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Pour tout vous dire de Joan Didion
Ces articles écrits par Joan Didion de 1968 à 2000 sont l'occasion de découvrir ses débuts dans le journalisme, son rapport à ce métier et surtout à l'écriture. On découvre le parcours universitaire de l'autrice et ce que représente l'écriture pour elle. L'occasion de découvrir ses débuts dans le magazine Vogue, dans l’écriture, ses reportages, lors d'une journée consacrée à Nancy Reagan, une réunion de joueurs anonymes ou plus tard, une séance photo de Robert Mapplethorpe, ses vacillements et choix en tant qu'écrivain.
Un de ses derniers textes sur Hemingway et les dernières volontés de l’auteur concernant son œuvre m'a particulièrement plu. J'aime en général quand les écrivains parlent de l'écriture.
À travers chaque article on découvre un peu plus la femme discrète et sensible ainsi que ses reflexions si justes sur ce qu’elle observe si finement.
La plume est merveilleuse, tout est un enchaînement évident. On se laisse guider par le rythme de l’écriture.
Je n'ai lu qu'un roman de l’autrice “L'année de la pensée magique et je retrouve avec grand plaisir son style si fin et si juste.
C'est forcément avec beaucoup d'émotion que j'ai ouvert ce recueil de chroniques de Joan Didion, après sa mort en décembre dernier.
J'y ai retrouvé l'empreinte du Nouveau journalisme mais aussi l'essence de Joan Didion, cette façon de disséquer, de scruter, d'analyser.
Cette faculté d'analyse, la romancière sait l'appliquer au sujet qu'elle représente et elle nous offre quelques belles chroniques sur son écriture ou son parcours.
Certains textes m'ont plus marquée que d'autres. Je pense notamment à "Une lettre de refus" sur la lettre qu'elle a reçue de l'université Stanford, à l'âge de 18 ans, et qu'elle a ressortie en 1968 à l'attention d'une cousine qui se rendait malade à attendre les réponses des universités.
Ce texte m'a paru si juste qu'il aurait pu être écrit en 2022.
"Trouver son rôle dans la vie à dix-sept ans est déjà suffisamment ardu pour que leur soit épargnée la peine de devoir réciter le texte d’un autre."
Un autre texte dont je me souviendrai est celui sur Hemingway, ses derniers écrits, ses dernières volontés et le marketing posthume autour de l'écrivain.
"Nous avons affaire ici à un déni de la notion même de fiction, de même que la publication d’une œuvre inachevée est un déni de la notion selon laquelle le rôle de l’écrivain, eu égard à son travail, c’est de le créer."
Un recueil à lire si vous aimez Joan Didion ou si vous avez envie de la découvrir car on la retrouve pleinement dans ces pages.
Après avoir lu L'année de la pensée magique, j'ai repoussé et repoussé encore le moment de lire Le bleu de la nuit, tellement cette première lecture s'était avérée émouvante.
Le moment était peut-être enfin venu.
Dans ce récit, Joan Didion parle de sa fille Quintana Roo, morte à 39 ans après vingt mois d'hospitalisation.
Elle ne raconte pas sa maladie et sa mort, même si elle l'évoque ; non elle raconte sa fille, ses souvenirs d'elle. Et c'est aussi l'occasion pour la romancière d'aborder sa propre fragilité, de se confronter à la vieillesse qui régit maintenant sa vie.
Paru quelques années après L'année de la pensée magique, Le bleu de la nuit dévoile une femme en proie à des interrogations très intimes : aurait-elle pu mieux comprendre sa fille de son vivant ? aurait-elle du l'élever autrement ? a-t-elle été suffisamment à l'écoute ?
L'évocation de l'adoption de sa fille, du mariage de Quintana, des mots de John Gregory Dunne, son mari disparu, les souvenirs heureux à trois, tout cela fait de ce récit un texte absolument poignant qui m'a serré le cœur.
Mon admiration pour Joan Didion, pour sa sensibilité, pour sa force, grandit à chaque fois que je la lis.
Tout commence toujours par une journée ordinaire. Et tout bascule en une fraction de seconde. Un désastre, un accident, la mort d’un être aimé. Juste avant tout était banal.
Joan Didion nous livre dans ce livre sa véritable histoire sur la mort subite de son mari. Un soir, au cours d’un repas. Il était en train de lui parler et puis plus rien. Avachi, immobile. Crise cardiaque.
« La vie change dans l’instant ». Un instant qu’on n’oublie jamais.
Sans tomber dans le patho, elle nous explique son deuil, les différentes phases par lesquelles elle est passée, sa douleur, ses questions, ses interrogations, sa culpabilité, sa relation aux autres, ces petites choses qu’elle remarque après et qu’elle ne voyait pas avant, sa fusion avec son mari écrivain aussi, ses souvenirs avec lui, …
Son histoire est d’autant plus touchante que seulement 5 jours avant que son mari décède, leur fille venait d’être hospitalisée en urgence et était plongée dans le coma avec son pronostic vital engagé. Une sévère grippe qui a dégénérée en pneumonie avec choc septique.
Elle perd son mari et ne sait pas ce qu’il va advenir de sa fille, mariée depuis seulement 4 mois.
Vont s’ensuivre des journées compliquées pour Joan Didion entre les démarches des funérailles repoussées afin que sa fille puisse y assister si elle s’en sort et l’inquiétude à son sujet.
Difficile moment aussi que d’annoncer à sa fille, Quintana, à son réveil, que son père est parti pendant qu’elle était dans le coma et qu’elle ne le reverra plus.
Difficile aussi les différentes rechutes qu’elle va faire et ses nouvelles hospitalisations d’urgence parce que son corps n’arrive pas à se remettre.
Une histoire qui m'a émue, et ce d’autant plus que je sais que Joan Didion a écrit un autre livre après celui-ci, consacré à sa fille Quintana qui décèdera à son tour peu de temps après.
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