Après "L'invention des corps" et "Le grand vertige", toujours en phase avec les vibrations du monde, Pierre Ducrozet change de focale pour raconter une famille dont l'astre vital est la musique, une famille où l'amour (et les malentendus) circulent dans toutes les tonalités. Où l'on retrouve son énergie, sa plasticité, sa vitesse au service d'une profondeur nouvelle dans une anti-saga affranchie des modèles, une histoire intime, sauvage et informelle de la musique au XXe siècle, un roman qui danse et qui sonne comme un concert et une tempête. Au plus près des personnages, dans l'exploration de ce qui les lie et les délie, "Variations de Paul" nous happe et nous bouleverse.
Variations des époques, variation des mélodies. L' Histoire d'une famille sur trois générations.
Le flot des mots de Pierre Ducrozet coule soyeusement ou cingle au gré des divers rythmes musicaux
Je découvre Pierre Ducrozet avec ce roman et quelle découverte !
J'aime beaucoup cette plume poétique, j'en ressors émerveillée par tant de beauté. Une écriture qui corespond tellement au sujet central du livre qui est la musique. C'est vraiment ce que je retiens de cette lecture.
Ce sur quoi j'ai moins accroché, c'est l'histoire en elle-même. Je ne me suis pas attachée aux personnages. Je me suis laissée balader d'Antoine à Paul, de Paul à Chiara sans réussir à trouver une attaché ou une attention.
Je suis très contente de ma lecture, j'ai bien l'intention de découvrir un peu olus l'univers de cet auteur.
Paul est mort-né. Miraculé.
De cette première fois, ce cœur qui s'arrête puis repart quand on n'y croit plus, il en gardera une urgence, un désir, une fantaisie, qui le conduiront au bout du monde.
Au bout de tous les mondes.
Paul est synesthésique.
Les sons, pour lui, produisent des couleurs.
La musique sera sa maîtresse, son fil rouge, sa mauvaise conscience. Son échappée belle.
Sa première variation, c'est son père.
Le petit garçon amoureux fou du piano, bercé à la musique classique. Foudroyé par la découverte du jazz.
Puis par une femme...
Comme inévitable.
A mille autres pareille, mais voilà, une valse, un tour de piste, et puis c'est toute la vie qui est bouleversée.
Les autres variations, ce sont ses enfants bien sûr.
Son fils, Léo, fragile, Léo si vide, petit bonhomme grandit trop vite, ça laisse comme bancal, et il est où papa. Il t'aime. Oui mais il est où papa.
Sa fille Chiara, sa plus belle variation. DJ. Elle accomplira leur destin finalement, la musique, la reconnaissance, en vivre, en vivre vite, faut que ça bouscule, que ça blesse. Sinon ce n'est pas la musique. Sinon ce n'est pas la vie.
Voilà un très très beau roman, pérégrinations magiques entre les acides années 70 jusqu'à l'underground berlinois. On traverse la vie perché sur une note de musique, ça sonne juste, mélodieux, rythmique parfaite, tout en nuances. On tourne les pages comme on bat la mesure. On accélère, on revient goûter l'harmonie d'une phrase, ou deux. Ou dix !
La meilleure façon de parler de musique et de faire de son principal protagoniste un musicien hors pair. C’est ainsi que Paul nait sous la plume de Pierre Ducrozet. Il a failli mourir à la naissance, puis encore plusieurs fois, mais Paul a la vie dure, une vie pleine de musiques, de couleurs, de variations. Car Paul, en plus d’avoir une ouïe exceptionnelle, est synesthète. Il associera donc toute sa vie des couleurs aux sons, il ressentira toujours vibrer en lui la musique.
L’auteur créée tout un monde autour de lui, des parents qui aiment la musique, la découverte des vinyles avec sa mère qui danse, puis celle du Rock’n’roll auprès d’amis à Paris, et du Jazz aux USA. Il nous emmène en voyage à travers l’Europe, les Etats Unis, au fil des courants musicaux du XXe siècle à nos jours. Ses deux enfants aussi baigneront dans cet univers, on passe le siècle avec 3 générations différentes mais unies dans un même tempo.
