Hors des sentiers battus, des ouvrages étonnants pour assouvir votre soif de découvertes
Hors des sentiers battus, des ouvrages étonnants pour assouvir votre soif de découvertes
Lecture addictive, roman inclassable.
L’histoire de sept sauvageonnes dans la forêt finlandaise.
Un véritable clan, et même une meute. Sauvages, rebelles, ivrognes, grossières, sales… Elles se battent facilement, d’abord entre elles et ensuite contre quiconque ne leur revient pas. Livrées à elles-mêmes dès leur naissance.
Sept personnalités bien marquées. A première vue, cela peut paraître caricatural mais chacune s’inscrit dans une logique et un historique bien précis.
Johanna, l’ainée a 20 ans, Tania et Aune sont jumelles ainsi que Tiina et Laura, viennent ensuite Simone, puis Elga, la plus jeune, toujours en opposition avec Johanna.
Heikki, le père est d’abord et avant tout un chasseur. Sa cible favorite : l’ours.
Il ne revient à la cabane que pour manger, dormir, faire un enfant à sa femme et surtout se faire aduler par ses filles. Elles font cercle autour de lui quand il rentre, et il leur assène des sentences à l’emporte-pièces contre le « système », et contre les hommes ( les mâles).
Un modèle d’égoïsme, de brutalité et de primarité, un comportement que l’ainée, Johanna reproduira avec ses sœurs.
Louhi, la mère, a toute la charge de la famille, de la maison et de la ferme. Elle est exclue du cercle père-filles et se sent détestée et méprisée par ses filles.
Quand ils meurent dans des conditions dramatiques, c’est Johanna, la Cheffe qui entraîne et dirige les autres en pleine forêt. Forte de son âge, de sa stature imposante, et surtout de sa proximité avec le père, chasseur d’ours et mort en chassant…
Elle fait régner la terreur parmi les quatre sœurs plus jeunes et plus faibles : Aune qui « vit dans sa tête et passe son temps à se raconter des histoires » ; Laura qui « zigzague en solitaire sur les sentiers, à sa façon myope et somnambule. (…) Elle a un rapport spécial avec les sapins, à croire que ses véritables parents, ce sont eux. » ; et Elga, la plus jeune, toujours en opposition avec Johanna et qui ne se gêne pas pour lui faire savoir « avec son arrogance prépubertaire insupportable. Et ainsi, entre l’ainée et la petite dernière, c’est hostilité et tumulte en permanence. » Elga, c’est aussi la seule qui a voulu avec détermination apprendre à lire et à écrire.
« Ah ! J’allais oublier Simone. Elle est la seule à prendre Dieu le Père et la Bible au pied de la lettre. La seule, qui du vivant de leur mère, se confiait à elle, en cachette
Les thèmes présentés le sont avec beaucoup de force et de justesse :
- La toxicité du père sur les filles et sur la mère.
Sur les filles. Leur père est un Dieu, encore plus puissant et pesant puisque mort. Ses affirmations péremptoires et primaires, sa façon de vivre pèseront sur l’avenir des filles.
Sur Louhi, la mère.
Les lettres posthumes de la mère sont bouleversantes car elles éclairent la situation d’une réalité bien différente de celle perçue par les filles y compris les plus modérées, comme Aune, Laura et Elga.
Elles précisent aussi la réalité de la situation et sa souffrance : brutalisée par un mari primate et injustement rejetée par ses filles.
« Heikki était rarement là, et c’était un enfer de venir à bout de toute la besogne qu’il fallait abattre chaque jour, entre les gamines, les bêtes et le champ. Et impossible d’obtenir que les filles me donnent un coup de main. C’était comme si Heikki et elles avaient leur propre vie, qui était plus importante que la mienne. L’alcool. Les moteurs. La lutte. (…) C’était comme si une clôture électrifiée nous séparait, elles et moi. Nous faisions des détours pour éviter les décharges. Mes propres filles me voyaient comme un être inférieur. »
- Une réflexion passionnante sur le féminisme.
Sur le résumé de l’éditeur, il est précisé qu’il s’agit d’un conte féministe venimeux ». Je suis plutôt d’accord.
Les filles – sauf une – vont rejeter les hommes durant toute leur vie.
Féminisme fondé sur l’ignorance de l’autre, la peur, le rejet. De fait, il empêche la femme de faire librement son choix.
