"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Mathurine travaille pour la protection de l'enfance. Mère célibataire de Wallace, un garçon de neuf ans, elle vit en Guyane, aux portes de l'Amazonie. Alors que Wallace grandit, les relations se tendent entre la mère et le fils. Elle rêvait d'un enfant qui aimerait la forêt, lui ne vit que pour se mesurer aux champions de Fortnite. Fragilisée par la mort dramatique d'une adolescente placée en famille d'accueil, Mathurine est bouleversée lorsque le père de celle-ci, Tiburce, lui confie avoir vécu une étrange expérience en forêt. Quelque chose de l'ordre d'une apparition. Quelque chose qui fait ressurgir le souvenir d'un enfant qu'elle a croisé autrefois et dont elle n'a jamais pu admettre la perte.
Avec ce nouveau roman qui nous immerge dans l'extraordinaire forêt primaire de la France d'Outre-Mer, Colin Niel tisse une toile fascinante sur le thème de la parentalité. Dans la jungle des peurs et des enchantements, père et fille, mère et fils sont soumis à de terribles épreuves lorsque l'autre vient à manquer. Mais l'amour n'est-il pas la force qui peut nous conduire à dépasser nos plus profonds cauchemars ?
C’est la suite du précédent roman de Colin Niel, Darwyne
Une variation géographique sur la recherche d'une forêt vierge à travers une quête fantastique.
Nous sommes dans la forêt primaire d’Amazonie. Mathurine travaille à l'aide à l’enfance comme assistante sociale. Elle a un petit garçon qui se nomme Wallace qui aime s'amuser. Il n'a pas de papa et se sent parfois seul. Parfois désobéissant, sa maman voudrait qu'il soit différent, qu'il aime plus la forêt au lieu des jeux vidéos pour partager plus de choses ensemble. Mathurine a beaucoup de travail. Elle s'occupe notamment de Tiburce dont la fille Méryane, placée en famille d'accueil, vient de disparaître. En écoutant Tiburce, Mathurine repense à Darwyne. Tiburce imagine que la disparition de sa fille est liée aux créatures de la forêt. Il a entendu les histoires racontées sur ce monstre, Maskalili, qui ressemble à un enfant, ou un homme de petite taille, qui, comme Darwyne, aurait les pieds à l'envers. Tiburce soupçonne également la famille d’accueil qu'il soupçonne d' avoir été négligente et est convaincu que sa fille a été tuée. Il rencontre Mathurine qui a des pressentiments concernant Darwyne. Il a disparu il y a 10 ans mais voici qu'il réapparaît blessé. Elle le cache chez elle et le soigne.
Mais un jour elle ne rentre plus. Elle retourne dans la forêt avec Darwyne. Elle veut percer ses secrets et découvre de quelle manière il a survécu seul pendant 10 ans. Darwyne connaît parfaitement la forêt, Mathurine lui fait confiance et un jour elle ne le voit plus. Il disparaît de nouveau.
Wallace attend sa mère pendant des jours, se débrouille seul comme il peut et pense que tout ce qui est arrivé est de sa faute.
L'attitude de Mathurine paraît incompréhensible car elle oublie presque totalement Wallace.
Colin Niel est géographe, c'est pour cette raison certainement qu'il nous fait de magnifiques descriptions de la faune et de la flore de l'Amazonie (Certes parfois exagérées car il nous faudrait un dictionnaire pour tout comprendre) comme à la page 196 : « Ainsi a-t-elle aperçu pour la première fois un groupe de chiens-bois lancé derrière une proie, ainsi a-t-elle croisé un opossum à queue touffue arpentant un tronc en début de nuit. Il y a eu les rencontres inopinées et pourtant exceptionnelles, comme cette harpie féroce, posée au sol et dépeçant un paresseux arraché des hautes branches, ses serres énormes sur l’animal, et son regard tourné vers eux avant de reprendre sa tâche».
Escapade non touristique en Amazonie ! Nous sommes plutôt au coeur de la précarité, là où l’enfance est bafouée, par des adultes qui n’ont eux-même le plus souvent connu que la misère et les coups. Héritage maudit. C’est le combat de Mathurine, de trouver des familles qui, contre des espèces sonnantes et trébuchantes vont accueillir pour un temps les oiseaux tombés du nid. Ce travail l’accapare et Wallace en vient à rêver d’être un de ces enfants dont sa mère s’occupent pour qu’elle lui accorde un peu plus de temps.
Tout près de là, la forêt, où sévit comme un monstre avide de chair humaine, si l’on en croit le nombre de disparitions. Un monstre créé par l’imagination des faiseurs d’histoire ? Ou un criminel qui a tué la jeune Méryane, fugueuse récidiviste ? Ce drame obsède la jeune femme au point de perdre de vue les principes qui l’animent…
Proche du réalisme magique, cette histoire fait la part belle à l’exubérance de la nature amazonienne, avec sa flore et sa faune, à la limite du fantastique. L’intrigue s’y fond superbement et on est happé par l’enchainement des événements. Et aussi par le jeune Wallace, qui étonne par son courage et la profondeur de l’amour qu’il éprouve pour sa mère.
Un grand roman, aussi remarquable sur la forme que sur le fond.
336 Rouergue 21 août 2024
Après avoir découvert Darwyne comme jurée du prix des lecteurs le livre de poche 2024, je n'ai pas résister à cette ouvrage. Nous retrouvons Mathurine, l'éducatrice de l'Aide Sociale à l'Enfance découvert dans le précédent livre de Colin Niel. On retrouve aussi les décor de l'Amazonie foret et bidonville.
Colin Neil avec un style immersif, descriptif et nature writting, une exploration profonde, sensible de la nature, l'environnement et de la vie humaine, les relation parents enfants, les conditions de vies, le traumatisme de Mathurine avec ce qui est arrivé à Darwyne.
Je vous conseille ce livre mais pas avant d'avoir découvert le précédent.
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