"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Comme sa mère, son grand-père et tous les hommes de la famille avant lui depuis sept générations, Nicolas est croque-mort et adore son métier. Il tient désormais les rênes de la florissante entreprise familiale. Pourtant, il s'apprête à prendre la décision la plus difficile de sa vie. En plus d'un héritage déjà bien lourd à porter, le voici à présent obsédé par des pulsions inavouables. Tandis qu'il emmène ses deux enfants en voyage, Nicolas tente de comprendre sa part d'ombre et retrace l'histoire de cette lignée d'excentriques au service des défunts. D'une île perdue au milieu de l'océan Pacifique au XIXe siècle, berceau de leur généalogie, à l'actuelle Copenhague, se dessine une incroyable saga familiale où les gènes décident de l'avenir de chacun. Car la question se pose : une dynastie qui vit des morts depuis des siècles peut-elle vraiment connaître une fin heureuse ?
Maren Uthaug réinvente la saga nordique, en l'épiçant d'humour noir et de provocation.
Dès les premières lignes on apprend que Nicolas, le narrateur, est issu d'une lignée de croque-morts et croque-mort lui-même, qu'il est envahi par des pulsions nécrophiles et qu'il en a honte. Et là, d'emblée, je me suis demandé si j'avais envie de me marrer, ou pas. Ou plutôt je me suis demandé si mes gloussements n'allaient pas être un tantinet démoniaques. Immédiatement ça sent l'humour noir à plein nez et j'adore ça.
Nicolas attaque par la description de ses ancêtres, puis sa mère, puis sa fille et son fils jumeaux, cette famille où visiblement tout le monde est un peu "spécial". Donc voilà qu'il nous raconte l'histoire de cette lignée de Christian, car ils se nomment tous ainsi de père en fils, jusqu'au jour où patatras, sa mère s'appelle autrement et lui aussi. Les filles s'appellent toutes Liliane, mais pas sa mère.
Il part donc du premier Christian au XIXe siècle, naufragé sur une île de Polynésie dont les habitants avaient trouvé une méthode particulière pour empêcher la surpopulation, et nous raconte la naissance de cette vocation à aider les morts à accepter leur sort, de Christian Christiansen en Christian Christiansen.
C'est bien louftingue, c'est drôle, c'est jouissif. C'est politiquement incorrect, totalement irrévérencieux et j'ai adoré, comme un tout petit qui va sortir des bordées d'injures alors que c'est interdit Hi Hi ! Car oui, on a affaire à une vraie famille de barjots ! Et malhonnêtes avec ça ! Mais ça rapporte et puis, si ça rassure les endeuillés... Et au fond ils ne sont pas vraiment malhonnêtes, puisqu'ils font du bien aux gens. Oups !
Les chapitres, qui commencent tous par un arbre généalogique, se suivent et nous parlent tour à tour de Christian I, puis Christian II, Puis III, puis IV, et Nicolas et sa mère indigne, et son père pas comme tout le monde, et on découvre la dynastie Christiansen et ses spécificités. Chaque Christian a une particularité, mais celle de Christian IV est vraiment très spéciale car paranormale, alors que Christian V, lui, est atteint d'un toc envahissant. Et que dire des Liliane ??? Pas très nettes non plus ! C'est comme si à chaque génération, les tares de la famille augmentaient d'un cran. J'ai quand-même eu un peu de mal parfois à m'y retrouver parmi tous les membres de cette famille qui, de génération en génération portent le même prénom. Ou presque.
Et puis les morts. Pas physiques, non ! Ceux qui nous entourent et que nous ne voyons pas. Ils en ont des choses à dire et à faire ! Par exemple regretter leur courte vie parfois, ou tenter d'entrer en contact avec nous, la plupart du temps en vain.
En passant on apprend des choses sur l'histoire de Copenhague, crasseuse et puante comme toutes les grandes villes autrefois, pleines de miasmes et qui empestaient la mort et amenaient des maladie, car les cadavres et les déjections polluaient tout, l'air qu'on respirait et l'eau qu'on buvait. Et les épidémies du XXe siècle, telles la grippe espagnole ou la polio. Puis plus tard la montée du nazisme avec ses idéologies nauséabondes, et la guerre, et l'après-guerre. On voit aussi à travers les décennies l'évolution du rapport à la mort.
