"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« J'ai toujours envie de te gifler... Continue à écrire et on va continuer à faire l'amour puisqu'il n'y a que ça qui marche entre nous. Tu vas signer la paperasse de mon père... Je vais avoir une autre vie, Jean, mais, dans cette autre vie il y aura un tiroir secret, et dans ce tiroir il y aura toi. Et si un jour tu as quelque chose à me proposer, dis le-moi. Ne regarde pas mes larmes, elles ne veulent pas dire grand chose, écris, mon Jean, surtout n'arrête pas, j'aime que tu écrives... Je m'offrirai certaines de tes phrases, même si elles ne sont pas pour moi. Je suis jalouse de cette guerre qui te garde pour elle, qui te fait marcher seul je ne sais où... sans moi... sans ta femme... Je pense que je suis la seule veuve de guerre dont le mari est vivant et devant ses yeux. » Du grand massacre de 14-18, Jean Fournier revient indemne physiquement mais broyé de l'intérieur. Démobilisé, il fait tout ce qu'il peut pour y croire, croire qu'un avenir est encore possible après cinq années à voir et entendre ce que des yeux et des oreilles de vingt ans ne devraient pas avoir à saisir. Il retrouve son emploi discret dans une banque et le destin lui fait grimper les échelons par la grâce d'un amour fol : celui d'Alice. Mais Alice, malgré ses efforts, le voit rêver de hauteurs qu'elle ne connaît pas, celles des cimes où un berger lui a, un jour, offert un autre regard sur les hommes et sur la vie.
Retrouvez toute la Rentrée Littéraire Robert Laffont ici : http://rentreelitteraire.robertlaffont.com/
Certains lecteurs retiendront la filiation, que revendique Philippe Torreton, avec la poésie de la nouvelle de Jean Giono « l'homme qui plantait des arbres », pour d'autres ce roman est une histoire d'amour, une passion improbable entre deux êtres que tout oppose. Pour ma part, j'ai été très sensible à la qualité de la plume de Philippe Torreton qui m'a rappelé deux auteurs, l'un contemporain, Pierre Lemaitre et son inoubliable « Au revoir là-haut », l'autre le grand Emile Zola, la même écriture vivante, réaliste avec des descriptions précises qui font mouche à chaque fois.
Beaucoup de romans ont été consacrés aux ravages physiques et psychologiques de la Grande Guerre sur les soldats survivants, mais c'est vraiment la première fois que j'entends parler de la guerre comme ça, Philippe Torreton m'a totalement subjugué avec le portrait de Jean Fournier, cinq ans de guerre, deux bras et deux jambes valides, une tête avenante épargnée par l'obus et la baïonnette, Jean est un miracle, mais cette guerre dont il est revenu physiquement intact, va le vandaliser en une longue et violente destruction de chaque jour. Une guerre qui s'invite en permanence dans sa tête, son avenir s'est fracassé à Verdun. Il est revenu de parmi les morts et là est son erreur. Même son épouse pense qu'elle est la seule veuve de guerre dont le mari est vivant. Un homme dont l'unique planche de salut est d'écrire, pour les morts, pour ses morts.
Un portrait ineffaçable, espérons que les jurys des prix littéraires ne passeront pas à côté de ce grand roman.
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !