"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Le 21 février dernier, quatre-vingts ans après son exécution par les nazis, le résistant arménien Missak Manouchian entre au Panthéon, accompagné de son épouse Mélinée. À travers lui, c’est à tous les résistants étrangers morts pour la Libération que la France rend hommage.
Pour avoir lu pas mal de livres sur la Seconde guerre Mondiale, j’avais bien entendu parler de Missak Manouchian, mais il est vrai que je ne savais rien sur ses faits d’armes, ni à lui, ni à ces hommes et femmes qui ont lutté contre l’ennemi.
Cette BD nous permet de découvrir plus en profondeur qui était Missak Manouchian, plus particulièrement sur les 6 mois qui ont précédé son exécution.
Missak Manouchian arrive en France vers l’âge de 15 ans, après avoir été victime du génocide arménien. Lorsque la guerre éclate, il est ouvrier, poète et fait partie du Parti communiste, notamment les FTP-MOI. Après plusieurs attentats contre l’ennemie, c’est finalement la coopération entre les brigades spéciales et l’occupant allemand qui arrêteront les membres du réseau Manouchian.
Après un procès expéditif, profitant à la propagande allemande, les 22 membres du groupe sont fusillés au Mont Valérien.
L’ambiance de l’époque est très bien rendue et les planches de dessin, sont assez lisses, rendant hommage de belle manière à ces hommes. Le scénario est précis et on en apprend beaucoup sur la résistance, son fonctionnement et les différentes personnes qui ont gravité autour de Manouchian, tout en abordant des questions restées en suspens, notamment le rôle joué par le PCF.
J’ai moins apprécié les parties sur le débat des années 80, sur les faits historiques et politiques, qui vient doubler le récit de faits appris au cours de l’Histoire.
Même si j’ai apprécié l’ensemble, et qu’il est difficile de ne pas aimer, j’ai trouvé que cela manquait de profondeur et j’aurais aimé que la BD aborde la vie de Manouchian avant la Seconde Guerre mondiale, car elle a nécessairement influencé ses choix de vie ainsi que ses décisions.
https://julitlesmots.com/2024/05/31/missak-manouchian-mort-pour-la-france-de-jean-pierre-pecau-eduardo-ocana-et-maz/
Paris, juillet 1943Alors que les groupes de combat FTP-MOI (francs tireurs partisans et main d'œuvre immigrée) subissent une répression féroce, Missak Manouchian se voit proposer de devenir chef militaire du groupe d'île de France. Objectif: former de nouveaux groupes et reprendre les actions le plus vite possible. Missak se sent en danger, il se dit observé. Par qui ? La brigade spéciale des renseignements généraux ? Des cadres du PCF ?
Après "Les 100 derniers jours d'Hitler", Jean-Pierre Pécau nous raconte les derniers mois de Manouchian. Lui et son groupe ont-ils été trahis ? Sacrifiés ?A partir d'une bibliographie dense mais aussi du film un temps censuré de Bosco Boucault "Des terroristes à la retraite", il questionne les causes de leur arrestation, des interrogations qui furent relayées par Mélinée Manouchian elle-même qui accusa le Parti Communiste Français d'avoir permis la capture du groupe.
Eduardo Ocana dessine ces six derniers mois avec une justesse et une ambiance vintage adaptée. Le dessin est sobre, plutôt gris et terne, et raconte sans esbroufe les dernières actions, les filatures des brigades spéciales, et met en scène une émission de tv des années 70 qui questionne les évènements.
Une BD de plus sur Missak Manouchian ? Et bien non, c'est plus que ça. Cet album prend un angle audacieux et intéressant. Il dépasse le simple hommage au combattant Manouchian et se concentre sur ses derniers mois d'existence en révélant les zones d'ombre troublantes. Et c'est forcément passionnant !
Que ces BD sont belles et utiles !
En lisant Bartholdi, la statue de la Liberté, second tome, après Viollet-le-Duc, l’homme qui ressuscita Notre-Dame, de la série Les Bâtisseurs, chez Delcourt, j’ai appris toute l’histoire de cette œuvre d’art, symbole impressionnant érigé sur l’île de Bedloe, devenue, depuis, Liberty Island, et qui accueille tous ceux qui arrivent à New York par la mer.
On ne le rappelle jamais assez mais c’est un Français, Frédéric Auguste Bartholdi (1834-1904), né à Colmar, qui, conseillé par Édouard Laboulaye (juriste et homme politique) a imaginé et réalisé ce projet fou malgré quantité d’obstacles techniques, psychologiques et surtout financiers.
Tout cela, Salva Rubio le raconte très bien, se permet quelques écarts pour la cohésion de la narration, comme il l’explique précisément dans les pages documentaires à la fin de la BD.
L’ensemble est superbement dessiné par Eduardo Ocaña, des dessins impressionnants avec des perspectives osées qui me mettent au cœur d’une réalisation gigantesque. Cela est rappelé plusieurs fois : depuis le Colosse de Rhodes, deux mille ans auparavant, aucune autre statue de cette taille n’avait été réalisée.
Si le dessin est précis, les couleurs de Maz ! sont justes et belles. Les teints des visages sont toujours parfaitement adaptés à ce qui se passe dans la tête du personnage.
Dans son parcours extraordinaire, Bartholdi rencontre Ferdinand de Lesseps en Égypte où son désir de gigantisme prend forme. D’ailleurs, de Lesseps, très imbu de sa personne avec son canal de Suez, n’aide pas beaucoup Bartholdi. Par contre, Eugène Viollet-le-Duc est précieux, comme Gustave Eiffel. Tous les deux, ils font profiter Bartholdi de leur expérience.
