Envoyez-nous vos questions et notez bien la date : ce sera le 15 novembre à 19h sur « Un endroit ou aller »
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10 livres chroniqués par les Explorateurs, 10 chroniques à découvrir !
On ouvre le recueil, on pose le pied sur le parquet de l’enfance qui craque et nous voilà embringués sur un frêle esquif où « grincent aussi / les planches du radeau »
Ce radeau, c’est celui sur lequel s’est embarquée « l’humanité entière ». L’allégorie est puissante, on pense au « radeau de la Méduse » tableau de Géricault qui a peint le sort effroyable des naufragés et l’on se demande quel est le but ultime de ces hommes, tous embarqués dans la même galère :
« Sur le radeau/ chaque être ne tend finalement/ que vers l’absurdité du voyage ».
On sait qu’il n’y aura pas de retour car « jamais le radeau ne revient en arrière ».
On vogue aussi dans l’infiniment petit, dans le prosaïque : « Le rafiot semble une simple épluchure/ aspirée par un siphon. » Car notre humanité agglutinée ne pèse pas lourd dans l’immensité du monde.
Parmi tous ces personnages qui se partagent l’espace étroit du radeau, hommes, femmes, enfants, jeunes ou vieux, il y a une figure qui s’élève au-dessus d’eux, celle de Yorick « surgi d’on ne sait quel recoin », Yorick, bouffon du roi dont le crâne apparait dans « Hamlet ». Mais ici, il est bien vivant qui « esquisse de loin/ le geste d’une caresse ». Yorick, qui n’a peur de rien, surtout pas de l’orage et qui a gardé son humanité face aux nourrissons alors que « chacun tente de refouler son désir/ de cette chair sucrée, tente ! ... » Et l’on repense au radeau de la Méduse où le cannibalisme s’est imposé comme moyen de survie.
Tandis que les enfants s’oublient dans le jeu pour échapper au poids du présent, la vie du radeau est rythmée par le pouvoir du monarque et de ses ministres. Il y a un tribunal et des soldats, toute une absurdité pour qu’une minorité puisse affirmer son pouvoir sur le reste des hommes.
« D’un bout-à-l ’autre du radeau/ l’armée défile/ Tous doivent la regarder passer/ … Tous doivent chanter l’hymne. »
La religion est présente, certains croient en « Toutenhaut » et d’autres « adorent plusieurs divinités » auxquelles ils font des offrandes. Il y a deux cultes qui « se livrent une guerre sans merci ». Mais rien ne repousse la mort ni la folie « comme seul mode d’existence ».
Et puis la fin du voyage, où le terminus a « l’abrupt du gouffre » et se clôt sur « l’immense éclat de rire de Yorick, le dernier »,
Ce long poème se présente comme une épopée narrant les vicissitudes d’une humanité condamner à un voyage sans retour. Tout du long, la poétesse convoque nos démons, évoque notre fin inéluctable. Pourtant, malgré la cruauté du sujet, l’humour et la dérision sont là, souvent portés par la figure emblématique de Yorick.
On frissonne parfois à la lecture mais on embarque jusqu’au bout du voyage avec ces compagnons du radeau qui nous ressemblent tant.
Chantal Dupuy-Dunier dit de la poésie qu’elle « est un travail d’artisan et d’orfèvre du langage, une recherche du sens à donner à notre vie minuscule, une source à laquelle se désaltérer. »
Désaltérons-nous donc à la source de cette écriture belle et tragique.
Décontenancée par cette lecture qui n'a ni queue ni bec sans mauvais jeux de mots... , malgré effectivement une certaine poésie dans l'écriture. Une envolée lyrique sur un mal profond, il faut s'accrocher aux branches ...pour poursuivre la lecture. Des phrases courtes qui rythment, scandent la lecture. A part le passage dans la Creuse, plus terre à terre pour le coup, où nous mène cette folie?
