrice de ce beau et bref roman, il faut laisser partir cet homme aux longues mains que la maladie a empêché de pouvoir jouer du piano, des «mains condamnées qui semblaient caresser des touches d'ivoire sur la jetée.» Encore quelques heures à l'attendre, à faire les cent pas le long de la jetée. Le retrouver pour mieux s’en séparer.
«C’est mon dernier soir dans une ville que j’aime et je ne te dis rien quand tu me demandes à quoi je pense. Tu te rapproches de moi, je résiste. Mes pensées résistent. Je pars demain, tu resteras.»
Fuir, mais pourquoi? Fuir pour ne pas penser à cette mère dont la vie s'étiole? Fuir ces hommes voraces qui s'attaquent à sa liberté? Depuis qu’elle est montée dans le taxi vers l’aéroport et tout au long de son voyage, elle se pose mille questions et fouille son passé. Les images de ces hommes qui rôdent autour de la fille qu’elle était la hantent. Des images et des gestes de prédateurs. Une expérience déstabilisante. «Comme une lave dévalant la pente noire d’une île, ces caillots de sang disparus dans les eaux anthracite de son enfance.»
Au chevet de Maman, elle se dit que maintenant il lui faut prendre sa vie en mains. Qu’elle restera désormais. Que cette promesse vaut autant pour sa mère que pour elle. Mais les habitudes ont la vie dure. Et la fuite est si facile…
C’est finalement sur une île – mais pouvait-il en être autrement quand on s’appelle Isola – qu’elle va trouver la force d’affronter son passé pour se construire un avenir.
Joëlle Varenne construit son roman à la manière d’un peintre pointilliste, par petites touches de couleurs qui, en s’éloignant de la toile, finissent par donner une image saisissante, attirante, étonnante. À la poésie de son écriture, on ajoutera une sensualité que la photo de Monica Vitti choisie pour la couverture reflète bien. Et l’ambiance de L’avventura n’est pas trop éloignée de ce récit non plus. L’amour qui se cherche, la passion et la déception, la fuite et le doute.
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