Un féminisme venimeux, car nuisible pour les unes comme pour les autres. Les hommes, c’est mauvais pour les filles, disait le père, tous les hommes, en termes beaucoup plus crus. Une brute qui redoutait que ses filles tombent enceintes et leur a dressé du « mâle » sa propre réalité : l’homme ne recherche que son plaisir et le prend de gré ou de force. Et en fait, Johanna va reproduire et transmettre le schéma de domination masculine.
Le féminisme pour moi, ce n’est pas le rejet de l’homme mais l’autonomie de chacun avec le respect de l’autre.
Un roman brut, percutant, dont les personnages restent bien longtemps dans la tête. Une vraie réussite !
Merci pour cette formidable découverte à :
Le divan de bibi ( Instagram)
Les éditions de l’Observatoire
https://commelaplume.blogspot.com/
Une lecture qui me laisse un peu perplexe.
Ce roman retrace l'histoire de 7 sœurs dont les caractères et les envies sont très différentes mais qui vont pourtant réussir à se créer un clan solide et autonome.
Du moins en apparence et au début. Le clan va devoir lutter pour sa survie dans un environnement assez hostile. Elles pensent pouvoir tout maîtriser et s'épanouir loin de la civilisation. Mais leur clan est aussi tres fragile. Lorsqu'elles se retrouvent délivrer de leurs parents, elles vont d'abord s'epauler avant de se rendre compte que la lutte pour leur survie ne sera pas leur seul probleme. Elles vont pourtant connaître des déboires diverses et surtout se battre entre elles pour le pouvoir, la tête du clan.
Il y a de très bons passages dans ce livre mais également beaucoup de violence et de scènes dérangeantes. Ce qui m'a le plus gêné dans ma lecture, ce sont certaines longueurs répétitives qui n'apportent pas toujours des choses au récit.
Mais j'ai toutefois beaucoup aimé la finalité déconcertante du livre!
La violence pour la violence … j’ai un peu de mal avec ce type de roman qui ne m’ouvre aucune porte de réflexion mais me laisse perplexe. Déjà, je ne suis pas fan du nature writing, mais quand en plus il faut supporter des émotions négatives sur 445 pages, c’est trop et cela me paraît aussi inutile que dans "My absolute Darling" de Gabriel Tellent. Certes, on peut y voir du courage, de l’audace, une histoire qui s’inspire des contes scandinaves, mais les guerrières aux mains nues, ce n’est décidément pas pour moi.
Finlande. Sept sœurs de 12 à 20 ans, se retrouvent livrées à elles-mêmes après la mort de leur père vénéré, célèbre chasseur d'ours et de leur mère détestée, méprisée. Au lieu de se diriger vers la ville et la société, élevées dans la méfiance et la haine des administrations, du gouvernement, de l'école, elles décident de quitter la ferme familiale qui tombe en ruine et de s'enfoncer loin dans la forêt primitive, à 150km de la plus proche ville, sous la direction de leur sœur aînée. Mais leur projet de vivre en autarcie, totalement indépendantes, sans électricité, sans eau, en se nourrissant sur la nature se heurte à la réalité d'un hiver particulièrement rigoureux qui va conduire à la séparation du clan qui jusque-là était resté soudé sous la poigne violente de la sœur aînée. Chacune prend alors un chemin différent.
Ce qui m'a frappée dans ce roman, au-delà de la violence omniprésente, que ce soit celle de l'extérieur (viols, bagarres,...) ou de l'intérieur, encore plus sauvage, entre les sœurs, c'est l'absence total d'amour maternel, paternel, entre homme et femme, entre sœurs. Celles-ci n'ont pas eu d'enfance, élevées à la dure; elles boivent comme des trous et fument cigarettes sur cigarettes ou mégots sur mégots.
Très prégnantes également, les sensations olfactives provenant de la nature (humus, écorce, boue...) mais aussi des corps négligés (sueur, saleté, aisselles, pieds, sexe...) et les sensations auditives (pets, rots, grognements, ronflements...).
Ce roman est un récit féroce, cruel, très cru que j'ai lu tel un entomologiste qui observe une espèce inconnue, sans affect, sans empathie car il m'a paru assez invraisemblable, proche du conte comme il en existe tant en Finlande. Il offre une vision cauchemardesque de la famille où règne la loi du plus ou de la plus forte, où les plus faibles sont les têtes de turc des plus fortes, où les coups tiennent lieu de lien familial, où la liberté devra se gagner de haute lutte contre ses propres sœurs, en faisant éclater la cellule qu'elles formaient toutes les sept.
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