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"L’Eblouissement des petites filles", au cœur des sentiments furieux de l'adolescence

Le premier roman de Timothée Stanculescu est une plongée dans l'intériorité féminine

"L’Eblouissement des petites filles", au cœur des sentiments furieux de l'adolescence

Dans L’Eblouissement des petites filles, Timothée Stanculescu raconte les premiers feux d’une adolescente de 16 ans qui brûle de grandir. C’est un premier roman plongé dans l’intériorité féminine et dans lequel toutes les lectrices se reconnaîtront.

 

Un été perdu dans les champs de colza, à Cressac, au bout d’un coin de Charente-Maritime, quand le seul cinéma local a fermé.

C’est le contexte des 16 ans de Justine, alors qu’une jeune fille de son village est portée disparue.

On pourrait être à n’importe quelle époque, mais Timothée Stanculescu a choisi, pour L’Eblouissement des petites filles, de raconter le début d’un été des années 2000, quand le lycée ferme et que les adolescents des campagnes se retrouvent livrés à eux-mêmes pour de longues semaines pleines d’espoirs, d’alcool et d’amitiés contrariantes et fragiles.

 

Justine est impatience. Elle vit dans ce village dont elle ne se sent pas faire partie, il ne se passe rien, toutes les activités sont à portée de moteur mais pas de bicyclette, sauf la bière et les cigarettes. Il ne se passe rien jusqu’à l’arrivée d’un jardinier séduisant, à l’origine d’une cristallisation toute stendhalienne dans l’esprit et le cœur de cette jeune Bovary.

Comme la plupart des filles de 16 ans, elle a une meilleure amie, qui va « le faire » avec son copain. Se disloquent alors les liens d’habitude d’une amitié pas aussi solide qu’on croyait, entre les deux filles. Loin des discours rétrospectifs, Timothée Stanculescu rappelle que devenir une femme, c’est d’abord et avant tout discours sur le féminin et sa psychologie, sortir de l’entre-deux de l’adolescence pour se débarrasser des oripeaux de l’enfance. L’élan démange, il faut grandir, vite, s’agacer d’avoir besoin, parfois, de sa mère.

 

Un drame survient : Océane, une jeune fille de son âge et de son village, a disparu. De battue en marche blanche, l’été de Justine suivra les pas d’une enquête qui finira comme le roman dans un cimetière. Mais de loin : la vie d’une adolescente est un maelström de sentiments furieux planqués dans le rythme lent d’une vie routinière qui ne s’embarrasse pas des autres.

Si l’on pense à L’Année des méduses de Christopher Frank, Justine n’a rien du personnage vénéneux, dangereux et sournois de l’héroïne Chris, mais on trouve dans L’Eblouissement des petites filles, quelque chose comme cette détermination, la même lutte à mort d’une adolescence contre l’enfance, dans l’envahissement d’un désir neuf et indomptable attiré et effrayé par le mystère du masculin.

A première vue, Timothée Stanculescu raconte un été calme et banal dans la vie d’une adolescente, si ce n’est ce terrible fait divers qui fait écho à la vulnérabilité des jeunes filles. En réalité c’est un Guernica émotionnel dont elle écrase les couleurs dans une narration limpide, collée au plus près de la narratrice.

Le cœur du livre tient peut-être à cette phrase, « C’est parce que tu n’as pas encore compris que les frustrations de ton enfance seront ta consolation dans tes noirceurs d’adulte, quand la vie sera méchante. Tu te rappelleras tout ça avec douceur ».

Rien que cette phrase suffit à réconcilier le lecteur avec son adolescence, c’est l’une des grandes réussites de ce livre.

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