"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Stefan Zweig Vingt-quatre heures de la vie d'une femme Scandale dans une pension de famille « comme il faut », sur la Côte d'Azur du début du siècle : Mme Henriette, la femme d'un des clients, s'est enfuie avec un jeune homme qui pourtant n'avait passé là qu'une journée...
Seul le narrateur tente de comprendre cette « créature sans moralité », avec l'aide inattendue d'une vieille dame anglaise très distinguée, qui lui expliquera quels feux mal éteints cette aventure a ranimés chez la fugitive.
Ce récit d'une passion foudroyante, bref et aigu comme les affectionnait l'auteur d'Amok et du Joueur d'échecs, est une de ses plus incontestables réussites.
L'action débute en 1904 dans une petite pension de la Riviera qui a été le théâtre le jour même d'un scandale. Une des hôtes, une femme mariée et mère de deux enfants s'est enfuie avec un des autres pensionnaires. Autour de la table, chacun commente cette surprenante nouvelle et beaucoup condamnent l'attitude de la fuyarde. Le narrateur se refuse quant à lui de juger car il considère que face à la passion, rien ne peut s'opposer. Des voix s'insurgent et seule l'intervention d'une dame britannique apaise les débats.
Les jours passent et la dame britannique semble chercher de plus en plus la compagnie du narrateur. Jusqu'à ce que, la veille de son départ, elle lui raconte les 24 heures déterminantes qu'elle a vécues plus de vingt ans auparavant.
Ainsi débute le récit de sa passion pour un jeune homme accro au jeu et prêt à tout sacrifier à cet amour dévorant.
Cette nouvelle fait partie de mes œuvres préférées de Stefan Zweig. Je l'avais découverte adolescente et j'avais été marquée par son intrigue. Aussi, j'ai eu beaucoup de plaisir à la relire pour une émission des Bibliomaniacs. Et ce qui est toujours fabuleux avec une relecture, c'est que les événements ou la manière de les conter prennent toujours une dimension un peu différente.
Cette fois-ci, j'ai été surtout frappée par la scène de la rencontre. Cette manière qu'a Zweig de décrire les mains comme si elles devenaient des personnages à part entière. Des mains qui fascinent, des mains qui attirent, des mains qui se font les narratrices des tourments intérieurs. Des mains qui semblent mener leur propre existence. Des mains surtout qui amènent notre héroïne à secourir cet homme qui a trop parié. S'ensuit alors toute une série de séquences à la fois poignantes et fracassantes.
Je suis restée toujours aussi bluffée par la manière qu'a cet auteur de montrer en quelques pages les mécanismes de la passion. Ici, elle revêt même un double visage: à l'amour passion de la dame répond la passion du jeu de l'amant. Chacun des deux protagonistes se retrouve enfermé dans sa propre souffrance émotionnelle et dans ses propres obsessions. Jusqu'à cet instant de basculement cruel et saisissant.
J'ai aimé que Zweig reprenne le même schéma narratif que pour Lettre d'une inconnue. A la confession épistolaire succède ici une confession orale où le narrateur se fait simple spectateur. En retrait, il écoute cette femme qui reconstruit pour lui son passé et qui l'analyse avec le recul de son présent. Comme si à la lumière de son expérience et de cette patine des 20 ans qui se sont écoulés depuis, elle comprenait mieux certains choix ou certains accords tacites. Ce qui ajoute une force supplémentaire à son histoire. Double regard qui explique et habille.
Bref, vous l'aurez compris : lire cet auteur, c'est toujours faire l'expérience du beau et de l'émouvant. Et je ne peux que vous conseiller ce titre si vous ne le connaissez pas encore.
La narratrice décrit un jeune français qui arrive dans un hôtel et qui loue une chambre donnant sur la mer. Un homme sociable et discret avec le sentiment d’être agréable aux autres par un visage souriant et charmant.
Il s’arrête auprès de tout le monde : enfant, célibataire, couple, notamment Mme Henriette avec qui il discute deux heures et qu’il revoit une heure au petit déjeuner.
A 23h, des appels inquiets du mari d’Henriette se font entendre. Puis, après un moment s’exclame : « ma femme m’a abandonné ».
Alors que vont bon train les rumeurs, la narratrice observe, tente de comprendre, défend Mme Henriette qui semble partie avec le français.
Mrs C…aussi observe et prend plaisir à voir la narratrice faire fi de la morale et des devoirs d’Henriette.
C’est ainsi que Mrs C…67 ans invite la narratrice dans sa chambre lui conter son histoire d’un passé éloigné de vingt-quatre ans avec un homme qui dura vingt-quatre heures pour lequel elle ne fut nullement amoureuse.
Stéfan Zweig écrit de très beaux sentiments sur un homme vu par une femme avec de grandes lignes sur les détails des mains dont une femme semble charmée et qui passe par toutes les phases. Puis viennent le détail du visage et les mouvements et les gestes qui font la force de l’homme.
Encore une description d’une passion par un observateur hors pair !
