"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Lausanne, hôtel Beau-Rivage, 1970. Une jeune femme, algérienne par sa mère, afro-américaine par son père, est missionnée par les Black Panthers pour approcher un « gros poisson » et obtenir de celui-ci de quoi alimenter les caisses du parti. Mais le « gros poisson » en question, Jean Seberg au sommet de sa gloire, de sa beauté et de ses fragilités, se révèle moins facile que prévu à amadouer. Elizabeth tombe sous le charme de l'actrice qui, l'espace d'une nuit, bouleverse son regard sur l'existence et les luttes pour lesquelles elle était prête à tout sacrifier.
Elle gardera de ces heures volées au monde le souvenir d'une amitié plus intense que l'amour et plus forte que la mort, souvenir ravivé cinquante ans plus tard, quand son petit-fils disparaîtra mystérieusement pour suivre à son tour la voie de la révolte.
J'ai découvert cette auteure avec son précédent roman « Je suis ici pour vaincre la nuit ».
C'est donc avec grand plaisir que je l'ai retrouvée ici. Si l'univers change complètement dans ce roman, Marie Charrel mêle à nouveau avec grand brio l'Histoire à l'histoire.
Elisabeth a des origines algériennes par sa mère et afro-américaine par son père. Si elle est aujourd'hui une vieille dame rangée, elle a toujours été engagée politiquement.
Elle vit à Paris et voit très régulièrement son petit-fils Alexandre avec qui elle a tissé des liens affectifs très forts. le jeune homme sait qu'il peut tout dire à sa grand-mère. Aussi quand quelques mois après les attentats du 13 novembre 2015, le jeune homme disparaît, Elisabeth ne comprend pas. Surtout que les éléments trouvés dans sa chambre laissent à penser qu'il aurait pu rejoindre la Syrie.
La vieille dame fera tout pour entrer en contact avec lui par email et se décidera à lui raconter, ce qu'elle a toujours tu à son propre fils : son engagement politique et activiste auprès des Black-Panthers et ce qu'a été sa vie pendant toutes ces années là.
Ce roman est passionnant car il confronte les points de vue des deux personnages principaux.
D'un côté, il y a Alexandre, jeune métis, sidéré par les attentats et qui prend tout à coup conscience de sa couleur de peau : » Désormais, les gens me considèrent comme un musulman potentiel et se méfient de moi. Dans le métro, dans la rue, les magasins, le regard des inconnus s'arrête sur moi un peu plus longtemps qu'il y a un mois. La différence est subtile mais elle est bien là et c'est insupportable. le regard des Parisiens traîne sur mon visage une demi-seconde de plus qu'avant le 7 janvier 2015 parce qu'ils me jaugent… (…) Ils étudient mes cheveux frisés mais pas crépus. Ils sondent mes origines : Antilles Françaises ? Passe encore. Maghreb ? Plus dangereux. »
De l'autre côté, Elisabeth s'est engagée très jeune dans la lutte et l'a payé très cher dans sa vie privée. Elle nous raconte comment le début de la guerre d'Algérie en 1954 l'a poussée à militer puis à faire partie des Black Panthers.
Tout le génie de l'auteure est de nous faire comprendre de façon très documentée et fouillée toute cette période, comment les événements se sont déroulés, leurs tenants et leurs aboutissants, sans jamais ennuyer son lecteur. Bien au contraire.
Elle aborde dans la dernière partie le sort actuel réservé aux réfugiés , la problématique de ceux partis faire la guerre aux côtés de Daech désireux de revenir en France.
Je ne me suis pas ennuyée une seule minute à la lecture de ce livre. Au contraire, j'ai eu le sentiment d'avoir compris beaucoup de choses. Ce roman est passionnant.
Suite à la disparition de son petit fils Alexandre 20 ans Elisabeth voit resurgir de sa mémoire les souvenirs de sa jeunesse atypique.
D'une brève rencontre avec Jean Seberg, entre les 2 femmes atteintes d'une souffrance maternelle commune nait une profonde et intense amitié qui influera sur son destin.
Alexandre traumatisé après les attentats de Paris suit aussi la voie de la révolte. Il laisse un mot « Ne vous inquiétez pas » puis plus de nouvelles.