Ce roman virtuose est super bien documenté (lire en entier la playlist jointe en fin de volume) et nous enchante avec la vie de Paul, ses vibrations, ses variations, ses intermittences. Une belle écriture, fluide et légère comme des touches de piano, un roman à vivre, à écouter, à ressentir, ou les couleurs se mélangent à la musique populaire. J’ai beaucoup aimé cet univers si bien décrit de l’artiste, des artistes, et de leur vie si particulière, de leur rapport à leur famille.
A découvrir.
"Variations de Paul" de Pierre Ducrozet est un roman dense construit autour du thème de la musique. On suit les battements du cœur de Paul comme on entend les rythmes musicaux et à travers sa vie, celle de son père et de sa fille, c'est toute l'histoire de la musique qui est retracée. Ainsi, les mélomanes devraient adorer cette œuvre.
J'ai d'ailleurs trouvé le thème abordé intéressant et ai apprécié la bande son éclectique qui en accompagne la lecture.
J'ai parfois eu du mal à me situer dans la vie de Paul car le texte n'en suit pas la chronologie mais chaque pièce finit par trouver sa place dans la partition à la toute fin du roman.
Pour conclure, je recommande cet ouvrage car il permet de porter un regard "sonore" sur le destin d'une vie qui commence avant la naissance et qui se poursuit au-delà grâce à la transmission.
Après avoir axé « L’invention des corps » sur Internet , « Le grand vertige » sur la géographie , avec « Les variations de Paul » c’est la matière temporelle avec le cerveau de Paul qui est travaillée.
C’est aussi une histoire de famille, la famille réinventée de l’auteur et de sa passion pour la musique.
Avec ce livre, emprunt de poésie, où chaque mot tombe juste, nous traversons le XXème et le XXIème siècle au travers de trois générations de la Famille Maleval. Avec ces trois générations, l’auteur réécrit le siècle à l’envers au travers de sa musique et du bruit que fait le temps en passant. L’histoire de la musique populaire peut-être comparée à notre mythologie moderne avec ses héros, ses martyres, ses tourments, ses défaites. La musique dit tout de nous et dans ce roman, la musique dit tout de cette famille.
« Les variations de Paul » sont les partitions qu’il ne cesse de composer durant toute sa vie, toujours l’oreille et le crayon aux aguets. Il compose avec tous les sons qu’il entend afin de trouver le « son total », le « bruit du temps » « la texture sonore d’un pays ». Les « variations » correspondent aux virages, digressions, allers/retours de Paul dans sa quête. Ce sont aussi les variations de son cœur, à la fois son meilleur allié et son pire ennemi. Paul va « vivre » plusieurs morts dans ce livre, son cœur se gorge de sons , d’énergie jusqu’à en exploser. Il en ressort à chaque fois plus léger, plus aérien, plus jeune aussi. Tel un phénix, il renait de ses cendres et s’allège un peu plus à chaque fois. Il commence vieux et termine jeune.
Ses parents et ses enfants Chiara et Léo sont également des variations autour d’un même corps et d’un même thème. Tous, dans cette famille ont hérité de la même passion , de la même liberté de la musique qui sont des déclinaisons d’eux-mêmes.
Voici un roman qui explore un siècle de musique . Avec Paul qui parcourt le monde à l’écoute de sa musique se télescopent Flash Grandmaster l’un des pionniers du Hip-Hop, Jim Osterberg à ses débuts plus connu ensuite sous le nom d’Iggy Pop and the stooges, Thelonious Monk au moment où ce géni s’éteint et s’absente du monde des vivants et de la musique. Paul nous entraine à sa suite du Bronx à Harlem puis à Détroit, Cuba Rio de Janeiro, toujours à la l‘écoute de la « texture sonore » du lieu.
C’est aussi un roman qui s’interroge de façon tendre mais aussi inquiète sur l’impact de l’héritage génétique et de la transmission.
Je recommande ce roman qui est saturé de musique , on peut l’entendre en tendant l’oreille, mais si ce n’est pas le cas, l’auteur consacre les trois dernières pages à une playlist qui condense le meilleur de la musique contemporaine et populaire toutes catégories confondues.
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