"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Trouver un bel appartement dans Brooklyn dont le loyer n‘est pas prohibitif, c’est tellement inespéré que Susan et Alex n’ont pas hésité longtemps, L’appartement est plein de charme, la propriétaire est une vielle dame très avenante qui habite dans le même immeuble et il n’y a aucun travaux d’envergure à envisager. Le jeune couple casse sa tirelire pour s’offrir un déménagement qui va changer leur vie quotidienne. Au bout de quelques jours dans leur nouvel appartement, Susan remarque une petite tache de sang sur sa tête d’oreiller. Très rapidement, elle se persuade que le nouvel appartement est infesté de punaises de lit, elle en voit partout. Le souci, c’est qu’elle est la seule à les voir, la seule à être piquée et que même l’exterminatrice qu’elle fait venir lui assure que tout va bien. Mais Susan est certaine, et cette certitude tourne à l’obsession. La jeune femme est-elle en train de perdre la raison ?
Ben H Winters nous propose un roman assez court mais très angoissant. Surfant sur une (bien réelle) psychose moderne relative aux punaises de lit, notamment à New York où le problème semble endémique, Winters met en scène une jeune femme tout à fait normale, à laquelle on peut s’identifier immédiatement, qui semble devenir du jour au lendemain obnubilée par des insectes qu’elle traque sans succès et qui semblent s’enhardir de jours en jours. Le roman joue sur une ambiguïté bien rodée : ce que Susan observe est-il bien réel ou bien est-elle en train de devenir folle ? Les punaises de lits (supposées) sont-elles l’élément déclencheur d’une psychose sous-jacente ? Pendant toute la durée du roman, jusqu’à 3 chapitres de la fin, on assiste à la descente aux enfers d’une femme qui va aller jusqu’à la violence irrationnelle. Et puis arrive le dénouement, dont je ne dirais rien sauf qu’il est violent, spectaculaire et qu’il rebat les cartes. Aurait-on pu le voir venir ? Peut-être, mais j’ai préféré me laisser surprendre par un roman ultra efficace. Reste la question de la crédibilité d’une telle histoire. Je ne sais pas trop quoi penser, connaissant mal ces redoutables bestioles, leurs habitudes, les méthodes employées pour s’en débarrasser. Dans « Parasites », les insectes que Susan voit (ou croit voir) semble doués d’une intelligence de meute presque machiavélique, c’est sans doute le seul aspect du roman qui peut être sujet à caution. Pour le reste, le problème des punaises de lit étant bien réel, les malheureuses victimes des invasions vivant un véritable enfer, on comprend parfaitement la pauvre Susan. Même quand elle demande à une amie de l’héberger quelques jours, son amie décline par peur qu’elle apporte avec elle les redoutables nuisibles, tout est dit ! Il est probable qu’une fois le roman refermé, vous inspectiez comme moi votre literie « au cas où », c’est la preuve qu’en moins de 30 chapitres (sachant que la première punaise n’arrive pas avant le chapitre 10!), Ben H Winters a réussi son coup. Lui qui avait proposé une trilogie épatante sur la fin du monde (voir « Dernier meurtre avant la fin du monde », « J-30 » et « Impact ») creuse le sillon de l’apocalypse imminent, finalement il ne fait que changer d’échelle !
Quand Susan et Alex emménagent dans un nouvel appartement à Brooklyn avec leur fille, ils sont excités et heureux. Mais très vite, un mal invisible va les précipiter dans un tourbillon infernal. En effet, Susan se plaint d'une invasion de punaise de lit dont elle serait la seule à ressentir les manifestations, les plongeant tous alors, dans un doute incoercible...
L'auteur nous livre un roman horrifique et anxiogène avec des personnages qui sont pris au piège d'un malaise grandissant. Quelque chose d'envahissant et de terrifiant va s'installer dans la vie de Susan pour prendre toute la place dans son quotidien et peut-être même altérer son jugement.
Ses perceptions visuelles sont dérangeantes et on la sent fragile, prompte à imaginer n'importe quoi. On soupçonne le délire psychotique, la paranoïa. L'écriture est habile et persuasive, mêlant scènes d'angoisse et absurde. On a parfois du mal à faire la part des choses, parce qu'on est submergé par les émotions de la jeune femme.
La tension enfle progressivement jusqu'à devenir insoutenable. On est choqué par la tournure que prennent les événements et tout s'enchaîne à une vitesse prodigieuse. C'est incontrôlable et totalement anarchique, et on lâche prise jusqu'au dénouement final digne d'un pur cauchemar. On s'est fait berner par les personnages qui nous ont montrés ce que nous avons bien voulu voir.
Ce huis clos nous obsède, on devient méfiant, à l'affût du moindre bruit, du moindre mouvement susceptible de trahir un grouillement coupable.
Longtemps tapi dans l'ombre, ce que l'on cherchait, finit par sortir et faire beaucoup de bruit !
