"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Morris, le père de Lucky Luke, nous a quittés en 2001. Aujourd’hui, le dessinateur Achdé a le plaisir, depuis plusieurs albums maintenant, de donner un nouvel élan vital à cette bande dessinée, sur des scénarios de l’imitateur Laurent Gerra. Comme toujours, en jouant sur les clichés liés au « Wild Wild West », nous découvrons une extension inattendue de la famille (sous la forme d’un neveu, véritable concentration de gosse gâté). Mais aussi d’une grosse somme d’argent destinée à l’éducation du gamin, cachée quelque part dans la résidence, mais pas là où Joe le pense. Avec une joie toute particulière, j’ai retrouvé Jolly Jumper, Rantanplan, Ma Dalton et Sweetie, le pénitencier, et Averell, l’estomac sur pattes. Mais le monde des riches est tout aussi impitoyable que celui des pauvres, aussi le neveu se trouve très vite mis au ban de cette bourgade aisée.
Une autre réussite de cet album se trouve dans les citations, les allusions ou les références cinématographiques qui le constellent. Du « Parrain » aux « Tontons flingueurs », en passant à un autre niveau de lecture, plus adulte, Laurent Gerra rend hommage ainsi à son ami, Georges Lautner, décédé en 2013. Et de reconnaître, ici, Bernard Blier, Jean Lefèvre ou Robert Dalban, éternel second rôle des années 1960-1970, surtout dans des emplois de majordome. Les caricatures sont toute à fait probantes. Sincèrement, une réussite.
Dans le pénitencier où ils purgent une énième peine, les Dalton reçoivent une lettre surprenante qui leur annonce qu'ils sont en charge d'un enfant, leur neveu Emmett Dalton Junior, ils de leur cousin Emmett, envolé depuis belle lurette et d'une actrice qui doit partir en tournée en France. Mais la belle a tout prévu : une forte somme pour subvenir aux besoins de son rejeton et une belle demeure à Rupin city pour accueillir la petite famille. Evidemment, il n'est pas question de laisser les bandits en liberté conditionnelle sans surveillance. C'est donc Lucky Luke qui, la mort dans l'âme, les accompagne dans leur nouvelle vie. Bien sûr, tout ne se déroule pas sans heurts. Junior combine le caractère irascible de Joe avec la boulimie d'Averell et une tendance toute naturelle à vouloir dévaliser son prochain. Et, pire que tout, les habitants de Rupin city voient d'un très mauvais œil l'installation d'une famille de hors-la-loi dans leur havre de paix.
Si le dernier opus des aventures de Lucky Luke se veut un hommage aux cultissimes tontons flingueurs de Lautner et Audiard il n'en a malheureusement ni la verve ni le génie. Bien sûr, on peut y croiser les têtes de Francis Blanche, Lino Ventura, Jean Lefèbvre et Bernard Blier, aussi deux ou trois scènes et expressions cultes du film mais c'est bien tout. Dans Les tontons Dalton, il ne se passe rien ! Quelques péripéties attendues et dépourvues d'humour, un survol rapide des évènements qui ne va pas au-delà de quelques gags qui n'arrachent pas le moindre sourire, une impression de travail bâclé, vite fait, mal fait qui aurait mérité un peu plus d'investissement. Non il ne suffit pas de puiser dans une grande œuvre du répertoire cinématographique français pour que le miracle opère et que se transfèrent les secrets de la réussite. Mais comme le dit si bien Fernand Naudin (Lino Ventura) : ''Les cons, ça osent tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît''.
De là à traiter le duo GERRA / PESSIS de ''cons'', il y a un pas que l'on n'oserait franchir mais il faut bien avouer que c'est ballot d'avoir à disposition des personnages forts comme Lucky Luke et les Dalton, de vouloir rendre hommage à un réalisateur et un dialoguiste qu'ils admirent et d'arriver à un résultat si peu inspiré et d'une telle platitude.
Rien à dire par contre à propos d'ASHDE dont les dessins, impeccables, rappellent les meilleurs heures de MORRIS. Ses personnages sont facilement identifiables, et on découvre avec plaisir, au détour d'une planche, le faciès mafieux de Robert DeNiro ou le chapeau du savoyard Marc Veyrat. Un bon point pour lui mais il est desservi scénario indigent.
Lucky Luke a beau tirer plus vite que son ombre, il a, cette fois, raté son coup.
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