"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
La première partie de ce nouveau livre est haïtienne. C'est elle qui donne son titre à l'ensemble. Il y est question en effet d'Haïti où Valère Novarina a effectué deux séjours pour préparer et jouer sa mise en scène de L'Acte inconnu (P.O.L 2007). Il y est aussi question du travail avec les acteurs, de théâtre et de peinture, de l'accord profond qui s'est produit lors des répétitions et du travail plastique. C'est un texte joyeux.
La deuxième partie du livre, son deuxième acte, s'intitule Vue négative ou Voie négative (le choix n'est pas encore fait). Il aurait pu tout aussi bien s'intituler Variations sur une idée fixe. Cette idée de plus en plus ferme chez Valère Nova- rina que 'l'esprit respire'. Et s'il respire, c'est parce qu'il renverse, parce qu'il passe par ce que l'auteur appelle le niement (quelque chose comme une négation positive, dialectique).
Le lien entre la pensé et la respiration, Valère Novarina le ressent très concrètement. Pour lui, il saute aux yeux, lorsque l'on regarde de près travailler les acteurs, la respiration animale préfigure la pensée, l'annonce.
Cette partie du livre revient donc sur une idée éparse, disséminée dans presque tout ce que l'auteur a écrit, mais elle l'exprime peut-être plus nettement, avec plus de force, et avec d'autres exemples. Exemples tirés de la pratique de l'écriture, mais aussi de la pratique de la peinture. Valère Novarina aime à se définir comme écrivain pratiquant. (Prati- quant écriture, peinture, mise en scène... ) La troisième partie s'intitule Désoubli. C'est un texte qui parle de la présence mystérieuse en nous de toutes les langues, la langue maternelle bien sûr, mais aussi d'autres langues, insolites, secrètes, apparemment mortes, vivant toujours au fond de nous... Valère Novarina tourne ici autour de l'idée que le langage est un fluide, une onde, une ondu- lation, un geste dans l'air, une eau...Chaque « parlant » porte en lui un peu de la mémoire de toutes les langues.
La quatrième et dernière partie du livre, Entrée perpétuelle est une métamorphose, un déguisement, une autre version, en tout cas un regard nouveau sur la mystérieuse machinerie organique du Vivier des noms (P.O.L 2015). C'est une réduction - ou plutôt un précipité du livre (au sens chimique) - une nouvelle entrée, sous sa forme active, agissante. Sa version nouvelle pour la scène.
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