"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Agnès Grossmann a bien souvent fait de la femme l’un de ses sujets de prédilection. Après sa biographie Annie Girardot, le tourbillon de la vie (Hors collection, 2010) qui a rencontré un franc succès ou ses multiples portraits de criminels pour la télévision, l’heure est à l’émancipation des femmes et la journaliste rassemble cela dans Un siècle d’histoire photographique des femmes au XXe siècle au format beau-livre.
Cent années pour comprendre l’émancipation des femmes à travers les plus grandes photographies du siècle dernier était un pari titanesque par la documentation approfondie et nécessaire pour le réaliser. C’est donc à l’aide des fonds photographiques de l’agence Roger-Viollet qu’Agnès Grossmann a trouvé ses sources tout en parcourant le travail de nombreux photographes tels que Jean-Régis Roustan, Gaston Paris, Jacques Boyer ou encore Catherine Deudon. Cette chronologie traverse les périodes retentissantes de ce siècle passant de la Belle Epoque et l’avènement du maillot de bain à l’entre-deux-guerres et la création d’emplois ou encore les années 70 et la loi sur l’IVG.
Au cœur de l’ouvrage, Agnès Grossmann dresse des visages connus, inconnus ou des photographies personnelles et familiales qui entrent dans cette épopée imagée et féminine. Toutes les catégories sociales y sont représentées : des paysannes aux bourgeoises, des ouvrières aux politiciennes. A leurs côtés, de nombreux textes explicatifs, anecdotes et autres informations des plus pertinentes pour comprendre toute l’importance de ce siècle dans l’émancipation des femmes. En parlant des siècles précédents, elle scande dès l’introduction « Ils sont le sexe fort, elles sont le sexe faible » en référence aux inégalités homme-femme. Une tendance qui s’inverse petit à petit avec ces personnalités inoubliables issues de tous les domaines : l’autrice Colette, la physicienne Marie Curie, l’espionne Mata Hari ou encore la chanteuse Joséphine Baker.
La journaliste en profite également pour mettre en lumière les grandes avancées qu’ornent ces photographies et certains articles de loi nébuleux, notamment le Code Napoléon connu pour ses positions extrêmement mysogynes. Les choses simples du quotidien prennent également place dans l’ouvrage car l’émancipation ne se fait pas seulement par le haut du panier, nombreuses sont les scènes de vie expliquées, les lieux de rencontres entre femmes qui donnent l’occasion de s’informer, discuter au sujet des dernières nouvelles et bien souvent quelques secrets croustillants qui donnent la possibilité de se laisser aller, s’éloigner du carcan familial autoritaire. Entre révolution et quête absolue d’égalité, Une histoire photographique des femmes au XXe siècle est un hommage à ces femmes mises en lumière et celles de l’ombre qui ont construit les pans d’une société plus saine faite de liberté et de féminisme. Agnès Grossmann offre un travail réjouissant à lire comme à observer pour ne jamais oublier le chemin accompli.
Ce document qui trouve autour de l’affaire Ranucci et de ses conséquences à long terme, fait divers atroce qui a défrayé la chronique dans les années 70 m’a au départ un peu effrayé. Refaire une enquête qui a déjà fait couler tant d’encre, est-ce utile ?
Eh bien oui, pour ce qui est révélé. En effet, j’en étais resté à la notion d’erreur judiciaire, ayant amené un des derniers condamnés à mort en France, à être décapité pour un crime qu’il n’avait pas commis, cet aspect des choses ayant été révélé par le best-seller de Gilles Perrault, Le pull over rouge . Première surprise donc de découvrir que le contenu de cette contre-enquête était un texte cousu de fil blanc, l’auteur ayant pris beaucoup de liberté avec les faits, jusqu’à les ré-interprèter pour finalement argumenter un procès à charge contre la peine de mort. Et c’est là qu’est le piège. Le but est louable, mais les moyens délétères, pour cette famille endeuillée qui se voit propulsée au devant de la scène politique sur un combat qui n’est pas le sien.
