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Vingt poèmes d'amour et une chanson désespérée suivi par Les vers du capitaine forme le livre d'une célébration nouvelle : l'amour y est toujours surprise, risque, désir, submersion, insurrection perpétuelle. L'homme y est autre, la femme y est autre, l'un et l'autre non pas meilleurs, mais en alerte, sur le qui-vive et, par là, plus vivants. Les Vingt poèmes d'amour ont connu, dans tout l'univers hispanique, une extraordinaire fortune, plus d'un million d'exemplaires diffusés. Les vers du capitaine, qui semblent l'oeuvre d'un forban inspiré, ont d'abord été publiés anonymement - pour préserver le secret de la relation amoureuse, dira Neruda - avant, eux aussi, de chanter dans toutes les mémoires du Chili, d'Amérique et d'Espagne. Généreuse, sensuelle, éblouie, passionnée est la poésie de Pablo Neruda. Militante également, si l'on accorde à ce terme son poids de révolte, de fraternité, d'utopies partagées. La parole de Neruda, c'est d'abord un élan, une houle de mots qui font sens et font chant. Cela touche au coeur et au corps avant de monter à la tête. L'écriture ici, même quand elle se nourrit des tourments du monde, est une fête, un plaisir, une jouissance.
Vingt-huit années séparent la publication des "Vingt poèmes d'amour et une chanson désespérée" (1924, Neruda avait alors vingt ans) de celle de "Les Vers du capitaine" (1952). On y retrouve pourtant la même verve amoureuse, comme si les deux recueils avaient été rédigés dans la continuité !
Il y a quelques semaines, je relisais "Les Amours" de Ronsard. L'auteur y déclame ses flammes en vers classiques, notamment en sonnets. Pablo Neruda utilise une forme plus moderne, s'affranchissant des règles de la versification, mais sur le fond il y a beaucoup de similitudes. Les deux ont beaucoup aimé les femmes. Ils n'hésitent pas à déclarer leur amour sans pudeur, et n'en font guère preuve non plus pour les pleurer quand elles décident de les quitter.
Deux petits exemples :
"Ton souvenir émerge de la nuit où je suis.
Le fleuve noue sa lamentation obstinée à la mer.
Abandonné comme les quais dans l'aube.
C'est l'heure de partir, oh abandonné !"
(La chanson désespérée)
"Mais qu'as-tu ? Qu'avons-nous ?
Que nous arrive-t-il ?
Ah ! Notre amour est une corde dure
Qui nous amarre et qui nous blesse"
(Les Vers du capitaine / Les rages / L'amour)
On dit que Ronsard a révolutionné la poésie française, notamment en imposant cette langue plutôt que le latin. Neruda, par son art de faire chanter les mots, a lui aussi chamboulé les règles, contribuant à donner leurs lettres de noblesse à la poésie moderne.
À (re)lire avec amour...
Chronique illustrée : http://michelgiraud.fr/2021/07/09/vingt-poemes-damour-et-suivi-de-pablo-neruda-gallimard-chants-damour/
Ce livre est composé de trois parties.
La première, "Vingt poèmes d'amour", comporte les poèmes qu'a écrits Pablo Neruda alors qu'il avait une vingtaine d'année. Pas encore animé par la passion qu'il connaîtra par la suite, cette poésie est déjà toute en charme et douceur.
La seconde concerne cette période aussi, "une chanson désespérée" offre toutefois un regard plus sombre, le poète se sent abandonné, il se cherche, il souffre.
"Les Vers du capitaine" sont les poèmes de la passion. Pablo Neruda a longtemps caché ces poèmes, écrits pour l'amour de sa vie, Matilde, mais, par respect pour sa seconde épouse, Deloa, l'histoire dit qu'il hésitait à faire publier ces écrits, et il l'a fait de façon anonyme.
J'ai beaucoup aimé cette partie, où son aimée et le poète sont amenés à ne faire qu'un. Il la mêle à sa vie toute entière, à son jardin secret, à ses combats. Elle devient tout pour lui et il ne conçoit plus de vivre sans elle, crie sa rage et sa souffrance.
C'est une poésie ardente qui transporte et bouleverse, à mon avis encore plus intense que "La Centaine d'amour", autre recueil dédié à Matilde. L'histoire de ces vers qui auraient pu ne jamais paraître y ajoute une part de mystère.
Vingt poèmes publiés en 1920.
Je ne connaissais pas Pablo Neruda. On m’a prêté ce livre.
C’est difficile ou rare d’avoir un coup de foudre pour un poète. Et bien ce ne fut pas le cas.
Peut être le fait de la traduction y est-il pour quelque chose.
La page de gauche donnant la version originale, j’ai lu sans bien comprendre, mais ça me semblait plus mélodieux.
En tout cas, je n’ai pas vibré, pas ressenti d’émotions. Un tout petit intérêt pour « La chanson désespérée », qui suit ces vingt poèmes et précède une autre série de textes rassemblés sous le titre « Les vers du capitaine ».
A lire et a relire, surtout en espagnol !
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