"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Braquer une banque à Belfast le jour d'Halloween déguisés en loups semblait être une bonne idée. Se rendre compte que le coffre avait été vidé avant leur arrivée, un peu moins. Mais voler une mallette à un client de la banque qui leur avait gentiment suggéré d'aller se faire voir, c'était signer leur arrêt de mort.
À Belfast, on sait qu'il faut être fou pour ne pas perdre la tête, et qu'il ne faut pas s'attaquer à ceux qui ont «l'Alzheimer irlandais» : ceux qui oublient tout sauf la vengeance.
Une course-poursuite en enfer entre braqueurs, ex-taulards, ?ics pourris, petites frappes, tueurs à gages et... la redoutable Fraternité pour la liberté irlandaise !
Des règlements de comptes, du suspense, de la violence et un humour très noir.
Lire Sam Millar est une expérience littéraire dont on ne se remet qu'en relisant du Sam Millar. C'est noir, parfois violent. Il y a des tueurs, des voyous et des flics qui parfois jouent dans les deux camps -autant les voyous que le flics- et l'Irlande et Belfast dans laquelle les tensions entre catholiques et protestants persistent ainsi que les revendications pour une Irlande unie et libre. Il y a là aussi des braqueurs maladroits et mal informés, des collectionneurs de comics. Y'a du style, des réparties vachardes, des trucs de mecs sévèrement burnés pour reprendre une expression guignolesque, du vocabulaire de la rue, notamment dans les dialogues, de l'humour noir, ce polar est un monochrome. Les images ou métaphores ou tout autre figure de style sont un régal : "Vous voulez que je vous apporte un café, monsieur ? dit Kerr, en surgissant de nulle part, souriant comme un curé dans un camp de nudistes pour boy-scouts." (p.35)
Sam Millar est Irlandais, a été activiste au sein de l'IRA et a fait de la prison pour cela, a commis un hold-up spectaculaire aux États-Unis et a été emprisonné, et depuis, rentré en Irlande, il écrit. Et franchement, lorsqu'on le lit, on se dit qu'il a bien fait de se mettre à l'écriture. En plus, il est -superbement- traduit par Patrick Raynal, qui s'y connaît lui aussi en polars bien déjantés, le tout donnant une petite merveille de roman noir.
Je ne résiste jamais à la tentation de lire un polar irlandais et qui plus est lorsqu’il se déroule en Irlande du nord, en plein centre ville de Belfast. Un scénario comme celui-ci il n’y avait que Sam Millar pour nous le livrer pieds et poings liées. Un coup de cœur pour cet irish polar qui débute comme une farce, un braquage dans une banque le soir d’halloween qui tourne mal, pas comme on peut l’imaginer non. Juste braquer une banque « vide » même si on porte des déguisements de loups, c’est ballot. Les trois cambrioleurs pensent partir bredouille et pourtant l’un d’entre eux leur réserve une surprise. Il a dérobé la mallette d’un client après l’avoir assommé, celle-ci contient beaucoup d’argent mais voler un membre de la Fraternité républicaine c’est déjà signer son arrêt de mort, les coupables l’apprendront à leur dépend. Le regard de l’auteur sur toutes ces destinées tragiques est celui d’un homme au parcours édifiant, il sait parfaitement de quoi il parle et les détails ont toute leur importance. La Fraternité républicaine est en pleine « restructuration » et mandate un tueur au profile sombre et violent. Le policier chargé de l’enquête est à un mois de la retraite, navigue à vue alors que les cadavres commencent à pleuvoir horriblement torturés. Le style de l’auteur est brut avec des touches d’humour bienvenues qui ne nous épargnent pas les détails sur les ennuis de santé de notre enquêteur. La masculinité des personnages est exacerbée, chaque page baignant dans la testostérone. J’ai aimé toutes les références en entête de chapitre certaines connues et d’autres à découvrir. Une intrigue forte qui n’en finit pas de faire tomber les hommes comme des dominos. Comme souvent il faudra attendre la fin pour comprendre vraiment de quoi il retourne entre règlement de compte, corruption et recherche de la vérité. Bonne lecture.
http://latelierdelitote.canalblog.com/archives/2021/10/20/39151460.html
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