"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Quantitativement, l'oeuvre poétique de Charles Baudelaire ne représente pas grand-chose en comparaison des dizaines de milliers de vers nés sous la plume de Victor Hugo.
Mais qualitativement, il en va tout autrement. En un seul livre, le génie baudelairien a su donner sa pleine mesure. Dans une langue classique, à la fois élégiaque et dense, l'auteur des "Fleurs du Mal" a su en effet sur un métal brûlant faire vibrer intensément notre "humaine condition". On reste souvent confondu devant la perfection formelle de nombreuses pièces où jamais Baudelaire ne sacrifie le pittoresque à l'art, où jusqu'au fond de l'abîme, il brandit ses armes de lumière.
Si par maints aspects, ce poète décidément inclassable s'apparente au romantisme, au Parnasse et au symbolisme, on sent bien en vérité qu'aucun qualificatif ne le définit vraiment. Baudelaire est avant tout un esprit subtil et pénétrant, un être saturé d'émotions qui dans la matière même de sa douleur explore les possibilités de sa délivrance.
"Tu m'as donné ta boue et j'en ai fait de l'or". Cet alexandrin résume avec force l'ambition qui l'habite. Une ambition souvent réalisée car Baudelaire connaît le poids des mots et n'a jamais cessé au fil du temps de travailler et retravailler ses textes.
"La mort des amants" en offre à mes yeux un exemple frappant.
La transformation ô combien heureuse ! du troisième vers - Baudelaire avait d'abord écrit : "Et de grandes fleurs dans des jardinières" - transfigure le premier quatrain de ce célèbre sonnet :
"Nous aurons des lits pleins d'odeurs légères,
Des divans profonds comme des tombeaux,
Et d'étranges fleurs sur des étagères,
Ecloses pour nous sous des cieux plus beaux."
Ici les mots "étranges" et "étagères" créent une véritable "sorcellerie évocatoire" ; la rime même s'en trouve enrichie (légères, étagères).
Ainsi modifié, ledit quatrain sonne magnifiquement. Quelle réussite !
De tels bonheurs d'expression sont au demeurant assez nombreux chez Baudelaire. Certes ce dernier peut au besoin se laisser porter par l'inspiration mais il n'en est jamais prisonnier ; le créateur n'étouffe pas en lui le critique. A son sujet, certains exégètes ont même parlé de génie non spontané comme si le génie justement devait se passer de la clairvoyance du critique. Etrange raisonnement qui occulte la part d'efforts, d'hésitations et de doutes taraudant le cerveau d'un poète.
En art, seul le résultat compte. Et Baudelaire n'a en rien failli à sa mission.
https://www.accents-poetiques-editions.com/produit/la-blessure-des-mots/
plus qu'un livre ! je fais des fleurs du mal MON livre de chevet un vrai chef d'oeuvre !! Ouvrir ce livre c'est voyager en nous même ... et quel voyage ! sublime, merveilleux, romantique, intense, ce recueil de poésie est à lire absolument !!! Enorme coup de coeur ... chaque soir, je relirai une poésie
Pour qui ne connaît pas la poésie, lire Les Fleurs du Mal est un passage nécessaire car le symbolisme de Baudelaire nous invite au voyage, et à la contemplation de la Beauté. Pourtant Baudelaire est un être torturé : il est attiré par Dieu mais n’arrive pas à le sentir proche de lui, Dieu chez Baudelaire est un justicier vengeur et inaccessible. Alors Baudelaire s’en remet parfois à Satan, aux plaisirs qu’offrent les paradis artificiels (même s’il était plutôt pondéré dans ce domaine contrairement à ce qu’on en dit). Mais l’élan amoureux ou spirituel est, chez Baudelaire, attachement mais aussi rejet. C’est dans ce paradoxe existentiel que naissent ces fleurs du Mal : la Beauté puisée dans ce conflit ( et donc le Mal). N’oublions pas l’écriture : on lit comme on écoute une musique harmonieuse où tout est parfaitement équilibré. C’est le symbolisme teinté de romantisme aussi de Baudelaire qui nous invite au voyage : les images, représentations, sentiments s’articulent si bien, qu’elles composent une symphonie qui exalte l'âme.
Un de mes livres de chevet.
Musical, poignant, poétique, érotique parfois, et toujours sublime…
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