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Des nouvelles de David Lodge : l’écrivain conjugue 50 ans de mœurs anglaises en huit textes courts

Avec "L’Homme qui ne voulait plus se lever", Lodge mêle absurde et dérision "so british"

Des nouvelles de David Lodge : l’écrivain conjugue 50 ans de mœurs anglaises en huit textes courts

Il est L’Homme qui ne voulait plus se lever, le héros de la nouvelle qui donne son titre à un recueil captivant : David Lodge revient en vitrine des librairies, on ne sera pas déçu.

 

Pour être tout à fait précis, David Lodge a une double actualité en ce printemps, un recueil de huit nouvelles et la suite de son autobiographie littéraire, La Chance de l’écrivain (Rivages), entamée avec Né au bon moment que Rivages publiait en 2016. Ce n’est pas ce travail dont il sera question ici.

On préfère en effet les nouvelles, plus alertes, franchement caustiques, fraîches d’un humour qui manque un peu aux mémoires du grand écrivain. Celles-ci témoignent néanmoins d’une vie de création de l’un des plus célèbres écrivains britanniques et sont inestimables à ce titre.

 

L’art de la nouvelle est de développer un propos unique pleinement révélé à la fin, tel que l’explique David Lodge dans la préface circonstanciée de l’ouvrage. Le nouvelliste Lodge n’est pas le romancier : dans ce recueil de huit textes, sa plume tranche, élimine, se concentre sur l’essentiel, impressionner le lecteur avec très peu de moyens. La première nouvelle, « L’homme qui ne voulait plus se lever », avait été publiée en 1966 dans une revue et s’inspirait d’un épisode de sa propre vie. Profondément désespérée mais transformée par l’absurde et une dérision so british, elle est vertigineuse comme du Kafka et plante l’atmosphère du recueil.

En refusant un jour de se lever, le personnage, père de famille dépressif, tourne le dos au système libéral moderne qui lui donne les moyens de nourrir ses enfants mais pas de réparer le carreau de la fenêtre. Sa démission sera rapidement transformée en symbole politique par la classe moyenne qui en fait un « saint existentialiste » et financera cette subversion ultime.

 

Dans ce recueil de huit nouvelles choisies dans le parcours de 50 années d’écriture, l’économie irrigue les mœurs. Lodge raconte l’humain aux prises avec son questionnement sur la place qu’il occupe dans la société, s’inspirant de son enfance et de sa jeunesse, comme la nouvelle « Mon premier job » dans lequel son personnage fait la découverte du capitalisme libéral. Plus léger mais très évocateur d’un esprit consumériste contemporain, « Un mariage mémorable » s’inspire d’un fait divers récent pour raconter comment une femme qui doit se marier s’arc-boute sur son projet quand le fiancé s’évapore pour se marier malgré tout, quel qu’en soit le prix… et le marié.

 

On aime David Lodge parce qu’il dit du mal du monde dans lequel on vit et il le fait avec une gourmandise délicieuse. Il y excelle notamment dans Jeu de société, Changement de décor, ses deux premiers textes publiés en France et découverts par Rivages.

Ancien professeur de littérature, Lodge a le plus souvent planté ses crocs dans le milieu universitaire qu’il connaît bien, comme dans Un tout petit monde. Octogénaire malicieux, il fait partie, à l’instar de Martin Amis, Ian McEwan, Julian Barnes et Jonathan Coe des grandes figures de la littérature britannique d’après guerre.

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