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Nul besoin d'avoir lu les récits des voyages de Bougainville pour attaquer la lecture de ce supplément car l'auteur ne prend que le prétexte des pérégrinations de son compatriote pour développer sa théorie de la loi naturelle.
S'appuyant sur une vision linéaire du temps visant nécessairement au progrès technique,Diderot constate que les sociétés polynésiennes ont stagné dans une sorte d'enfance de l'humanité, à la manière du bon sauvage de Rousseau. Si cette stagnation leur vaut une disqualification d'office dans l'ordre intellectuel, elle leur confère, selon l'auteur, un avantage moral: suivant les lois de la nature plutôt que celles de la religion ou du droit, les tahitiens seraient plus heureux que les occidentaux. Ce sera la seule et unique thèse de ce petit livre.
Petit hic: ce livre n'est en rien un livre d'ethnologie ou de sociologie, l'auteur n'ayant jamais mis les pieds en Polynésie et ignorant tout des coutumes locales en matière de morale, de lois et de religion, pourtant très présentes dans ces régions. Il préfère donc faire l'impasse sur ces questions pour ne se focaliser que sur un seul point: la liberté sexuelle(masculine bien sûr). Estimant que les tahitiens n'ont pas de lois en matière de sexualité, il en décrit pourtant lui-même plusieurs, démontant de la sorte son semblant d'argumentation: exclusion de la sexualité des femmes stériles, enceintes ou trop âgées, obligation de s'offrir à tous dans le seul but de procréer, valeur marchande des enfants qui incite à en avoir le plus possible.
Malheureusement, ce livre n'est pas non plus un essai de philosophie, car l'argumentaire est inexistant. On suppose que loin c'est mieux ,voilà tout, l'exotisme suffira bien à convaincre le lecteur!
Dernière déception, le texte n'est pas non plus un texte littéraire, c'est un vague dialogue entre deux personnages, sans contexte, sans intrigue et sans style.
Une platitude consternante ressassant les théories rousseauistes en vogue dans le siècle des Lumières. Un seul point positif dans ce chef d'oeuvre de médiocrité: le livre est très court, on en a donc vite terminé...
Très court roman de 60 pages, ce conte, qui n'en est pas un, de Denis Diderot raconte en fait deux contes !
Le premier met en scène Tanié, très amoureux de Madame Rayner, femme vénale, qui n'en veut qu'à son argent, argent insuffisant au point qu'il est parti faire fortune au bout du monde ...
Le second raconte l'histoire de Melle de La Chaux qui s'est tellement investie auprès de Gardeil, qu'elle en a appris le grec, l'hébreu, l'italien, l'anglais pour lui préparer des traductions. Elle est exploitée professionnellement par Gardeil, mathématicien, helléniste, professeur de médecine et de mathématiques (multitâche donc cet homme du XVIIIème siècle, précurseur des slasheurs d'aujourd'hui !), mais elle l'aime et lui est si dévouée jusqu'au jour où il la quitte et qu'elle se laisse mourir !
Deux contes si remplis de personnages qu'ils en sont confus, mais dont le thème est intemporel ...
A lire !
Diderot, homme libre par excellence, n'osa pas publier "La Religieuse" de son vivant. L'entreprise aurait été trop risquée, quelques années avant la Révolution Française. Pour qui prend l'initiative de découvrir ce texte, la décision de Diderot ne souffre aucune contestation. Aujourd'hui encore, le parcours de Sœur Suzanne ferait scandale dans de nombreux pays. La modernité de l'écriture de Diderot m'a bouleversé tout au long de ma lecture. Il défend dans ces pages la cause des femmes avec la même force que certains penseurs du vingtième siècle. A contre-courant de l'opinion publique de son époque, il montre le besoin d'égalité entre les femmes et les hommes. Le combat de Sœur Suzanne contre la majorité de ses compagnes d'infortune laisse imaginer l'étendue du chemin à parcourir. Près de deux-cent trente ans plus tard, il nous semble naturel que les femmes recherchent leur bonheur en tant qu'individus libres et indépendants. Relire Diderot est un antidote incontournable pour tous ceux qui seraient tentés de baisser la garde face aux forces aspirant à remettre cette émancipation en cause.
Je "devais" lire ce livre, et, pour être honnête, n'étais pas franchement emballée.
A première vue, la lecture de descriptions de tableaux semble fastidieuse.
En réalité, j'ai pris beaucoup de plaisir à lire les Salons, et j'en lirais encore bien volontiers ! Si je le pouvais, je prendrais sous le bras M. Diderot et l'emmènerais aux expositions et galeries du moment et débattrais avec lui avec joie !
Un seul bémol: l'ouvrage est légèrement répétitif. Peut-être parce qu'il n'y avait pas autant de styles à cette époque qu'à la nôtre ? Au moins, l'ouvrage nous invite à distinguer des subtilités entre les styles des peintres de l'époque et percevoir les influences réciproques des artistes du XVIIIème siècle.
Un point agréable de l'ouvrage: certains tableaux sont publiés à côté des descriptions, ce qui permet d'une part d'apprécier les descriptions et critiques de Diderot et d'autre part de se faire son propre avis. Dommage que certaines oeuvres ne soient pas reproduites.
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