Ce livre jongle entre fiction et faits historiques. L'amitié, le courage de la lutte et les forces de l'Histoire sont des points forts de ce récit. C'est aussi la vision d'une famille où la vie secrète de chacun est de règle de génération en génération.
Ce n’est pas la publicité faite de ce roman qui a guidé mon choix, et je le regrette ! Mes états d’âme n’ont pas leur place ici, mais je veux cependant lancer « mon petit coup de gueule ». En effet, je n’hésite pas à dénoncer la pauvre valeur de cert ains best-sellers hissés au sommet des prix littéraires grâce à la promotion. Je regrette profondément que Marie Charrel, ou Jean Seberg, ou les éditions Fleuve n’aient pas bénéficié de ces attentions.
Des rayons de la bibliothèque, je venais d’extraire « chien blanc » de Romain Gary. Il m’a semblé évident de poursuivre avec Jean Seberg… J’avais aussi le très bon souvenir du roman de la même auteure « Je suis ici pour vaincre la nuit ».
Elizabeth, métis, afro-américaine, juive algérienne, a été marquée au lendemain de l’indépendance algérienne par la manifestation de Charonne en 1962. Quelques années plus tard, engagée au sein des Black Panthers, elle est missionnée pour soutirer de l’argent à « un gros poisson ». En 1970, Elizabeth rencontre « l’ange blond » dans un luxueux hôtel de Lausanne. Leurs blessures et leurs luttes communes vont les lier d’une solide amitié, et révéler à Elizabeth une autre dimension de l’engagement. Elle racontera cette histoire à Alexandre, son petit-fils.
En 2015, les attentats de Paris sont à l’origine de manifestations en tout genre, prônant solidarité et tolérance, mais faisant resurgir dans le même temps, racisme, immigration et autres sujets intemporels. Alexandre a 17 ans, il fréquentait les terrasses de la Belle Equipe, le Bataclan, et tous les lieux visés par les terroristes, il est terrorisé. Aux Etats-Unis, des policiers tuent encore des hommes noirs.
Par des allers et retours à 45 années d’écart, Marie Charrel remet en scène « J » la belle actrice, inspiratrice d’Elizabeth maintenant sexagénaire qui, à son tour transmet son charisme à sa descendance. Finalement, révoltes passées et violences actuelles n’ont-elles pas toujours les mêmes origines, actionnées par la connerie humaine (pour rejoindre Romain Gary)?
Une nuit avec Jean Seberg est l’expression brillante de cet « éternel recommencement ». L’écriture soignée concilie un certain romantisme avec la brutalité de l’Histoire, l’expression des sentiments permet d’entrer dans les émotions des personnages, des notes de l’auteur ancrent les connaissances ou éveillent la curiosité… Ce roman a été un véritable coup de cœur.
Ce roman relate en alternance l’histoire d’Elisabeth dans les années 60-70 et celle de son petit-fils Alexandre aujourd’hui.
1962, Elisabeth, jeune métis afro-américaine, juive et algérienne, se trouve mêlée aux événements du métro Charonne où elle perd son premier petit-ami. Bouleversée, elle a du mal à s’en remettre et quitte Paris avec son père pour Londres puis pour les Etats-Unis. Là, elle s’engage aux côtés des Black Panters. En décembre 1970, Elisabeth se retrouve à Lausanne où elle rencontre l’actrice Jean Seberg. Elles vont se lier d’amitié au cours d’une nuit de confidences.
De nos jours, Alexandre marqué par les attentats de 2015 dans lequel des personnes qu’il connaissait ont trouvé la mort, découvre que sa couleur de peau renvoie à celles des terroristes, que les gens se méfient de lui. C’est alors qu’il disparait. Elisabeth va partir sur ses traces.
C’est un roman très complexe, difficile à résumer tant il est foisonnant de détails et extrêmement bien documenté. Pour autant, on n’est pas perdu un seul instant, c’est passionnant ! Les personnages sont touchants. J’ai beaucoup aimé le parallèle entre l’époque d’Elisabeth et celle d’Alexandre. On entend souvent que c’était mieux avant, ce roman remet les choses en place ! Et en plus, c’est vraiment très bien écrit !
Très beau livre alliant histoire et fiction
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