J'ai gagné ce roman sur lecteurs.com et j'ai découvert la poétesse Chantal Dupuy Dunier. Ce livre est une parenthèse bouleversante dans le monde de la maltraitance. Avec des mots magnifiques, l'auteure nous fait vivre la douleur de la solitude et la violence de la négligence parentale. Sylvain est un jeune homme perturbé et malade. Personne ne s'alerte. Son comportement, ses visions, ses obsessions le précipitent dans une quête d'immortalité. A lire pour ne plus jamais penser que l'être humain peut survivre aux multiples périls qui menacent.
Sylvain est né de la mort. Sa mère est morte en couche. Élevé par son père qui ne s’est jamais totalement remis de la mort de sa femme. D’ailleurs, lorsqu’il lui en parle, il ne dit jamais ta mère, mais ma femme.
Il y a les vacances passées chez l’oncle et la tante, en Auvergne, à Cronce, mais bon, on ne rigole pas. A 46 ans, le père déraille de plus en plus, Alzheimer et doit être placé. Sylvain arrêt ses études pour entrer à l'hôpital, il doit subvenir à ses besoins. Il mènerait une petite vie normale si il n’avais entendu cela.
« Le pic vert enroule sa langue autour de son cerveau pour le protéger contre les trépidations quand il fore les arbres. » Cette phrase prononcée par un guide ornithologique va s’ancrer en Sylvain, faire basculer son destin, sa vie.
Pour commencer, il va à la bibliothèque se renseigner plus avant sur cet oiseau, recopie à la main Le « Clergeau et Chefson » l’apprend par cœur chez lui. Il y fait la connaissance de Stanislav, jeune arménien, venu en France suivre des études de mathématiques . Le jeune homme est porteur d’un bégaiement qu’il pallie avec un langage très châtié et recherché. Ces deux-là deviennent amis, son seul ami.
Un soir, il voit des pics verts passer à travers le salon, sortir d’un mur pour s’enfoncer dans l’autre, sans dégradation aucune. Ces visites se reproduisent quasi tous les soirs très ponctuellement entre vingt-deux et vingt-trois heures.
L’été arrive , le voici de retour à Cronce, mais les pics-verts ne l’ont pas suivis. Il parcourt la campagne et la forêt à la recherche de l’oiseau, de son « Kiakiakiak ». Une fois trouvé, s’accroche à lui, le regarde vivre et l’oiseau semble le reconnaître
Sylvain a toujours un carnet où il note des phrases qui ressemblent fort à de la poésie, même s’il s’en défend
« Long le chemin
qui conduit au bec ».
Il décortique les mots, pour arriver au même rythme que le Kiakiakiak du pic vert, le tout sublimé par le boulier chinois offert par Stanislav« Mar te la ge pic vert », que, moi-même je scandais à voix haute.
L’arrivée d’une amoureuse très entreprenante pour lui le timide et renfermé. Bon garçon, il se pense aussi amoureux. Pourtant la jeune femme ne pourra le sortir de son enfermement tragique.
Un très beau livre poétique, sensible avec une dose fantasmagorique. Une jolie façon de parler de la maladie mentale de Sylvain. Un livre-refuge,
J’ai compris la signification de la couverture à la fin du livre car, jamais un pic-vert ne martèle du fer…. Joli résumé du livre.
Chantal Dupuy-Dunier m’a emportée au fil de ses mots de ses poésies, son lyrisme, ses jeux avec mots « S’appeler Sylvain Breuil n’est pas sans risque. La double étymologie sylvestre - en vieux français breuil signifie bois - recèle bien des dangers. On passe facilement de forêt à foré. Un signe redoublé redoutable.»
Pics vert, pic mar, pic épeiche se posent qui sur le poirier mort, qui dans la pelouse pour mon plus grand plaisir de photographe. Le son le plus mélodieux de pics que j’ai entendu est celui du pic noir que je n’ai qu’entr’aperçu… Je ne les regarderai plus de la même façon.
Merci à Lecteurs.com de m’avoir offert ce livre avec, en prime, la découverte d’une maison d’édition que je ne connais pas. Merci pour cette belle découverte
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