Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Quel livre extraordinaire, qui m'a appris tant de choses !
Gino Bartali était donc, des années 30 aux années 50, un célèbre champion cycliste italien, au palmarès glorieux.
Mais ce qu'on ne sait pas, c'est que Gino le pieux, adhérent à l'Action Catholique, a été non seulement un antifasciste déterminé, mais aussi un résistant actif. Il a caché des juifs dans sa cave, il a transporté à vélo de l'argent, des faux papiers, des photos d'identité nécessaires à l'élaboration de ces derniers... Il faut l'imaginer, sur les routes de Toscane ou d'Ombrie. Il était parfois contrôlé par des occupants nazis qui, le reconnaissant, entamaient alors une discussion avec lui sur ses exploits sportifs...et lui qui avait les faux papiers cachés dans les tubes de son vélo !
J'ai découvert aussi le rôle dans la résistance des institutions catholiques italiennes avec le "réseau des deux religions".
Bartali n'a jamais voulu s'exprimer sur son rôle pendant la guerre, estimant qu'il n'avait fait que son devoir.
Il ne s'est confié qu'à ses proches. A l'un de ses fils, il a dit: "Je veux qu'on se souvienne de moi pour mes performances sportives et pas comme un héros de guerre. Les héros, ce sont les autres, ceux qui ont souffert dans leur chair, dans leur âme, dans leur famille. Je me suis contenté de faire ce que je savais faire au mieux. Aller à bicyclette. Le bien doit être accompli dans la discrétion. Si on le divulgue, il perd de sa valeur car c'est comme si on voulait tirer bénéfice de la souffrance d'autrui. Il y a des médailles qu'on accroche à son âme et qui compteront dans le royaume des Cieux, pas sur cette terre."
En 2013, Gino Bartali, mort treize ans auparavant, a reçu le titre de Juste parmi les nations.
Tout cela s’est passé il y a plus de trois quarts de siècle et ces faits importants ne sont connus que depuis peu de temps, la faute au principal auteur d’un héroïsme qu’il refusait de mettre en valeur : Gino Bartali, « Juste parmi les nations » depuis… 2013.
Aussi, le livre signé Alberto Toscano, célèbre journaliste italien, vient à point préciser, contextualiser l’histoire d’un champion cycliste qui n’était connu que pour ses exploits et sa religiosité qui l’avait fait surnommer Gino le Pieux. Personnellement, je lui préférais celui qui fut son grand rival avant de devenir son ami : Fausto Coppi.
En préface, Marek Halter rappelle que 47 000 juifs vivaient en Italie, en 1930. Si 7 000 d’entre eux ont été déportés, que sont devenus les autres ? Par qui ont-ils été épargnés et sauvés ? Un vélo contre la barbarie nazie est là pour parler d’ « un homme simple et courageux qui n’est pas allé au-delà de l’école primaire mais, toujours, ne fut guidé que par le respect de ses valeurs, par sa sagesse, et par sa volonté. » Cet homme, je l’ai déjà cité, il est de Florence, en Toscane et a vécu de 1914 jusqu’en 2000.
Je ne vais pas détailler les éléments historiques rappelés dans ce livre que j’ai pu lire grâce à Masse Critique essais de Babelio et aux éditions Armand Colin que je remercie. Il faut simplement rappeler que Gino Bartali (photo ci-dessous), entre autres exploits cyclistes, réussit à remporter le Tour de France en 1938 et en… 1948 ! Entre temps, les ravages de la Seconde guerre mondiale avaient bouleversé le monde. Le nazisme, en particulier, avait tenté, avec la complicité de partis fascistes, d’exterminer les Juifs dans tous les pays d’Europe tombés sous sa domination.
Dans l’Italie d’avant la guerre, l’extrême-droite, emmenée par Benito Mussolini, prend de plus en plus d’importance et s’apprête à conquérir le pouvoir car le roi Victor-Emmanuel II n’a pas la volonté de lui résister.
À Ponte a Ema, faubourg de Florence, Gino abandonne l’école primaire pour devenir mécano. En fait, il travaillait déjà pour pouvoir se payer un vélo. Il débute la compétition en 1931 et se fait vite remarquer. Dans la roue de Bartali, l’auteur retrace toute l’évolution politique et sociale de notre voisin italien, une histoire que je connaissais bien imparfaitement.
Lorsque l’occupant applique sa politique de déportation vers la mort, il trouve des statistiques toutes prêtes, élaborées avec un zèle incroyable par le parti fasciste au pouvoir. Le pire est à venir mais un réseau humanitaire se met en place grâce à une entente entre les religions juive et catholique, et au réseau très dense de convents et de responsables religieux prenant tous les risques.
Alberto Toscano parle ainsi beaucoup religion catholique, oublie de rappeler que de nombreux criminels de guerre nazis ont réussi à échapper à la justice après la guerre grâce à d’autres responsables de l’église catholique mais je reste positif et reviens à Gino le Juste, celui qui réussit à transporter dans les tubes de son vélo, les faux-papiers indispensables aux Juifs pour échapper à la mort.
Le cardinal de Florence, Elia Dalla Costa, son ami, lui a demandé de devenir « un facteur de la liberté » et Gino a parcouru une quarantaine de fois la distance Florence – Assise (environ 200 km) mais aussi Florence – Gênes (230 km), par Lucques, jouant de sa célébrité pour passer les contrôles, même s’il a été arrêté fin juillet 1944 par une bande de collabos fascistes.
Dans ce livre, j’ai apprécié les quelques documents photos, particulièrement cette photo dédicacée offerte par Gino Bartali à Giorgio Goldenberg, le 16 juillet 1941, un enfant juif qu’il a caché dans sa cave avec sa famille et dont le témoignage a été crucial, à Yad Vashem, pour que le champion cycliste devienne « Juste parmi les nations. »
« Je veux qu’on se souvienne de moi pour mes performances sportives et pas comme un héros de guerre. Les héros, ce sont les autres, ceux qui ont souffert dans leur chair, dans leur âme, dans leur famille », disait Gino Bartali mais il fallait sortir ses actes héroïques de l’ombre dans un livre qui est une véritable leçon pour l’Europe actuelle où resurgissent des partis extrémistes prônant l’exclusion et le repli sur soi.
Chronique illustrée à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
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