Attention, ça va faire « BOUM ! »… C’est en ces quelques mots qu’on pourrait résumer le troisième et dernier volume de la trilogie « Dernier meurtre avant la fin du monde ». A une semaine seulement du jour J et du moment fatidique où Maïa, l’astéroïde viendra heurter la Terre et mettre fin à l’espèce humaine, Hank Palace décide de quitter la retraite où il s’était réfugié avec ses anciens collègues. Il part à la recherche de Nico, sa sœur, qui est embringuée dans une sorte de secte prétendant pouvoir sauver la Terre grâce à un savant détenu par l’Armée Américaine. Il faut dire que, dans l’Amérique pré-apocalyptique du moment, ce genre de délire reste le refuge psychologique de bon nombre de personne. A vélo, accompagné de son pote Cortes, il retrouve la trace de Nico dans un commissariat à l’abandon, des traces sanglantes et inquiétantes. Nous y voilà, la fin est proche et l’on continue à se demander ce qui peut motiver Palace à continuer ses quêtes éperdues : élucider un meurtre dont tout le monde se fiche (tome 1), retrouver un mari disparu pour tenir une promesse intenable (tome 2) et finalement secourir sa sœur alors qu’il ne reste plus qu’une semaine de vie à tout le monde (tome 3). Des trois tomes, c’est sans doute celui là le plus clair, le plus facile et agréable à lire. L’intrigue prend le pas sur le contexte, contrairement aux tomes précédents. Il n’y a plus de déliquescence e à observer, puisqu’il ne reste plus rien de la civilisation (comme quoi, il ne faut pas longtemps à l’Homme pour perdre ce qu’il a mis des milliers d’années à construire en termes de civilisation). Ce qui faisait le sel des premiers tomes s’efface donc au profit d’une intrigue policière qui mènera Hank à côtoyer une famille amish ignorante de ce qui va arriver, à se frotter à des pseudo gourous forts en gueule et inquiétants. Tout est tellement crédible que ça en deviendrait presque déprimant. Dans « Impact », à part Hank et sa drôle d’obstination et à part Nico et ses croyances improbables, plus personne ne croit plus à rien de positif, la résignation est de mise, l’égoïsme finit toujours par emporter le morceau ou presque. Hank trouvera malgré tout sur sa route des gens prêt à lui venir en aide, gratuitement, parce qu’ils le peuvent encore, mais ils sont si rares ! La fin douce-amère du troisième volet est emblématique de ce qu’à été toute la saga : une peinture de la complexité de l’âme humaine quand elle est confrontée à quelque chose d’intolérable, une peinture pleine de nuances, complexe où la couleur qui l’emporte est le noir.
« J-77 », c’est la suite presque immédiate de « Dernier meurtre avant la fin du monde » et précède le dernier tome de la trilogie apocalyptique qui vient juste de sortir (à lire bientôt, donc…), très judicieusement intitulé « Impact ». J-77 avant que Maïa ne détruise la Terre et toute forme de vie. Si dans le tome précédent un semblant de vie sociale semblait plus ou moins perdurer dans l’Amérique de Henry Palace, cette fois ci, l’échéance se rapprochant, l’anarchie et la violence s’installent. Nico, sa sœur, se laisse convaincre par une sorte de secte survivaliste, lui part à la recherche du mari de son ex nounou, disparu comme tant d’autre à l’approche de l’astéroïde. Cette enquête, rendue laborieuse par les évènements et le contexte, l’amènera au seuil d’une mort prématurée, pour peu qu’on puisse parler de prématurée dans un contexte pareil ! Dans la lignée directe su premier tome, l’intrigue policière (plus claire, plus facile à suivre et à comprendre) n’est pas l’essentiel, l’essentiel c’est la peinture d’une société à l’agonie où tous doivent choisir comment vivre leur dernière semaine de vie. Certains font des provisions, se réfugient dans des endroits reculées, d’autres créent enfin le monde libertaire qu’ils ont toujours espérés (la Grand Soir, dans tous les sens du terme), d’autres encore laissent libre court à une violence exutoire qui ne sera jamais punie. Palace, lui, continue à enquêter, il donne un sens à ses dernières semaines de vie en faisant ce qu’il sait le mieux faire, en mettant un point d’honneur à tenir ses promesses, il se comporte comme un humain qui reste debout et digne jusqu’au dernier instant, un peu trop humain pour ce monde en perdition. Ca le rends attachant même si on ne le comprend pas toujours, ça nous rends humble aussi, serait on capable d’une telle droiture dans un moment pareil, rien n’est moins sur ! Le style est agréable, même si Winters n’évite pas quelques longueurs. Cette trilogie pas comme les autres n’est pas faite pour les amateurs de thrillers échevelés, elle pousse à la réflexion, elle interpelle plus qu’elle ne rend accro. Ce n’est pas un « page-turner », c’est autre chose et en même temps, c’est un peu plus que ça. Très impatiente de découvrir le dernier tome, dont le titre laisse peu de place à l’imagination et à l’espoir…
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