Un roman à tiroirs original et addictif
Un roman à tiroirs original et addictif
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«Personne n’arriverait à croire qu’une survivance des moyens de communication les plus archaïques comme une carte postale puisse bouleverser un homme, moi, la vie d’un homme, la mienne; une carte postale.» Les premières lignes du nouveau roman de François Vallejo – que j’ai lu avec Un dangereux plaisir – nous en livrent d’emblée le programme. Le facteur vient d’apporter une carte postale représentant un hôtel à Davos et quelques lignes énigmatiques et anonymes qui doivent lui rappeler «queqchose». Une seconde carte reçue un peu plus tard va à peine être plus précise, mais déclencher chez son destinataire la machine à souvenirs: « Je laisse aller les images, ça ne s’arrête plus, qu’est-ce qui m’arrive? Un étranger non identifié a ce pouvoir, avec deux bouts de carton ringards, de déclencher chez moi une sorte d’enquête sur mes vacances de petit prétentieux minable de la fin des années soixante-dix. Et j’ai l’air d’y trouver mon plaisir. Des sensations auxquelles je ne pensais plus depuis longtemps m’agitent, alors qu’elles ont une valeur toute secondaire, l’ordinaire d’un adolescent en virée provisoire à l’étranger… »
Voilà Jeff à quinze ans dans le train de nuit qui va de Paris à Zurich en compagnie de sa tante Judith. Ensemble, ils se rendent à Davos respirer le bon air des Alpes suisses. Les deux jeunes Suissesses qui offrent à l’adolescent la vue de leur corps nu et son premier émoi amoureux suffiraient à son bonheur. Car pour le reste, hormis quelques impressions, le train rouge montant vers la station des Grisons, le plateau de viande séchée offert par l’hôtelier pour accueillir ses pensionnaires, il n’y a guère que quelques visages qui surgissent du néant. « Je fais le tour des visages de ce temps-là, à l'hôtel Waldheim, en premier le patron, Herr Meili, qui a pas mal compté pour ma tante, et aussi pour moi ; le personnel, oublié, sauf Rosa, sorte de gouvernante toujours en service, malgré son grand âge ; des ; des clients solitaires, des couples, des familles en vacances, tous installés dans la vie, à l’aise, de nationalités diverses (…) un noyau d’habitués, comme Mme Finke, le seul nom précis qui me revienne… »
Sauf que son mystérieux correspondant va finir par se dévoiler et lui permettre de se rafraîchir la mémoire. Frieda Steigl lui donne rendez-vous près de chez lui, à Sainte-Adresse, pour lui expliquer la raison de ses courriers et le mettre en face de ses responsabilités, car elle le croit coupable d’avoir aidé les espions de la Stasi et d’avoir provoqué un terrible drame. Car Frieda a pu remonter une partie de son histoire familiale grâce aux archives de la police politique de l’ex-RDA mise à disposition des personnes mentionnées ou de leurs descendants après la chute du mur. Si, sur les documents en sa possession, il se confirme que des espions étaient bien présents dans la station grisonne et que l’hôtel Waldheim servait bien de plaque tournante pour l’accueil de personnalités ayant pu franchir le rideau de fer et trouvé refuge à l’Ouest, Jeff n’aura du haut de sa jeunesse, de se candeur et de sa soif de découvertes n’été qu’un chien dans un jeu de quilles.
Pour lui, l’été à l’hôtel Waldheim se sont des jeux de go et d’échecs, des promenades en montagne, la découverte de l’œuvre de Thomas Mann, à commencer par La Montagne magique qui s’impose dans le lieu même où se situe le sanatorium décrit par l’auteur de Mort à Venise et Les Buddenbrook, ainsi que l’éveil de la sensualité. Il a bien observé et espionné, mais pour son propre compte plus que pour répondre à la demande de Herr Meili.
Mais Frieda Steigl ne l’entend pas de cette oreille et finira par mener son interlocuteur sur les lieux de son soi-disant forfait. C’est là que François Vallejo va lever le voile sur ce roman d’initiation qui éclaire une époque, celle de la Guerre froide.
Un roman prenant comme un bon thriller, une écriture précise et soucieuse de n’omettre aucun détail. Bref, une œuvre que le jury du Goncourt a bien raison de sélectionner pour son prestigieux prix littéraire.
D'énigmatiques cartes postales d'un expéditeur inconnu parviennent au domicile de Jeff Valdera le narrateur . Elles montrent l'Hôtel Waldheim de Davos en Suisse dans lequel il a séjourné il y a une trentaine d'années lorsqu'il avait 16 ans et y accompagnait sa tante. Elles ont été envoyées par une allemande, Frieda, fille de Stiegl, un professeur d'université qu'il y avait rencontré. Ils finissent par se retrouver. Que lui veut-elle?
Jeff semble avoir été le dernier témoin à avoir vu Stiegl encore vivant et Frieda l'invite à lui livrer ses souvenirs. Comment être précis 30 ans après ?
De vagues images qui semblent n'avoir aucun lien entre elles lui reviennent en mémoire. Qu'à cela ne tienne, qu'il livre tout ce qui lui revient, Frieda se charge d' établir des relations entre ces « divagations mémorielles ».
C'était à Davos, du temps de la guerre froide, entre Allemagne de l'Ouest et de l'Est, et de la Stasi à l'affût d'un réseau de passeurs. Jeff, l'adolescent «voyeur aveugle mais pas voyant » de ce qui se passe autour de lui dans l'hôtel, devient à son insu porteur de messages dont il ne comprend ni teneur ni la portée. Je n'en dirai pas plus.