Importante aussi est l’aide de Joseph Pulitzer qui, de simple journaliste quand il rencontre Bartholdi, est devenu directeur du New York World. C’est lui qui lance la souscription auprès des gens du peuple. Les plus pauvres n’hésitent pas à donner, ce qui pousse le Congrès à enfin débloquer les fonds permettant de boucler le budget.
Quand des images magnifiques, éloquentes, relaient le texte, c’est efficace et cela emballe ma lecture alors que Bartholdi déprime, veut tout abandonner. Heureusement, Pulitzer…
Bartholdi, la statue de la Liberté, est une BD captivante, instructive, importante pour connaître l’œuvre de celui qui a réalisé aussi, entre autres, le Lion de Belfort.
Un grand merci à Vincent pour cette BD qui me rappelle aussi qu’à Paris, sur la Seine, à hauteur du Pont de Grenelle, sur l’île aux Cygnes, près de la Maison de la Radio et de la Musique, on peut admirer un copie de la fameuse statue mais aussi à Roybon (Isère), sur la place centrale du village, et dans bien d’autres endroits encore. Auguste Bartholdi aurait aimé voir ça…
Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2023/11/rubio-ocana-maz-bartholdi-la-statue-de-la-liberte.html
Quelle bonne idée ont eu les éditions Delcourt de lancer cette série consacrée aux Bâtisseurs ! Surtout, en commençant par Viollet-Le-Duc, l’homme qui voulait ressusciter Notre-Dame, Salvio Rubio, Eduardo Ocaña et Maz ! sortent d’un quasi oubli, un homme qui sauva une quantité impressionnante d’églises, de cathédrales, de châteaux.
Tout cela n’est pas si loin puisque nous sommes au XIXe siècle et tous ces monuments menacent ruine. Pour avoir admiré et visité la Cité de Carcassonne, le château de Pierrefonds et, bien sûr, Notre-Dame de Paris, j’ai toujours eu beaucoup de mal à comprendre les critiques envers cet architecte hors normes.
Il est vrai, comme Salvio Rubio l’explique très bien dans les pages documentaires qui clôturent cette magnifique BD (Merci Vincent !) que Viollet-Le-Duc a eu tendance à en faire un peu trop… Pour moi et pour la plupart des gens, ce n’est pas grave. Seuls comptent le régal des yeux et la sauvegarde de monuments qui font notre fierté nationale.
Justement, cette BD commence avec le terrible incendie du 15 avril 2019 : Notre-Dame en flammes ! La flèche s’effondre. Heureusement, les statues qui l’ornaient étaient à Périgueux pour y être restaurées…
Après avoir subi les caprices des rois, la colère des révolutionnaires, les séquelles du temps et être devenue même un simple entrepôt, Notre-Dame revenait sur le devant de l’actualité en 1832, grâce à Victor Hugo et son fameux « Notre-Dame de Paris ». Notre grand écrivain, furieux, voyant dans quel état est la cathédrale, dit toute sa colère à Prosper Mérimée qui est Inspecteur des Monuments historiques.
Rien n’est simple à ce moment-là car l’hostilité de l’Académie des Beaux-Arts est manifeste : on déteste le style gothique. On lui préfère le classicisme grec ou romain.
C’est un simple dessinateur qui a femme et enfant, Eugène Viollet-Le-Duc, que Mérimée veut voir car il est connu pour son attrait envers le style gothique.
L’histoire est lancée. Le scénario concocté par Rubio me fait partager doutes et inspirations, combats et réussites d’un homme qui doit délaisser sa famille pour mener à bien son plus grand projet : rendre à Notre-Dame toute sa grandeur.
Il faut beaucoup d’argent, des maçons, des charpentiers, des spécialistes du plomb, des ferronniers, des menuisiers et surtout un maître d’œuvre efficace et présent sur le chantier quand l’architecte est en province.
Cet homme oublié, Rubio, Ocaña et Maz ! lui rendent justice. Il se nomme Jean-Baptiste-Antoine Lassus. Il a 7 ans de plus que Viollet-Le-Duc et a déjà restauré la Sainte-Chapelle, tout près de Notre-Dame.
Même s’il est impossible d’être exhaustif dans une BD, les auteurs m’ont bien fait comprendre toute l’évolution d’un chantier immense, mené à bien avec les moyens de l’époque. Louis-Napoléon Bonaparte qui devient Napoléon III, personnage contesté, aura un rôle positif pour la réussite du projet de Viollet-Le-Duc.
Chaque dessin de Eduardo Ocaña montre bien le travail énorme réalisé. Les images bien tristes des obsèques de Lassus offrent des visages impressionnants. Enfin, quatre pleines pages me régalent avec la flèche terminée et Notre-Dame dans toute sa splendeur. La vue aérienne finale est un bonus très apprécié.
Puisqu’il faut sauver Notre-Dame à nouveau et que le chantier semble bien avancé, l’idée était excellente de rappeler l’œuvre de Viollet-Le-Duc pour redonner toute sa splendeur à un monument débuté en 1163, pour lequel les travaux avaient duré deux cents ans mais qu’il fallait impérativement sauver… comme aujourd’hui.
Rendez-vous est donné le 8 décembre 2024 pour la réouverture de la cathédrale !
Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2023/11/rubio-ocana-maz-viollet-le-duc-l-homme-qui-ressuscite-notre-dame.html
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