Ce premier roman, que Madeleine Vivan (1912-2020) publia en 1936, est celui d'une enfance et d'une adolescence en marche vers l'âge adulte à travers les années de formation. C'est d'abord la petite enfance d'Hélène et de sa grande soeur Grite durant la guerre de 1914 dans une «?maison sans homme?». Reflet de la narratrice, Hélène sera ensuite le personnage central de toute l'histoire, avec son tempérament inquiet, secret, mais bien trempé. Après un saut par-dessus l'école primaire, elle nous convie directement à la période du lycée, du «?bahut?», où un démarrage en douceur nous entraîne dans une succession de scènes de plus en plus vives et rapides jusqu'au temps de la Faculté et de l'entrée dans l'âge adulte. Il y a là une belle progression dans la description de l'évolution intellectuelle d'étudiants qui forment un groupe, avec tous ses questionnements, ses ruptures, ses redémarrages, ses contradictions, ses doutes et ses espérances, éternel recommencement de la vie estudiantine dans une période de l'entre-deux-guerres incertaine dès l'origine, inquiétante quant à l'avenir. Cela est mené tambour battant, dans une ambiance populaire et de contradictions sociales, mais avec tendresse, clarté et quelques belles pointes d'humour. On refermera ce livre sur une forte sensation de chaleur humaine et de fraternité vivante.
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