Quant aux suites tellement dramatiques de l’affaire, deux meurtres commis par le frère de la petite victime, des années plus tard, alors que l’enfant puis le jeune adulte n’a jamais pu se défaire de la culpabilité de ne pas avoir sauvé sa soeur, la réalité dépasse la fiction !
Quelques faux pas dans les propos :
"Mais il n'y a aucune certitude scientifique; On n'a pas encore découvert l'ADN" !
Si, si : en 1963 !
Par ailleurs des précisions peu contributives, l'éclipse solaire qui a lieu le jour du rapt de l'enfant. Pas forcément utile, même pour recréer le contexte.
Agnès Grossman décrit l’ensemble sans pathos, avec l’objectivité d’une journaliste qui tente de faire éclater la vérité, polluée par la médiatisation de ces affaires. Si l’écriture est plutôt sobre (on n’est pas chez Jaenada) , le récit se parcourt avec intérêt, d’autant que l’affaire a de quoi laisser perplexe.
Ça vous dit quelque chose l'Affaire du Pull-Over Rouge ?
C'est l'histoire de la petite Marie-Dolorès Rambla, et de son meurtrier, Christian Ranucci, condamné à mort et exécuté le 28 juillet 1976, liés pour toujours dans l'histoire judiciaire française.
D'abord parce que Christian Ranucci, 22 ans au moment de son exécution a été l'un des derniers condamnés à mort de l'histoire de France, à un moment où les débats sur l'abolition de la peine de mort étaient déjà vifs dans l'opinion publique.
Ensuite, et c'est pour cela que je connaissais cette affaire, parce qu'on a fait de Ranucci le symbole de l'erreur judiciaire, notamment grâce au livre de Gilles Perrault « Le pull-over rouge », qui a érigé en victime celui qui n'a jamais été qu'un assassin.
Enfin, parce que l'on retrouve Jean-Baptiste Rambla, le petit frère de l'enfant assassinée, celui qui était aux côtés de sa soeur le jour de l'enlèvement, sur les bancs des accusés près de 40 ans plus tard, condamné pour le meurtre de deux femmes.
La journaliste Agnès Grossmann s'est emparée de cette affaire : elle revient sur les faits, les aveux de Ranucci, les témoignages, les enjeux d'une affaire qui aura suscité l'émotion oui, le débat assurément et qui aura également servi la cause de l'abolition de la peine de mort malgré toutes les approximations de ceux qui se sont empressés de crier à l'erreur judiciaire.
A. Grossmann analyse également les conséquences de cette affaire très médiatisée sur la famille Rambla. Sur Jean-Baptiste évidemment, qui affirma lors de son procès avoir été hanté toute son existence par le fantôme de Ranucci mais aussi pour le père, l'infatigable Pierre Rambla auquel Grossmann rend un vibrant hommage.
Une enquête impressionnante, qui cherche à rétablir la vérité des faits, et dresse en filigrane le portrait d'une époque, pas si lointaine, où on se demandait encore si la peine de mort était justifiée.
Un travail remarquable, pour les passionnés d'affaires judiciaires, et tous les autres !
Je suis de la génération Mitterrand donc Badinter. Pour moi l’abolition de la peine de mort s’est inscrite dans la normalité du pays des droits de l’homme. Comment la vie d’un enfant victime collatérale t’elle à ce point oublié dans la prise en charge de l’affaire par la justice ?
Comment un romancier, c’est-à-dire un non spécialiste de la justice a t’il pu renverser à ce point les opinions, en occupant toute la place dans les médias, régulièrement jetant à chaque fois l’opprobre sur une famille qui n’en finissait pas de pas faire son deuil ?
Une grosse claque, je crois que je ne pourrai plus jamais porté de pull rouge ni moi, ni mes enfants…
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