Les billes du Pachinko, le deuxième roman d’ Elisa Shua Dusapin, aux éditions Zoé
Les billes du Pachinko, le deuxième roman d’ Elisa Shua Dusapin, aux éditions Zoé
Merci à Joëlle G, lectrice, pour son passionnant reportage
Première réaction à la découverte du titre : « C’est où Sokcho ? ». Et bien sachez qu’il s’agit d’une petite station balnéaire côté sud de la frontière entre les deux Corées. Cette ville portuaire populaire lors de la saison estivale est en revanche et déserte et glaciale en hiver. C’est justement dans ce décor que Elisa Shua Dusapin imagine une rencontre entre deux êtres que tout oppose ou presque, mais qui va s’avérer douce et sensuelle.
C’est le récit intime d’une franco-coréenne en quête d’identité, enfermée dans sa ville natale, Sokcho. L’arrivée d’un dessinateur français dans la pension où elle travaille va provoquer chez elle un réveil existentiel.
La communication n’est pas toujours facile entre les deux étrangers, les non-dits s’accumulent, les différences culturelles creusent l’écart et les vexations de la jeune fille. Malgré tout se tissent entre eux des liens à la fois improbables et précieux.
Le texte est très agréable à lire, aéré, joliment écrit, il faut se laisser porter par le rythme et la musique des mots toujours bien choisis.
L’ambiance du récit est froide, l’action tâtonne, les corps se frôlent, les sentiments se révèlent et se gomment aussitôt.
Tout est en retenu. La vie quotidienne est rythmée par les repas, les plats traditionnels, les préparations ancestrales.
Qu’on se le dise, « Hiver à Sokcho » est avant tout un roman d’atmosphère. C’est également un joli voyage à Sokcho, ville côtière proche de la frontière entre les deux Corée, voyage contemplatif mais aussi culinaire. un homme solitaire, errant de pays en pays.
Les odeurs, les saveurs, les bruits, les détails du paysage hivernal saisissent le lecteur, enchantée et plongée dans une Corée à l'écart de la mégalopole de Séoul et de son modernisme extrême à l'image des deux personnages en quête d'eux-mêmes ou de l'autre.
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Reste que la trame narrative et l’histoire d’amour en elle-meme manquent de consistance et souffrent surtout d’un format trop court (146 pages).
Un joli texte sans prétention. Sans être renversant, cela reste la découverte d’une jolie plume (Elisa Shua Dusapin) et d’un ailleurs (Sokcho).
Une jeune femme, employée dans une pension du côté de Sokcho, à la frontière de la Corée du Nord, s'ennuie dans son quotidien monotone. L'arrivée d'un touriste français, auteur de bandes dessinées, va bouleverser son quotidien. Le temps d'une parenthèse, leurs univers se confrontent dans une séduction aussi mutique que suggérée. Yan Kerrand parviendra-t-il à trouver l'inspiration qu'il recherche ?
Ce roman est une œuvre tout en finesse et délicatesse, où les personnages sont curieux de l'autre, de l'ailleurs et de la culture. Ils se scrutent, s'observent, s'interrogent, pris dans un tango à la fois sensuel et animal, qu'ils provoquent et réfutent malgré eux. Ce jeu de séduction est à la fois fascinant et déroutant, nous entraînant dans un voyage fantasmé, où chaque échange est marqué par des demi-mots et des silences éloquents.
À travers des formules échangées et des regards furtifs, deux mondes différents s'attirent et se repoussent comme des aimants contraires. Nous devenons les témoins d'une intimité subtile et évanescente, aux multiples facettes. L'auteure distille avec art l'érotisme, la latence et l'ambiguïté, ménageant habilement ses effets. Le temps semble suspendu, laissant place à une réflexion sur l'identité, l'inspiration, les peurs et les influences.
La Corée, scindée et contrariée, se dessine en toile de fond, apportant une dimension supplémentaire à cette rencontre troublante. Le charme opère de manière évanescente et troublante, nous submergeant dans une atmosphère où tout semble à la fois fragile et intense.
Je pense que je suis passée à côté de ce roman.
J'ai aimé suivre Agathe de retour dans la maison familiale pour la vider. Elle y passera quelques jours avec sa soeur.
L'occasion pour elles de ne toujours rien se dire d'important sur leur vie.
A force d'élipses, l'autrice ne m'a pas permis d'accrocher au vécu des deux soeurs. Même le non-dit à propos de la fausse-couche devient lassant de silence.
Et puis ses odeurs de fromage....
Ma sœur et mon malaise
Dans son nouveau roman, Elisa Shua Dusapin raconte les retrouvailles de deux sœurs après la mort de leur père. En vidant la maison familiale, elles vident aussi tout ce qu'elles ont sur le cœur. Leurs ressentiments, leurs incompréhensions, leur... amour.
Agathe a passé son enfance dans le Périgord avant de partir dans une famille d'accueil aux États-Unis. Ce séjour, qui devait durer le temps du lycée, s'est prolongé. Désormais, elle vit et travaille outre-Atlantique. Quand s'ouvre ce court roman, elle revient après des années d'absence pour aider sa sœur à vider la maison familiale qui a été vendue.
Leurs retrouvailles se font dans une ambiance lourde, car Véra, de trois la cadette, a ressenti le départ d'Agathe comme une trahison. Car sa sœur a choisi l'exil après l'aphasie dont elle a été victime. Sans doute n'a-t-elle pas supporté la charge mentale de son quotidien auprès de sa cadette qui ne parlait plus. Elle l'a certes aidée à surmonter son handicap, constaté sa volonté d'apprendre à lire et à écrire, mais elle a aussi dû faire face à l'incompréhension et aux quolibets des collégiennes, volontiers cruelles.
Très vite, elle va pourtant se rendre compte que Véra a changé, que les années de séparation lui ont plutôt été bénéfiques, même si elle a sans doute aussi été contrainte de s'adapter. Car il a bien fallu qu'elle s'occupe de son père durant ses dernières années d'existence, remplir les tâches ménagères et gérer les questions administratives, cuisiner et trouver le moyen de communiquer sans pouvoir parler. Elle va aussi constater l'efficacité de son organisation pour vider la maison, au point d'avoir soudain peur de finir trop vite et d'avoir du temps disponible qu'il lui faudrait bien partager avec sa sœur.
Alors, elle souligne qu'elle n'est pas en vacances et qu'elle doit travailler à l'adaptation en série de "W ou le souvenir d’enfance", le roman de Georges Perec. La production l'a choisie comme dialoguiste et vu la renommée des acteurs pressentis, elle n'a pas droit à l'erreur.
Alors que les souvenirs ressurgissent, qu'elle croise une ancienne connaissance, leur relation va prendre une autre tournure.
Depuis Hiver à Sokcho, on sait combien Elisa Shua Dusapin aime les ellipses et la suggestion. Ici, son style tout en retenue fait merveille. On ressent plus qu'on exprime des émotions à fleur de peau. Cette économie de moyens nous offre ainsi quelques jolies formules, comme lorsqu'Agathe relate sa rencontre avec Irvin, qui partage désormais sa vie à New York: «tout ce que j'avais connu s’est révélé idiot face à ma découverte de sa peau contre la mienne.» En une phrase tout est dit. Et fort joliment.
NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. En vous y abonnant, vous serez par ailleurs informé de la parution de toutes mes chroniques.
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