Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
le 24 mars 2022, cinq personnes (trois adultes et deux enfants) se jettent successivement par la fenêtre du septième étage d’un immeuble face au lac Léman, à Montreux. Un fait divers incompréhensible qui interpelle en particulier l’autrice qui va tenter d’en savoir plus. En remontant, la généalogie familiale, on se retrouve en 1962 en Algérie où l’écrivain Mouloud Feraoun, grand-père des deux sœurs jumelles défenestrées est assassiné par l’OAS. On tarde à percevoir ce qui pourrait lier les deux événements et l’historique algérien est touffus. Ce n’est qu’avec les explications fournies par l’interview d’un psychiatre que la notion de « paranoïa intergénérationnelle » vient apporter une hypothèse possible à ce suicide collectif. L’enquête journalistique secoue un peu le tapis d’une mémoire défaillante et conforte une similitude d’état d’esprit et d’angoisse autorisant l’improbable à survenir.
"24 mars 2022
Cinq personnes issues d'une même famille française sont tombées d'un immeuble, ce jeudi matin à Montreux (...)."
Pas de cris. Les uns après les autres. Pour seul témoin une caméra de surveillance. Seul l'adolescent âgé de 15 ans ne décèdera pas sur le coup. Ce drame s'est déroulé sans intervention extérieure, les autopsies ont révélé qu'ils n'étaient pas non plus sous l'emprise de stupéfiants...
Le souvenir des suicidés du Temple Solaire plane encore sur Montreux et les autorités sont peu enclines à communiquer.
L'enquête menée par @ariane_chemin dans le passé des protagonistes nous ramène à la guerre d'Algérie qui sera le fil conducteur du livre pour tenter de comprendre leurs motivations. Car les cinq semblent avoir sauté dans le vide selon un plan établi. L'histoire familiale serait-elle la clé ?
"(la paranoïa) Elle contamine comme une tache d'huile. Le paranoïaque a une grande force de persuasion. Elle est capable de convertir des personnes, même les plus intelligentes. Au début, il y a un peu de résistance, mais le paranoïaque finit par pénétrer de manière implacable la logique des autres. Pendant la pandémie, le complotisme s'est développé dans les couples : on a vu beaucoup de cas de ce qu'on nomme les "délires à deux". La paranoïa peut aussi se développer dans le cercle familial. Elle devient alors très dangereuse si elle est assortie d'un délire de persécution. On peut se supprimer et supprimer sa famille pour éviter d'être supprimé par l'autre."
Nul besoin de fiction pour faire d'un livre un page turner, nul besoin de voyeurisme pour relater un fait divers. Tout comme Sambre d' @geraud.alice l'an dernier, Ne réveille pas les enfants m'a happée jusqu'au point final.
"On ne sait pas tout. On ne saura pas tout. On ne pourra pas tout savoir. Il y a une partie de cette histoire et de cette journée pour laquelle on n'aura pas de réponse. Il faut juste admettre que dans ce genre de situations, il y a des secrets qu'on ne connaît jamais. L'être humain n'aime pas ne pas savoir, mais voilà. Il y a des choses qui appartiennent à cette famille."
Ariane Chemin raconte la vie de l’écrivain Mouloud Feraoun, à nouveau mis en lumière. En effet, une gerbe fut déposée par l’ambassadeur de France sur sa tombe un après-midi de mars 2022 à la demande du Président de la République. Mais, quel est le lien avec le suicide collectif de Montreux le 24 mars 2022 que la journaliste raconte dès le début de l’enquête intitulé “Ne réveille pas les enfants”.
Ali est âgé de 80 ans maintenant et est le seul survivant pouvant témoigner de la famille. Il est né en 1942, deux ans avant son frère, le père des jumelles. Celui-ci, Mouloud Feraoun, était instituteur en Algérie. Il a reçu le prix de la ville d’Alger pour son roman Le fils du pauvre. Réédité par l’éditeur français le Seuil en 1954, il connaît une certaine notoriété.
Les “événements” d’Algérie, comme on disait alors, ont commencé le 1er novembre de la même année. Puis, dès 1957, la terreur s’installe du fait des exactions de l’armée française. Sa famille les subit sous les menaces. Mouloud Feraoun continue de dire et d’écrire le terrorisme de la peur en action.
Le massacre du 15 mars 1962, où sont morts six inspecteurs de l’éducation algérienne et laissent vingt enfants orphelins, est relié au suicide de cinq personnes, le 24 mars 2022. Mais, de quelle manière ?
Du journalisme
Ariane Chemin met en place son puzzle où la dernière pièce emboîtée permettra d’en connaître le lien, comme un piège qui se referme. C’est évidemment passionnant où tour à tour se découvrent le FLN et sa résistance et l’OAS avec ses méthodes expéditives sans mandat officiel.
Cette histoire de colonisation et d’indépendance est encore à découvrir. Car, il s’agit d’effacer les ornières qu’ont laissés les tortures et crimes passés si longtemps sous silence. Pour aussi permettre aux petits enfants de tourner la page de ce destin tragique. Ariane Chemin démontre qu’un hommage élyséen ne suffit pas à effacer les traumatismes de ces violences, même s’il est indispensable.
Ariane Chemin déroule magistralement son enquête avec une intrigue découverte au fur et à mesure et mener avec brio. La journaliste met à jour les liens qui relient les deux événements sans jamais venir combler les vides. Un bel exemple de journalisme d’investigation.
Chronique illustrée
https://vagabondageautourdesoi.com/2023/09/26/ariane-chemin-ne-reveille/
Lui est diplomate. Prix Goncourt. Héros de la guerre. 49 ans. L'homme n'a plus rien à prouver.
Déjà marié, peut-être mal, mais l'est-on jamais bien...
Elle, est actrice. Garçonne certes pas manquée, jolie, fragile. Perilleusement pure.
Égérie d'une génération qui se veut bien à bout de souffle, si c'est de danse, de danger, de beauté. D'excès. De vie.
Il s'appelle Romain Gary.
Elle s'appelle Jean Seberg.
Pour elle, il divorce.
Pour elle, il devient papa.
Et l'épouse dans un petit village corse, loin de tout, loin des paparazzis surtout.
Organisé dans le plus grand secret, commandité, préparé, ourdi. A l'égal d'une opération militaire.
C'est ce moment, après avoir débusqué le dernier témoin, que se propose de nous faire découvrir Ariane Chemin. Une photo, voilà tout ce qu'il reste de leur noce. Une photo pour résumer un amour fou, c'est presque trop.
Je suis toujours partante pour bourlinguer dans les aventures menées par Ariane Chemin.
J'aime son approche des êtres et des événements, sa plume de journaliste mâtinée d'un joli brin de poésie quand c'est nécessaire.
Et puis, dois-je le préciser, Kundera ou Gary, je ne saurais résister !
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