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« Il n'est pas facile d'écrire sur Berlin et les meilleurs s'y sont déjà cassé les dents. Peut-être qu'on ne peut faire qu'un film sur cette ville », lance un personnage du roman. C'est dire que l'auteur, Gabriele Tergit, était consciente de la difficulté de son entreprise. Elle a malgré tout tenté l'aventure et le résultat est une réussite qui lui a valu d'emblée un immense succès. Le pari était d'autant plus difficile que le Berlin dont elle parle est le Berlin des années 1930 - plus exactement entre 1929 et 1931 -, une ville en pleine transformation dans un pays en plein bouleversement. Or Tergit prend le parti de ne jamais parler de politique, sauf par de brèves allusions, et, surtout, jamais le nom d'un homme politique n'apparaît dans le roman. L'angle d'attaque choisi par Tergit est celui du journalisme. Elle connaissait son affaire puisqu'elle a travaillé longtemps comme journaliste au Berliner Tageblatt (tirage de 250 000 exemplaires en 1920) qui apparaît dans le roman sous le titre Berliner Rundschau.
L'histoire est simple et pourrait se résumer en deux mots : gloire et déclin. Gloire et déclin d'un homme répondant au nom de Käsebier. Gloire et déclin d'une société qui se croyait enfin sortie de l'inflation. Gloire et déclin des idéaux humanistes qui ont porté au pouvoir la République de Weimar, première république dans l'histoire millénaire de l'empire germanique, première parenthèse démocratique qui a duré de 1919 à 1933.
Faute de nouvelles intéressantes, un journaliste écrit un jour un article sur un petit chansonnier répondant au nom de Käsebier et qui se produit dans un cabaret des quartiers populaires. Cet article est repris par un écrivain en vue qui cherche justement une nouvelle inspiration pour répondre à une commande sur la vie à Berlin. Du jour au lendemain, le chansonnier est propulsé sur le devant de la scène et une multitude d'intérêts vient se greffer sur cette gloire montante : financiers, immobiliers, sociaux, amoureux même. Ce roman fait valser les intrigues et les amours, les carriéristes et les idéalistes, les hommes et les femmes qui, en cette période de rupture, accèdent à plus d'indépendance, de droits et d'émancipation. Il y a beaucoup de dialogues pétillants dans ce roman aux accents berlinois. Il y a du réalisme, de la satire, du drame et du grotesque. Plein de vie, il est aussi plein d'actualité, car le même système de satirisation est toujours à l'oeuvre aujourd'hui : aussi fragile que clinquant, aussi arbitraire que souvent de mauvais goût, ce que nous appelons aujourd'hui : « faire le buzz ».
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