Jeff, amené à descendre au plus profond de lui-même,se méfie, a l'impression d'être piégé, manipulé par Frieda. qui un jour disparaît, le laissant désemparé mais curieux.
C'est alors lui qui part à sa recherche dans un Davos qu'il ne reconnaît plus, où il se sent perdu mais pourtant attendu. Le mystère s'épaissit puis des pistes apparaissent.
HOTEL WALDHEIM est un roman dense, comme le sont les romans d'espionnage, mais dont l'atmosphère pesante est allégée par quelques scènes cocasses et quelques personnages pittoresques
Si je me suis sentie parfois un peu perdue dans ce puzzle qui se reconstitue peu à peu, j'ai beaucoup apprécié le lent processus de la remontée des souvenirs suscité par le flash d'une image , l'évocation de l'atmosphère désuète de l'hôtel où s'ennuie parfois l'adolescent ainsi que par le jeu trouble du chat et de la souris entre Frieda et Jeff, partagé entre réticence et attraction face à cette étrangère en recherche de vérité sur la mort de son père et de sa propre identité.
L'auteur a choisi pour ce roman circulaire dont les dernières lignes renvoient aux premières, un dénouement ouvert,et distillant ainsi le mystère d'une autre disparition .
L'écriture de Vallejo joue habilement de l'intrusion du passé dans le présent, et a l'art de restituer le flot de la pensée, en mêlant dans un discours indirect libre très fluide, monologue intérieur et propos tenus , dit et non dit.
Elie Elian n’aime pas manger la nourriture insipide que lui servent ses parents. Pourtant, il est fasciné par le ballet qui s’exécute à l’arrière du restaurant qui a ouvert dans son quartier. La révélation, ce sera une voisine qui lui en fournira l’occasion en lui offrant une tarte aux fraises. Elie sera cuisinier.
Le chemin qu’il choisit sera parsemé d’embûches car il n’est pas facile de se faire embaucher ailleurs qu’à la plonge ou à la pluche. Certains sauront remarquer en lui le feu sacré et le goût des belles et bonnes choses.
François Vallejo signe un roman truculent autour de la cuisine et de la nourriture. Elie Elian n’est pas sans rappeler l’étrangeté et la quête d’absolu de Jean-Baptiste Grenouille du Parfum de Süskind. La comparaison s’arrête là car je n’ai pas éprouvé sur le plan gustatif ce qu’était parvenu à faire suer Süskind sur le plan olfactif. Très bien écrit, je n’ai pas été complètement convaincue ni embarquée par l’histoire.
#explorlecteurs2016
Au départ, j'ai été intriguée par la couverture : la photo de mains tenant des fraises et le titre "un dangereux plaisir".... Quel était le sujet ? Je n'ai pas voulu lire la 4eme de couverture pour avoir le résumé. Je voulais découvrir ce livre sans aucun a priori.
Ensuite, au démarrage, la description me faisait hésiter entre une scène de meurtres organisés en masse ou des bouchers à l'ouvrage. C'était bien le 2nd sujet. Puis, des précisions m'ont fait penser au thème de l'anorexie jusqu'à ce que je comprenne que le problème avec la nourriture d'Elie Elian allait l'emmener vers le désir d'être cuisinier....
Elie Elian, enfant, n'aime pas se nourrir. La faute à ses parents, d'anciens riches, qui, pour des questions d'économie, lui font manger une nourriture insipide... Cela lui génère un dégoût fort de la nourriture... Jusqu'à ce qu'une voisine lui fasse goûter une tarte aux fraises et crée ainsi une vocation de cuisinier.
La route est longue pour qu'Elie puisse exercer son métier, celui dont il sait qu'il est "fait pour lui."
L'auteur, François Vallejo, écrit dans un français fluide et descriptif. Ce livre se lit facilement.
J'avoue qu'il y a beaucoup de surprises dans ce roman, car à part deviner en amont la vocation d'Elie, je n'avais pas imaginé la façon dont le scénario évoluerait. J'aime être dans une histoire à rebonds et qui ne se devine pas : j'apprécie que l'auteur soit "insaisissable" dans son intrigue. Et là, j'ai été servie par l'imagination féconde de François Vallejo. Et la fin, est particulièrement soignée, imprévisible (quoique pour les plus imaginatifs), le festin est en cascade. Ce dernier sursaut la fait penser même si la trame est différente au parfum de Patrick Suskind.
Cet ouvrage de 309 pages a quatre chapitre autour du "temps de" : celui de la faim, de l'appétit, de la férocité et des festins. Autour de ces moments de nourriture et de montée en compétence d'Elie, son personnage évolue. Après une grande période de galère, il devient cuisinier et expérimente. Je ne vais pas déflorer le scénario et les rebonds... L'intrigue est bien menée. En lisant, j'ai eu envie de savoir la suite, et encore la suite et... les 300 pages sont passées rapidement.
Beaucoup de thèmes sont abordés : le lien, voire une certaine analogie, entre le désir sexuel et le désir de bien manger. La connexion entre la passion d'un chef qui génère une nourriture goûteuse et la qualité de son art.... Tant que la passion est là. La question de la perte du sens même d'une passion et ses effets sur l'énergie que le cuisinier peut mettre dans sa cuisine... Le risque de perdre sa passion, tel un artiste dont l'art s'essouffle...
Ce roman est riche tant dans le scénario, que dans la montée en gamme du protagoniste principal... Et que l'on aime ou pas la fin, François Vallejo, avec ce nième roman (je n'en avais pas lu avant) propose une autre lecture de nos plaisirs gustatifs au travers de l'ascension/la vie d'un cuisinier qui veut bouleverser les papilles de ses clients. A déguster, ne serait ce que pour l'originalité de l'approche.
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