"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Un récit déchirant d’amour et de survie dans un univers désolé. L’écriture minimaliste et la puissance émotionnelle en font une œuvre aussi sombre que lumineuse.
Et voilà, nous y sommes, l’Apocalypse a bien eu lieu ! Il y a bien quelques survivants dans ce monde dévasté et nous allons suivre deux d’entre eux, un père et son fils qui marchent en direction du Sud en poussant un charriot contenant quelques objets hétéroclites, vestiges d’un autre monde, en quête de nourriture, d’un abri pour pouvoir dormir…
Tout est noir, noyé dans la poussière et les décombres, le père et le fils tentent de progresser, évitant les pièges car les autres humains survivants ne sont pas forcément animés de bonnes intentions et la complicité qui existe entre eux est émouvante. A part la poussière et les ruines, il n’y a de traces d’autres animaux, il n’y a plus d’oiseaux par exemple…
Les dessins sont sublimes, toutes ces nuances de gris, de noir, se suffisent pratiquement en elles-mêmes, le texte est parfois superflu. En fait, je suis tombée sous le charme des planches en regardant un mini-reportage sur ARTE (à la fin du JT, il y a toujours cinq minutes consacrées à l’art et là, cela a été le choc, j’étais littéralement foudroyée donc je l’ai rajouté illico à mes suggestions à la médiathèque.
J’ai décidé de lire cette BD, alors que je n’ai pas encore lu le roman qui fait partie comme quelques-uns (1984 par exemple) de ma bibliothèque mais dont je redoute de tourner les pages, tant cela me semble prémonitoire. Je m’étais promis de lire le roman avant d’ouvrir la BD, mais elle était bien en vue à la médiathèque alors, plus d’excuse !
Ce travail est magistral, par contre, je déconseille la lecture en période de morosité, car en refermant la BD, la mélancolie et le désespoir devant l’état de la planète m’attendaient à la sortie. Par contre, je n’ai pas vu le film et je ne regarderai probablement pas, au cinéma il y a une autre dimension, du fait du mouvement qui pourrait me « traumatiser davantage.
Finalement, je lirai peut-être « Le rapport de Brodeck » de Manu Lancenet : j’ai beaucoup aimé le roman, mais je redoutais les images qui pourraient modifier ce qui j’avais imaginé à la lecture.
https://leslivresdeve.wordpress.com/2024/08/21/la-route-de-manu-lancenet/
Monsieur McCarthy, où que vous soyez, je voulais vous remercier.
Vous m’avez entrainée au cœur de vos paysages grandioses qui n’en finissaient plus de se perdre dans les confins de l’Amérique.
J’ai côtoyé, en vous lisant, des personnages marginaux, hors de la civilisation, dignes, émouvants, blessés et tellement attachants. Les John Grady Cole, Suttree, Rinthy Holme, Billy Parnam, Bobby Western et autres antihéros. J’ai été submergée par la beauté de l’âme de ces déshérités et j’ai plongé avec eux dans la noirceur de leur destin. Ils sont tous dans mon cœur.
Vos romans ont inspiré tous les instants de ma vie. Les images vivantes et saturées de détails, les senteurs sauvages, le souffle du vent, de la poussière, sont autant de tableaux vivants qui restent gravés en moi.
De la noirceur du monde, vous avez conclu votre œuvre par la noirceur de l’âme, avec Alicia, cette jeune femme schizophrène qui est l’héroïne de votre dernier roman, Stella Maris.
Elle est déchirante, de profondeur, d’intelligence, de désespoir aussi et j’éprouve beaucoup de tendresse pour cette perle de femme qui a accompagné vos derniers jours.
Mais ce n’est pas ce roman, niché entre les quatre murs d’une clinique psychiatrique, dont je me souviendrai, même si je comprends qu’Alicia germait dans chacun de vos personnages depuis déjà bien longtemps.
Alors je garde ce livre dans un petit coin de ma bibliothèque, parce qu’il est de vous et que tous les autres illuminent mes étagères de leur puissance. Et je continuerai à chevaucher, en vous lisant, au milieu des grandes plaines américaines, bercée par vos mots que j’aime tant.
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