Stefan Zweig, à travers vingt quatre heures de la vie d’une femme nous raconte une histoire à la fois unique et universelle. Une femme respectable va connaître les joies et les affres d’une passion merveilleuse mais dévastatrice pour un homme lui-même en proie aux tourments du jeu. Tel un magicien, Stefan Zweig met à nu l’éveil d’une passion, la confusion des sentiments et les douleurs d’une réalité trop crue.
Le narrateur, homme bienveillant accueille les paroles de cette femme, sans jamais porter de jugements. Mrs C raconte son histoire et on suit avec le narrateur , ses hésitations de femme respectable, ses doutes, ses joies et ses regrets. On est frappé par la justesse du récit, par la justesse des sentiments, des émotions décrites. Les tréfonds de l’âme humaine, ceux que chacun cherche parfois avec plus ou moins de bonheur à percer sont ici dévoilés.
On est loin d’une morale qui nous enserre ou d’un manichéisme trop simpliste. Non, la passion peut toucher les êtres au hasard, n’être c’est vrai qu’éphémère mais résonner à tout jamais dans le cœur d’une femme amoureuse.
En 160 pages, Stefan Zweig, sait fort bien nous décrire l’âme féminine.
Sa main sait tracer l’indicible.
Les mains de Stefan Zweig ….
» On découvre tout d’une personne à ses mains, à la manière qu’elles ont d’attendre, de saisir et de s’arrêter : le cupide à ses mains griffues, le prodigue à ses mains souples, le calculateur à ses mains calmes, le désespéré à son poignet tremblant. »
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Encore une belle lecture d'une oeuvre de Stefan Zweig. Une écriture toujours lumineuse et cette capacité à exalter les émotions et les passions.
Une belle histoire aussi que cette folle passion soudaine d'une femme de quarante pour un jeune homme beaucoup plus jeune qu'elle lors d'une soirée au casino de Monte Carlo. Le livre aborde cette passion dévorante pour les jeux mais aussi les désirs les plus profonds de l'être humain, ceux capables de nous faire chavirer au point de nous inciter ou nous faire prendre des décisions incroyables, à chambouler parfois notre vie.
Une lecture comme toujours puissante et passionnante.
Une nouvelle construite sur un enchâssement de deux récits qui s'emboîtent comme des poupées russes. L'auteur enquête sur la passion amoureuse féminine : il fallait être Stefan Zweig pour relever le défi avec autant de talent. L'histoire est captivante, et la composition habile entraîne le lecteur dans une réflexion qui fait affleurer des réminiscences, de Phèdre et Hippolyte chez Racine au "Joueur d'échecs" du même Zweig ou au "Joueur" de Dostoievski ; de Roméo et Juliette chez Shakespeare à "Belle du Seigneur" d'Albert Cohen. Les pages qui décrivent les mains du joueur au casino sont d'un peintre délicat et très habile. Si le mystère de la générosité et du dévouement exceptionnel des femmes reste entier, l'éloge que fait le romancier de la féminité touche au but.
Pendant la période estivale, au début du XXeme siècle, alors qu'elle loge avec son époux et ses enfants dans une pension de famille, une femme bien sous tout rapport quitte sa famille pour le charme d'un jeune homme venu durant une seule journée.
Le narrateur de ce court récit, qui s'apparente à une nouvelle, prend parti pour cette femme au grand dam des autres clients qui la considère comme une femme aux mœurs légères.
Une cliente plus âgée (entre 60 et 70 ans), touchée par la sollicitude du narrateur à l'égard de cette femme et aussi car celle fait ressurgir un évènement de son passé, lui demande un entretien durant lequel elle lui contera 24h de sa vie.
Stefan Zweig est vraiment un maître dans l'art de décrire la palette de sentiments et d'expliquer en termes choisis la vie des femmes dans un monde régi par la morale, la rigueur, la bienséance et le qu'en dira-t-on.
Il y sera aussi question de l'addiction au jeu qui fait qu'un homme peut devenir tout autre pour assouvir une dangereuse passion.
Les romans de M. Zweig sont toujours de belles rencontres et là encore on ne lâche le livre qu'une fois le dernier mot lu.
1904, dans la région de Provence, une vieille dame anglaise se confie à un homme, de son milieu mondain, sur vingt-quatre heures de sa vie de femme adulte – plusieurs années auparavant -.
On peut y voir, sans difficulté, un parallèle avec Madame Bovary de Flaubert. Parfum de scandale pour cette femme qui succombe aux charmes d’un jeune homme une nuit, pour le sauver de sa passion dévorante : le jeu. Mais au fond, est-ce bien la raison première – elle se le cache dans un premier temps - mais plutôt l’attrait charnel dégagé par cet éphèbe, qui pourrait l’amener à un total abandon.
Sujet toujours d’actualité, dans nos sociétés actuelles. Et sans doute qui le sera toujours. D’une lecture agréable, un livre qui prête à réflexion pour chacun d’entre nous. La raison ou la passion ?
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