Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
950 pages qui couvrent soixante dix ans, de 1878 à 1948, d’une famille juive allemande.
Paul Effinger, fils d’un petit horloger de province, décide de venir s’installer à Berlin. Le jeune homme est un entrepreneur dans l’âme. Il réussit à créer une usine pour fabriquer des vis, persuadé que la production en grande quantité est l’avenir.
Son frère Ben est déjà un industriel prospère à Londres. Après des débuts chaotiques, Paul va réussir grâce à une alliance avec une autre famille, les Oppner, banquiers d’affaires.
Au fil des ans, on suit le parcours des Effinger, l’agrandissement de la famille avec les mariages, l’arrivée des enfants mais surtout le développement économique de l’Allemagne, les années de la Grande Guerre, les deuils, les conséquences économiques qui en découlent, l’arrivée des années Folles.
Mais si la famille Effinger est patriotique et se sent profondément allemande, certains commencent à prendre conscience dès le début des années 30 que l’antisémitisme progresse et menace.
Le roman se termine en 1948 sur les ruines de ce que fut la ville de Berlin.
Gabriele Tergit (1894-1982), journaliste, a connu l’exil dès 1933 en raison de sa judéité. Elle a commencé à écrire « Les Effinger » pendant son exil, le roman a été publié en Allemagne en 1951 où il n’a pas été très bien reçu.
Ce n’est qu’en 2019 qu’il a été redécouvert et a rencontré un grand succès. « Les Effinger » est depuis lors considéré comme un » roman majeur de la littérature européenne « .
C’est une peinture réaliste, passionnante à travers ses personnages, de l’Allemagne de cette époque et de ce qui a entraîné le monde dans une guerre avec toutes les horreurs que l’on connaît.
Si les gros pavés ne vous font pas peur, si vous aimez les sagas familiales, je ne peux que vous recommander vivement la lecture de cet excellent roman.
Thomas Mann nous avait décrit avec brio et une grande force d’évocation une saga familiale, celle des Buddenbrook, dont le sous-titre était :la décadence d’une famille. Gabriele Tergit renouvelle le genre dans ce roman-fleuve intitulé : « Les Effinger, une saga berlinoise ».
Dans le roman de Thomas Mann, il était question d’une grande famille de l’Allemagne du Nord, protestante. Dans celui de Gabriele Tergit, il s’agit de deux familles, juives, les Effinger et les Oppner. Paul Effinger, horloger à Kragsheim, petite ville du sud-ouest de l’Allemagne pour tenter sa chance à Berlin. Les Effinger vont se lier avec les Oppner, des banquiers juifs assimilés.
Nous sommes en 1870 et le cadre de l’Allemagne fraichement unifiée incite à l’expansion économique, à la création de nouvelle entreprise, à l’innovation et à l’esprit d’entreprise. L’industrie allemande se développe à grande vitesse et les dirigeants de l’Empire allemand n’ont de cesse que de vouloir dépasser le Royaume-Uni, puissance dominante sur le monde et sur le continent européen.
Les quatre fils de Paul Effinger voient leurs destins déjà fixés par des principes rigides : « Enfant d’artisan un jour, enfant d’artisan toujours. (…) Benno, leur fils aîné, était en Angleterre, il travaillait dans une fabrique de bonneterie à Manchester. Karl était apprenti dans une banque à Berlin. Paul était en Rhénanie. Willy apprenait l’horlogerie auprès de son père. »
Comment concevoir sa place dans une société allemande, longtemps marquée par l’antisémitisme depuis le Moyen Age, et qui a libéralisé le statut des Juifs depuis le XIXe siècle ? Comment rester fidèle à la foi, à l’éthique de ses ancêtres si l’on n’est pas spécialement enclin à afficher ses convictions religieuses ?
Waldemar Goldschmidt, descendant de la famille Oppner, donne une réponse lumineuse dans une lettre adressée à un collègue de l’Université : « Je fais partie d’une race méprisée et suis un citoyen de second rang en Allemagne. Mais j’ai un avantage qui se révélera un jour : par ma simple existence de juif, je suis témoin de la puissance de l’esprit et du refus d’employer la force. La synagogue des juifs persécutés est le dernier vestige de cette puissance de l’esprit qui a vaincu Rome. »
Gabriele Tergit souligne un autre trait de cette bourgeoise juive, entreprenante, c’est l’optimisme, la conviction que la paix entre les nations est possible si ces dernières développent leur relation mutuelle : Karl Effinger, l’un des fils de Paul, en est persuadé : « Une guerre est impossible en Europe, et elle l’est de plus en plus à mesure que se développe notre productivité industrielle. Les pays s’approvisionnent les uns les autres. Nous achetons des actions de chemin de fer américain et l’Angleterre acquiert des consolidés prussiens. »
Cette foi en l’époque des deux familles, les Effinger et les Oppner se concrétise aussi par leur implantation berlinoise dans le quartier des ministères, sur la Wilhelmstrasse. On arpente la juif, située près du jardin du même nom. Berlin s’agrandit, se modernise, capitale désignée du Reich allemand.
Après la première guerre mondiale, sous la République de Weimar, des nuages s’amoncellent. La crise économique est dramatique, l’inflation monétaire à son paroxysme. Les affaires ne peuvent plus être conduites comme avant 1914. L’apparition de courants nationalistes provoque des débats chez les Effinger et les Oppner. Nous sommes en mars 1913. Marianne, Erwin, et Lotte, enfants de Karl Oppner, débattent de l’assimilation : Marianne semble sensible aux thèses sionistes popularisées par Theodor Herzl dans son ouvrage « L’État juif », publié en 1896.
