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" Pas de doute, Kozel était bien observé. D’où et depuis quand ? Il n’en savait rien, mais cela n’avait pas d’importance. Ne maîtrisant pas les conditions du contact, il devait se laisser faire. C’était le jeu, qu’il aimait, avec son adrénaline et ses pulsations subites.
Un jeu toujours exigeant, parfois froid et cruel, auquel il fallait s’adapter sans tomber dans la routine ni la jubilation sinon, à coup presque sûr, on s’offrait au danger, on commettait l’erreur, on se mettait à la faute. On subissait. Nikolaï n’aimait pas subir. Il prit une cigarette, l’alluma, et se dirigea, dans la pénombre du petit port, vers le phare, sans hâte."
Une plongée dans le terrorisme islamique et les services de la DGSE, une lecture rapide captivante comme une série ou un film, rebondissement, jeu de dupe, trahison.
Islamabad, Pakistan,10 janvier 2018, un homme échappe à une tentative d'assassinat. Agressé par des hommes en armes alors qu'il se rend en taxi à l'aéroport, il parvient miraculeusement à s'échapper. Cet homme, c'est Taha Siddiqui, journaliste pakistanais.
C'est son histoire que l'on découvre dans cet album. De son enfance en Arabie Saoudite, son éducation qui devient de plus en plus religieuse à ses études, sa prise de conscience de la situation de son pays d'origine, le Pakistan, son désir de devenir journaliste pour mieux le comprendre, l'expliquer.
C'est un témoignage rare et passionnant que nous livre Taha Siddiqui. 30 ans de vie de l'Arabie Saoudite au Pakistan, de son enfance, son adolescence à son premier job de journaliste, on suit son évolution soumis à l'éducation dure de son père et l'influence grandissante de la religion sur la vie, la politique de son pays.
Hubert Maury, connaisseur du Pakistan, met en scène ce récit avec un dessin semi-réaliste presque caricatural. Son trait vif insuffle beaucoup de vie à cette chronique que l'on suit avec intérêt tout au long des 263 pages, jusqu'à l'exil à Paris après le prix Albert Londres et la tentative d'assassinat.
Cet album donne envie de découvrir le Dissident Club, lieu de rencontre parisien imaginé par Taha Siddiqui pour les dissidents du monde entier. Je ne peux que vous inciter à lire le témoignage de celui qui reste sur la liste noire établie par les militaires de son pays.
La liberté d'expression coûte que coûte, depuis plusieurs années on sait à quel point le prix peut être cher payé...
Dans ce récit autobiographique, Taha Siddiqui nous dévoile son enfance en Arabie saoudite, la radicalisation de ses parents et la sienne par accointance, son "retour" sur ses terres d'origine, le Pakistan, son adolescence, l'islamisation qui n'est pas la même partout, les mannes politiques, la diabolisation de l'ennemie, ... À hauteur et innocence d'un enfant grandissant dans une sphère cloisonnée et jusqu'à sa rencontre avec le métier de journaliste.
Coups d'états, études, islamisme, football, attentats, émois amoureux, tout ainsi s'articule, dans un climat politique ultra tendu, un jeune homme se fraie un chemin, s'émancipe des diktats familiaux, se découvre une avidité pour la vérité et finit par rompre avec celui qu' "il'aurait dû être".
L'auteur nous livre un témoignage sensible, universel et non sans humour sur une région du monde diabolisée et dont on ne sait que bien peu de choses.
Au travers des différents protagonistes, un grand pan de la société pakistanaise est ainsi décrite.
Dans la veine du poétique "Persépolis", du génial "Chroniques de Jérusalem", du célèbre "Arabe du Futur", "Dissident Club" se fait autobiographique et documentaire, un récit sensible sur une société corrompue aux enjeux multiples où l'innocence n'a pas tout à fait sa place et où chaque fragment de vérité est un combat à mener.
Pour tous•tes celleux qui aiment en savoir plus sur le monde actuel depuis l'intérieur, un coup de coeur.
En 2018, le journaliste Taha Siddiqui doit quitter sa terre natale, le Pakistan. Ce n’est pas un choix, c'est une obligation, une question de vie ou de mort.
Qu’a donc bien pu faire ce journaliste pour en arriver à choisir le déracinement plutôt que son pays ?
Il a juste voulu faire son métier, c'est-à-dire informer.
Mais informer, selon les pays dans lesquels on se trouve, n’est pas une sinécure.
Cela se fait au péril de sa vie et de celle de sa famille.
Selon RSF ( Reporters sans frontières) : “ La loi pakistanaise est instrumentalisée pour imposer un régime de censure contre toute critique du gouvernement et de l’armée.” Taha Siddiqui a fait les frais de cette loi.
Sa seule échappatoire, trouver refuge en France. Parce qu’un Prix Albert Londres reçu en 2014, quel qu’en soit le prestige, ne vous protège pas de tout.
Taha Siddiqui commence sa vie en Arabie Saoudite, parce que là-bas la vie de la famille est plus facile matériellement.
Mais rapidement, les parents de Taha se radicalisent. Il faudra dorénavant suivre les préceptes du Coran.
Mais quand on devient adolescent et qu’on veut rencontrer des filles, ruser devient essentiel. Taha et ses copains ne manqueront pas d’inventivité.
En 2000, le régime politique pakistanais change. L’armée prend le pouvoir et selon le père de Taha : “C’est la meilleure chose qui pouvait nous arriver”.
La famille Siddiqui retourne à Karachi.
L’avenir de Taha est tout tracé, faire des études et rejoindre le business de son père.
Mais le jeune homme en a décidé autrement, ce sera le journaliste, malgré ses études d’économie.
Avec Dissident club (le nom du bar communautaire qu’il a créé à Paris), Taha Siddiqui nous raconte sa vie, mais il nous relate également le processus qui a conduit à la radicalisation de sa famille.
Mais on découvre surtout le courage d’un homme qui a décidé d’informer les autres et a choisi la liberté de la presse au péril de sa vie.
Un album sur la vie de celui qui est devenu à tout jamais un réfugié politique, mais qui a trouvé le courage de continuer à se battre pour les droits des journalistes, malgré le déracinement de sa nouvelle vie.
Un très bel exemple de courage !
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