Alors qu'autrefois on veillait les morts un certain temps, à présent on expédie et on cache ce moment difficile, comme si ne pas voir les morts faisaient disparaître la mort. Même le terme de mort fait peur aux gens. de nos jours on préfère dire "il est décédé", ou bien "elle est partie". Et l'incinération qui se répand.
Et les plats préparés, en boîte, en plein essor dans les années 60...
On assiste aux changements dans la société.
Voilà que j'ai terminé ce livre désopilant, mais aussi immoral souvent, voire amoral, avec des passages bien écœurants. Oui car la nécrophilie, c'est quand-même un sacré tabou, et heureusement ! Mais s'il n'y avait que ça de répugnant… Une vraie famille de dingues vous dis-je !!!
J'ai aimé ce roman réjouissant, bien que je l'aie trouvé très déroutant et parfois dérangeant. Je ne suis pas sûre qu'il puisse être mis entre toutes les mains, tant il évoque certains sujets vraiment prohibés, à juste titre.
Surréaliste récit d'une saga familiale où toutes les petites filles sont prénommées Liliane et les petits garçons Christian sauf... un Nicolas.
Ce roman est construit en chapitres qui donnent la parole à chacune des générations. Les six Christians partagent leur vie et leurs tracas du début du XIXeme à aujourd'hui. Nicolas qui porte le lourd héritage de cette famille de croque-mort, prend la parole entre chaque confession d'un Christian. Dès les premières pages, nous savons qu'il s'apprête à assumer une tâche difficile "parce que même si je suis convaincu que c'est la seule chose à faire, au fond de moi, j'ai le petit espoir qu'une fois confronté à la réalité, je me dégonflerai." Le suspens est total jusqu'à la fin.
Ce roman est d'un humour noir criant.
De la Polynésie au Danemark, les Christiansen s'occupent avec passion du repos des défunts. C'est irrévérencieux et génial.
Un roman détonnant, c'est le moins que l'on puisse dire. L'auteur Maren Uthaug ose, ne se formalise pas et tient un fil d'Ariane plutôt bien ficelé.
Au travers de douze chapitres, on plonge dans la chronologie de la famille « Christensen », fervente organisatrice depuis le 19ème siècle de pompe funèbre de père en fils. Au fil des ans, elle s'est fait une place de choix auprès des familles qui accusaient le décés d'un proche, que ce soit de mort naturelle, de maladie ou encore d'épidémie. Tous les Christians qu'on rencontre au cours du récit ont un trait de caractère bien particulier (et j'insiste sur ce «bien particulier»): très souvent loufoques parfois complètement dérangés. Et c'est ça qui est étonnant, on se prend à apprécier une lecture totalement contraire à la bienséance dès lors qu'on entre dans l'intimité des personnages.
Au départ pourtant, les premières lignes ne m'ont pas particulièrement happée, j'ai trouvé les premiers chapitres étranges, parfois provocants et pourtant, paradoxalement, plutôt entraînants. La plume de l'auteur détient une belle maîtrise, elle dose les dérapages de ses protagonistes comme il faut, n'hésitant pas à jouer sur les sentiments de ses lecteurs pour rendre son environnement sympathique malgré les circonstances (on parle tout de même de morts tout le long du récit et pourtant on retient davantage le côté cocasse du récit).
Au delà de cette histoire de création d'entreprise prospère, on découvre comment la mort était appréhendée en fonction des périodes de l'histoire, notamment comment se déroulaient les différents rituels et l'évolution des techniques mortuaires. Le rapport à la mort et les sentiments familiaux sont les points principaux de ce récit qui manie l'humour noir (très noir diront certains) avec naturel, souvent dans des situations poussées !
Le roman est découpé en plusieurs parties et toutes racontent l'histoire de vie des fils de la famille, sous le point de vue d'un narrateur nommé Nicolas, héritier de cette famille atypique, qui nous indique rentranscrire ce que son grand-père lui a autrefois narré. J'ai beaucoup apprécié l'arbre généalogique à chaque début de partie qui nous permet de remettre les pions là où il faut dans la chronologie.
Le titre « Une fin heureuse » est un belle figure de style, cohérent avec le contenu et sa couverture, et surtout avec le final qui m'a à moitié surprise. Je pensais que l'action y serait plus sombre mais on reste sur quelque chose de fin et on en ressort en se disant ouf!
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