Ces personnages se posent cette question : sommes-nous chez nous en Allemagne, la création d’un foyer juif en Palestine est-elle la solution ? L’antisémitisme peut-il disparaître un jour ?
A la fin du roman, Waldemar Goldschmidt persévère malgré tout, malgré la montée du nazisme en Allemagne, malgré la nuit de Cristal de novembre 1938, dans sa foi en l’optimisme : « Nous n’avons aucun pouvoir, mais nous entretenons le souvenir du tort qui nous a été commis à travers le temps. C’est ce souvenir qui confère sa noblesse à notre peuple depuis des siècles et qui lui donne la force sans pareille de la résistance passive. »
Nous avons affaire, à la lecture de cette belle saga berlinoise, à un grand roman qui prendra une grande place dans l’histoire de la littérature allemande et européenne : un reflet de l’histoire d’une communauté, une évocation de son rôle dans l’histoire et dans la société allemande entre 1870 et 1948. À lire absolument !
Présenté comme la version juive berlinoise des « Buddenbrook » de Thomas Mann, « Les Effinger » a commencé à être écrit en 1933 pour être terminé en 1950.
Son autrice a mis beaucoup d'elle-même dans ce pavé de près de mille pages qui parcourt la période 1878-1948 au cours de laquelle évoluent quatre générations d'industriels et de banquiers allemands.
Paul et Karl sont deux frères issus d'une famille d'horloger de la Franconie. Sans être orthodoxe, le père est pratiquant. Les garçons s'envolent à Berlin pour monter une affaire de fabrication de vis. En épousant Annette et Klara Oppner, filles d'un banquier, ils rejoignent la grande bourgeoisie berlinoise.
Témoignage d'une époque révolue bouleversée par deux événements majeurs – la Première Guerre mondiale et l'arrivée d'Hitler au pouvoir -, le récit décrit par le menu le déclin d'une dynastie mais aussi les courants culturels et de pensée ainsi que les mutations économiques qui parcoururent ces décennies : expressionnisme, marxisme, communisme, socialisme, nazisme, antisémitisme, sionisme, féminisme, industrialisation...
Les échanges vifs entre les différentes générations sont le reflet de ces secousses.
Si j'ai apprécié l'acuité du panorama quasi exhaustif de ces soixante-dix années d'histoire, j'ai été moins séduite par les personnages tellement nombreux que leur psychologie n'est qu'effleurée.
Deux personnages sortent du lot : Paul, l'archétype du Juif tellement assimilé qu'il ne peut croire au projet délétère des nazis, et Waldemar, un humaniste « à l'ancienne » qui constate avec lucidité la disparition d'un monde.
https://papivore.net/litterature-germanophone/critique-les-effinger-gabriele-tergit-christian-bourgois/
Originaire de Kragsheim, bourgade allemande où son père est horloger, Paul Effinger décide d’aller tenter sa chance à Berlin. Quelques années après la fin de la guerre de 1870, la chance sourit aux audacieux et le jeune homme entend bien en profiter. Il se lance dans l’industrie puis c’est la rencontre avec la famille Oppner. L’un de ses frères, Karl, rejoint alors l’entreprise et épouse l’une des filles d’Emmanuel Oppner. Les années vont ainsi se succéder, avec leur suite d’événements : mariages, naissances, deuils… Les personnages vont traverser les grands moments de l’histoire et le lecteur les accompagnera jusqu’à l’arrivée au pouvoir d’Hitler et les persécutions dont la famille, d’origine juive, va être victime.
Véritable roman fleuve, saga familiale mais aussi historique, politique et sociale, ce livre est une somme passionnante. Parue pour la première fois en 1951, cette œuvre monumentale est restée quasiment inconnue jusqu’en 2019 où elle rencontre enfin son public et ses lecteurs.
Ce récit, à travers le destin des familles Effinger et Oppner, est un témoignage captivant de l’histoire de l’Allemagne. Début de l’industrialisation, guerre mondiale, années folles, montée du nazisme mais aussi évolution des mœurs, confrontation des générations, émancipation des femmes… c’est une analyse très complète de ces années par le prisme d’une famille de la grande bourgeoisie dont le monde change et disparaît inexorablement.
Tous les personnages sont extrêmement bien définis et Gabriele Tergit dresse des portraits d’une grande vivacité, avec leurs caractéristiques, leurs qualités, leurs défauts, leurs failles, leurs croyances, leurs inquiétudes et leurs certitudes.
L’alternance des personnages et le rythme des dialogues permettent ainsi à l’auteure de ne pas écraser son lecteur sous les plus de 900 pages que compte ce roman et de donner un véritable souffle à ce roman. On ne s’ennuie pas une seconde à la lecture et on n’est jamais tenté de sauter des pages, ce qui peut sembler être une véritable gageure compte-tenu de la densité de l’œuvre. De la même manière, aucun des personnages, même secondaire, ne parait superflu. Tous ont leur partition à jouer et leur rôle dans l’enchaînement des épisodes et dans leur imbrication.
Le récit est par ailleurs superbement servi par la traduction de Rose Labourie (traductrice notamment de Chris Kraus) qui fait une nouvelle fois preuve d’une grande justesse pour rendre justice au livre de Gabriele Tergit et qui lui donne probablement ce petit côté moderne de la langue qui ne dénature à aucun moment le récit.
Une fabuleuse idée de la part de Christian Bourgois Editeur que d’avoir remis en lumière cette œuvre majeure.
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